Swaziland : Les travailleurs du sucre paient le prix de la cupidité du Roi Mswati

Des milliers de travailleurs de l’industrie du sucre du Swaziland, qui exporte des centaines de milliers de tonnes de sucre vers l’Europe et le reste de l’Afrique et est contrôlée par le monarque swazi Mswati III, sont soumis à des conditions de travail ardues et malsaines, des salaires de misère et une répression violente de toute tentative de syndicalisation, selon un nouveau rapport de la CSI intitulé King Mswati’s Gold paru aujourd’hui.

rapport présente des preuves accablantes d’expulsions forcées de communautés rurales pour l’aménagement de plantations de canne à sucre, de morts et de maladies causées par l’exposition des paysans aux herbicides, de travail des enfants, de licenciements abusifs et de harcèlement de représentants syndicaux et de semaines de travail de jusqu’à 60 heures sans heures supplémentaires. Toujours d’après le même rapport, les femmes qui tombent enceinte sont renvoyées et finissent fréquemment dans une misère noire.

Le règne autocratique du Roi Mswati vaut à ce petit royaume d’Afrique australe l’une des pires réputations à niveau mondial en termes de répression des droits des travailleurs, alors que le roi et son entourage continuent d’amasser une fortune croissante dans un des pays les plus pauvres du monde. La fortune personnelle du roi est estimée à près de 200 millions USD ; les travailleurs de la canne à sucre touchent, eux, à peine 5,30 USD par jour.

Alors que beaucoup de producteurs de canne à sucre sont certifiés sous le label « Fairtrade » (Commerce équitable), l’enquête de la CSI menée avec le concours de chercheurs locaux a relevé une série de violations graves des normes Fairtrade relatives à l’Organisation des petits producteurs, ainsi que des failles au niveau des normes elles-mêmes et des systèmes d’inspection privés qui sont censés garantir la conformité. La CSI est en discussion avec Fairtrade pour savoir quels sont les changements que celle-ci devrait apporter à son système d’approvisionnement afin d’assurer que ce commerce est effectivement équitable.

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI a déclaré : « L’élite autocratique au pouvoir au Swaziland est en train de dépouiller son propre peuple, en ayant recours aux lois contre la sédition, la subversion et le terrorisme pour réprimer les travailleurs. Entre temps le roi Mswati lui-même contrôle le secteur sucrier d’une main de fer, pas pour le bien du peuple mais seulement pour accroître sa fortune personnelle. Si un tel exemple de cupidité flagrante souligne bien une chose c’est que rien ne peut remplacer l’État de droit international au sein des chaînes d’approvisionnement et qu’une pression politique et économique est requise de la part de l’Union européenne et des partenaires commerciaux africains du Swaziland pour assurer que le pays tout entier puisse tirer profit des revenus du secteur sucrier. »