Coopération syndicale contre le changement climatique

Le changement climatique constitue aujourd’hui l’un des plus grands défis que doit relever le syndicalisme international. La CFDT, en pointe sur le sujet, en fait un thème de sa coopération syndicale avec les pays les plus défavorisés.

Ces dernières années, la prise de position du mouvement syndical international concernant le changement climatique a été ambitieuse et réaliste, ce qui lui a permis d’influencer le débat. L’action syndicale a offert la possibilité d’inclure une référence à une nécessaire « transition juste » dans le texte des négociateurs de la CCNUCC ( Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques ) lors du sommet de Copenhague, en décembre 2009. À l’époque, Marcel Grignard, secrétaire général adjoint de la CFDT, insistait sur le fait que « les objectifs que porte la CFDT, avec le syndicalisme européen et mondial, pour lutter contre les dérèglements climatiques visent à la mise en œuvre de transitions justes. C’est-à-dire, d’une part, aider le plus efficacement possible les pays les moins développés, qui risquent de payer le plus lourd tribut aux dérèglements climatiques, par des soutiens financiers et des transferts de technologie ; d’autre part, anticiper les mutations professionnelles dans les pays développés afin de maintenir le niveau d’emploi ».

Taxe sur les transactions financières.

Un an et demi après, un nouveau pas a été franchi, lors du round de négociations de Bonn, en juin dernier : la CSI et ses partenaires de la société civile ont demandé une taxe sur les transactions financières afin de créer des emplois et soutenir la résilience climatique.

C’est dans ce cadre que la CSI et la CFDT, via l’Institut Belleville, ont monté un projet pour renforcer l’appropriation et accompagner vers la transition juste ( lire l’encadré ci-contre ) les syndicats des pays vulnérables au changement climatique. En devenant acteurs de l’adaptation au changement climatique, les syndicats contribueraient à la diminution du nombre de personnes vulnérables aux crises climatiques, alimentaires, financières… Il s’agit de développer une vision fondée sur les besoins, les connaissances et les expériences des syndicats.

MARTINE ROY « Évoluer vers un modèle économique différent »

Lora Verheecke, assistante politique sur les questions environnementales et de santé au travail à la CSI, revient sur la “ transition juste ” et la coopération entre la CSI et l’Institut Belleville.

Comment la CSI aborde-t-elle la question du changement climatique ?

Le changement climatique n’est pas un phénomène isolé. Pour la CSI, c’est le résultat d’un modèle économique injuste, incapable de fournir un travail décent et une vie décente à des milliers de personnes. La solution : une “ transition juste ” vers un modèle économique différent.

Qu’est-ce que la transition juste ?

C’est l’assurance que les décisions politiques de réduction des émissions de GES ( gaz à effet de serre ) et l’adaptation aux conséquences du changement climatique se prendront avec les travailleurs, contribuant ainsi à la création d’emplois verts et de qualité, et à l’éradication de la pauvreté. Le cadre de la transition juste comporte cinq volets : les investissements, l’éducation, le dialogue social et la démocratie, la protection sociale et l’information. La première injustice du changement climatique, c’est qu’il est subi par ceux qui ne l’ont pas provoqué. C’est pourquoi nous nous sommes tournés vers les pays les moins avancés.

Quels syndicats sont impliqués dans le projet ?

Nous collaborons étroitement avec le Sierra Leone Labour Congress. Dans le cadre des négociations sur le climat à Bonn, nous avons présenté, le 10 juin, notre projet avec la participation de deux syndicalistes de Sierra Leone. De plus, nous organisons un débat interne national à Freetown les 11 et 12 juillet, en deux temps : une partie de formation sur le changement climatique, puis un débat sur la transition juste dans les pays les plus vulnérables, afin d’être le plus proche possible des préoccupations syndicales dans ces pays.

Les travaux sont en cours, et nous espérons pouvoir organiser d’autres débats nationaux pour que la transition juste devienne une réalité. Je souhaite remercier la CFDT ainsi que l’Institut Belleville, sans qui ce projet n’aurait pas vu le jour.

PROPOS RECUEILLIS PAR MARTINE ROY

L’implication de l’Institut Belleville dans le projet transition juste
L’Institut Belleville apporte son soutien financier, opérationnel et politique, sur trois plans :

• recherche et identification d’acteurs ;

• organisation d’un débat national autour des résultats de la recherche ;

• organisation d’un side event ( événement annexe ) à une conférence sur le changement climatique.

Outre le suivi des actions tout au long du projet, l’Institut Belleville est intervenu comme organisateur principal dans la dernière phase du projet, au travers de l’organisation de la conférence de Bonn dédiée à un échange d’expériences entre les participants du projet.

À la suite du travail effectué en Sierra Leone, une plaquette sera éditée, visant à identifier les apports de ce projet afin de permettre le prolongement de cet engagement vers d’autres pays vulnérables.