RDC : La CSI outrée par les viols de masse dans l’est du pays

Une mission conjointe de l’ONU a confirmé le viol d’au moins 154 jeunes filles et femmes civiles près du village de Luvungi, au Nord Kivu. Toutefois, d’après les coopérants locaux, le bilan pourrait s’élever à 220 victimes. Les viols collectifs se sont poursuivis quatre jours durant, du 30 juillet au 3 août, et auraient été perpétrés par des milices Mai-Mai et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), combattants du groupe ethnique hutu liés au génocide rwandais de 1994. La mission de maintien de la paix des Nations unies présente dans la région n’a découvert les crimes que dix jours plus tard, le 12 août.

La CSI est outrée par la cruauté et l’ampleur de ces crimes. Depuis plus de dix ans, le viol et la violence sexuelle ont été systématiquement utilisés dans la région en tant qu’arme de guerre pour répandre la terreur et l’épuration ethnique. La CSI déplore qu’en dépit de missions et de rapports de haut niveau successifs, les actes de violence extrême contre les femmes n’ont fait qu’augmenter au fil des années. En 2009, le FNUAP (Fonds des Nations unies pour la population) a signalé plus de 9.000 cas de viol uniquement dans les provinces du Nord et du Sud Kivu. De nombreux autres cas seraient restés dans l’ombre.

« La violence subie par les femmes dans l’est du Congo ne peut plus être tolérée. Le monde entier doit réagir et demander qu’il y soit mis un terme », a déclaré la secrétaire générale de la CSI, Sharan Burrow, première femme à occuper ce poste. L’une des principales causes du conflit armé dans la région est la lutte pour la maîtrise des richesses provenant des ressources naturelles, qui servent, à leur tour, à financer la guerre et à fomenter la violence sexuelle à un niveau sans précédent.

L’échec de la MONUSCO, la mission de maintien de paix de l’ONU en RDC, à prévenir ces crimes et le fait qu’elle vient seulement de les découvrir remet sérieusement en question sa capacité à remplir son mandat dans les conditions actuelles. À ce propos, la CSI est particulièrement préoccupée par le retrait récent de plus de 1.500 casques bleus du contingent de la MONUC quand les autorités congolaises ne semblaient plus être à même de protéger la population civile et d’assurer la sécurité dans la région.

La CSI salue la position du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a appelé à ce qu’une enquête soit menée d’urgence sur les attaques et des poursuites engagées contre les auteurs des crimes. Cela ne suffira, toutefois, pas à prévenir d’autres crimes. La CSI appelle la communauté internationale et le gouvernement du Congo à intensifier leur action en vue d’une solution à long terme et viable au conflit.

« Il y a un besoin urgent de consolider la paix dans l’est de la RD du Congo. Cela ne sera possible que si l’on s’attaque au conflit sous tous ses aspects, y compris l’exploitation illégale de ressources naturelles, les nombreuses déficiences au plan de la gouvernance, la pauvreté endémique et le manque de débouchés en matière de travail décent pour les hommes et les femmes », a conclu Sharan Burrow.