Le rapport sur la responsabilité sociale de Deutsche Telekom occulte ses pratiques antisyndicales aux États-Unis

Le rapport annuel sur la responsabilité sociale des entreprises de Deutsche Telekom, publié hier, masque la vérité concernant la campagne antisyndicale agressive lancée par l’entreprise dans sa filiale T-Mobile USA, minant ainsi sa revendication de rôle de chef de file en matière de responsabilité sociale. Le rapport mentionne l’engagement de Deutsche Telekom envers les normes de l’OIT, de l’OCDE et du Pacte mondial des Nations unies (Global Compact) mais exclut toute référence aux problèmes auxquels est confrontée son importante main-d’œuvre aux États-Unis à qui l’entreprise essaie d’interdire l’affiliation syndicale.

« L’Allemagne a parlé d’une voix puissante en faveur des normes de l’OIT au G-20 et à d’autres réunions, mais dans ce cas-ci l’entreprise dont le gouvernement allemand est le principal actionnaire bafoue activement et délibérément ces droits dans ses opérations à l’étranger », a affirmé la secrétaire générale de la CSI, Sharan Burrow.

La direction de T-Mobile USA, soutenue par la société mère allemande, a engagé des juristes spécialisés en matière de pratiques antisyndicales afin de bloquer toute tentative des employés d’obtenir une représentation par le syndicat Communications Workers of America. Le site web de l’une des firmes de juristes assure ouvertement la publicité des « stratégies antisyndicales » comme l’une de ses spécialités, mentionnant T-Mobile comme un « client qu’elle représente régulièrement ».

L’entreprise a lancé une série de manœuvres juridiques visant à retarder et à entraver les processus électoraux au National Labour Relations Board (Conseil national des relations du travail) des Etats-Unis, plutôt que d’accepter simplement le souhait des travailleurs/euses d’être représentés par un syndicat, comme l’autorise la loi américaine. En outre, des groupes de travailleurs/euses ont dû assister, en tant que « public captif », à des réunions organisées par la direction, dans le Connecticut et à New York récemment, afin de les convaincre de changer leur décision d’adhérer à un syndicat. Les efforts déployés par le CWA pour s’assurer que la direction de T-Mobile renonce à sa campagne antisyndicale n’ont pas porté de fruits jusqu’à présent, ni non plus les discussions avec la société mère allemande.

« J’étais aux côtés des travailleurs/euses de T-Mobile USA à Long Island lorsqu’ils ont signé leurs cartes de membres syndicaux », a affirmé le secrétaire général d’UNI, Philip Jennings. « Si ces travailleurs/euses étaient en Allemagne, ils seraient automatiquement devenus membres du syndicat, mais la direction de T-Mobile USA a lancé une campagne d’intimidation féroce pour que le syndicat ne soit pas présent sur le lieu de travail et pour faire peur aux travailleurs/euses afin d’éviter qu’ils ne luttent pour leurs droits ».

La représentation syndicale aux États-Unis n’est établie que lorsqu’une majorité de travailleurs/euses sur un lieu de travail particulier indiquent qu’ils la souhaitent. Les entreprises peuvent dès lors reconnaître volontairement le syndicat, ou insister sur l’organisation d’un vote secret contrôlé par le National Labour Relations Board. Ce Conseil a récemment annoncé des plans visant à simplifier les procédures, afin d’éviter précisément le type de tactiques auxquelles recourt T-Mobile.

« T-Mobile recourt à des manœuvres juridiques pour retarder un vote de reconnaissance syndicale afin de veiller à ce que les experts antisyndicaux disposent de suffisamment de temps pour faire peur aux travailleurs/euses pour qu’ils ne participent pas au syndicat. Deutsche Telekom affiche un bilant décent en matière de droits syndicaux en Allemagne, mais a choisi de soutenir la violation manifeste des normes internationales relatives à la liberté syndicale par sa filiale aux États-Unis. Nous attendons davantage de la part d’un protagoniste mondial si important », a affirmé Sharan Burrow.

UNI, la fédération syndicale internationale des travailleurs/euses dans le secteur des services privés, et la CSI se sont jointes au CWA, au syndicat allemand ver.di ainsi qu’à d’autres syndicats dans le monde entier qui représentent les travailleurs/euses de T-Mobile afin de garantir que la société mère Deutsche Telekom respecte les droits des travailleurs/euses dans tous les pays où elle opère.

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