La CSI condamne l’attentat en Somalie

La CSI a condamné l’attentat au camion piégé dans la capitale de la Somalie, Mogadiscio, le dimanche 15 octobre, qui a fait plus de 300 morts et plusieurs centaines de blessés. Bien qu’il n’ait pas été officiellement revendiqué, l’attentat a selon toute vraisemblance été perpétré par le groupe terroriste Al-Chabab. Le camion bombe a franchi un checkpoint à proximité du ministère des Affaires étrangères, à Mogadiscio, et a été détoné près d’un camion-citerne, augmentant l’impact de l’explosion.

La secrétaire générale de la CSI, Sharan Burrow, a déclaré : « Nous transmettons nos profondes condoléances aux personnes qui ont perdu des êtres chers ou qui ont été blessées dans ce carnage et demandons instamment que les auteurs de cette atrocité soient traduits en justice. »

L’attentat de ce dimanche est de loin la pire attaque à avoir été perpétrée par Al-Chabab cette année. Malgré certains progrès dans la suppression des voies de financement du groupe terroriste, celui-ci parvient toujours à se financer grâce au racket et aux transferts de fonds depuis l’étranger. La corruption et la pauvreté endémiques constituent des facteurs déterminants pour la capacité d’Al-Chabab à recruter des combattants et siphonner des fonds depuis les rackets de protection. Un quart de la population de la Somalie, estimée à 14 millions d’habitants, dépend de l’aide alimentaire, alors que le pays est classé parmi les plus corrompus au monde.

La dette extérieure somalienne, qui trouve son origine dans les prêts contractés il y a plusieurs décennies par la dictature de Said Barre, est une contrainte majeure pour l’économie nationale. Le pays devra attendre au moins deux ans de plus avant de pouvoir bénéficier de l’allègement requis de son niveau de dette, cependant que le FMI et la Banque mondiale maintiennent que des critères supplémentaires devront préalablement être réunis par le gouvernement.

« Comme dans beaucoup d’autres endroits, le chômage et la pauvreté fournissent un terreau fertile pour les recruteurs de terroristes, et la Somalie n’échappera pas à cette règle tant que son économie restera dans un tel désarroi. Le FMI et la Banque mondiale se doivent de renoncer aux mesures palliatives et libérer le pays du joug de la dette », a indiqué madame Burrow.

Situés à quelques centaines de mètres du lieu de l’attentat, les bureaux de la fédération syndicale somalienne FESTU, affiliée à la CSI, ont été gravement endommagés. La CSI se maintient en contact avec la FESTU et la CSI-Afrique pour estimer les besoins immédiats.

La FESTU a publié le communiqué suivant suite à l’attaque :

« La Fédération des syndicats somaliens (FESTU) est profondément choquée par le massacre atroce de personnes innocentes dans une explosion massive provoquée par un camion chargé d’explosifs et de mines, hier après-midi, samedi 14 octobre 2017, au carrefour du KM5, au sud de Mogadiscio – une des zones les plus populeuses de la capitale. Il s’agit de la bombe la plus puissante à jamais avoir frappé Mogadiscio.

Nous nous sommes rendus sur place au carrefour KM5, de même que dans les deux principaux hôpitaux, Madina Hospital et Digfeer Hospital. Nous avons été informés par les équipes médicales que les corps de 230 personnes tuées dans cet épouvantable attentat ont été transportés dans ces deux hôpitaux – vu la gravité des brûlures, les cadavres de 130 victimes attendent toujours d’être identifiés par leurs familles et proches. Malheureusement, il y a fort à craindre que le bilan ne s’alourdisse.

Plus de 250 personnes ont été blessées dans l’explosion. Les grands brûlés, dont un certain nombre au pronostic vital engagé, seront évacués par pont aérien vers Istanbul, en Turquie, pour y recevoir les traitements urgents et appropriés. La compagnie aérienne turque Turkish Airlines affrètera cinq appareils demain pour le transport des blessés. Les blessées seront exemptés des formalités de visa de la part de la Turquie.

La majorité des victimes du massacre et des blessés étaient des travailleurs. Parmi eux, de nombreux employés des secteurs de l’hôtellerie et du pétrole, attendu que plusieurs compagnies pétrolières sont basées dans le quartier du KM5. Les victimes incluent aussi des travailleurs de l’économie informelle, des marchands de légumes frais, de lait, de Khat, de fournitures de bureau et de produits électroniques. Parmi les morts, on dénombre aussi des travailleurs du transport, dont des chauffeurs et des receveurs. Toutes ces victimes étaient la principale source de revenu pour leurs familles qui dépendaient d’elles pour leur subsistance.

Le siège de la FESTU est situé à 400 mètres du lieu de l’attentat. La secousse a ébranlé tout l’immeuble, les vitres et les miroirs ont été brisés et l’électricité et l’internet ont été coupés. Les dirigeants de la FESTU ont aujourd’hui fait des dons de sang pour les victimes. Nous avons appelé nos membres à donner du sang pour leurs confrères et consœurs qui ont d’urgence besoin de transfusions.

Nous exprimons notre plus vive sympathie aux familles endeuillées et prions pour l’âme des disparus. Nous transmettons nos plus profondes condoléances aux travailleuses et travailleurs qui ont perdu des êtres chers, de même qu’à tout le peuple somalien qui tente de surmonter cette tragédie innommable.

Il est particulièrement tragique que la plupart des victimes étaient des travailleurs et des jeunes, dont la vie a été cruellement écourtée par ces assassins sans merci. Il ne peut jamais y avoir de justification concevable pour le meurtre de gens innocents.

Hier soir, le président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed a décrété trois jours de deuil national et le drapeau somalien est en berne. »