Swaziland : Un syndicaliste mort en garde à vue

La CSI s’est jointe à la CSI-Afrique et à ses affiliées pour condamner avec véhémence la mort suspecte en garde à vue de Sipho Jele, membre du Swaziland Agriculture and Plantation Workers’ Union (SAPWU) et du People’s United Democratic Movement (PUDEMO), principal parti d’opposition du pays, qui a été interdit et fait l’objet de poursuites incessantes au titre de la tristement célèbre loi sur la suppression du terrorisme du gouvernement. Le Swaziland vit sous état d’urgence depuis 1973.

Les festivités du Premier mai organisées au terrain de sport Salesian, à Manzini, ont été brutalement interrompues par la police, qui cherchait par tous les moyens à expulser les invités qui, selon elle, n’étaient pas des travailleurs. La police a perturbé les festivités pacifiques du Premier mai et a malmené et écroué plusieurs dirigeants syndicaux, dont Simangele Mmema, membre du Comité exécutif national de l’Association nationale des enseignants du Swaziland (SNAT). Elle a également confisqué du matériel photographique et effacé des photos. Les policiers étaient à l’affût de toute personne portant un t-shirt PUDEMO et a même arrêté un jeune militant parce qu’il portait un t-shirt de la centrale syndicale sud-africaine COSATU et une casquette de l’ANC (African National Congress), qu’ils ont confisqués. Les syndicats ont dénoncé publiquement cet acte de harcèlement flagrant et l’interruption de leurs festivités du Premier mai.

C’est dans ces circonstances que la police a procédé à l’arrestation de Sipho Stephen Jele, au motif qu’il portait un t-shirt à l’enseigne de PUDEMO. Après l’avoir arrêté, des policiers l’ont conduit à son domicile où, d’après sa tante, ils ont fouillé toute la maison et n’ont rien trouvé d’autre que la carte de membre PUDEMO de Jele. Celui-ci a ensuite été forcé à poser pour une photo en montrant sa carte de membre avant d’être emmené. Deux jours plus tard, le département des services correctionnels a émis une déclaration selon laquelle Sipho Stephen Jele s’était suicidé dans les toilettes d’une cellule.

D’après l’information reçue par la CSI, la police aurait exercé des pressions sur la famille de Jele pour que son inhumation ait lieu le plus rapidement possible. D’autre part, l’enquête ordonnée par le Premier ministre du Swaziland est menée par le personnel des services correctionnels de la police elle-même. À la lumière des circonstances de l’arrestation de Jele et du traitement qui lui a été infligé alors qu’il se trouvait en garde à vue, la CSI craint qu’il n’ait été tué pour son activisme.

Le roi swazi Mswati avait auparavant déclaré qu’il considérait l’ « akukhanywane », terme utilisé pour décrire l’étranglement de tout opposant à son règne, comme la stratégie la plus appropriée. En attendant, la mort de Sipho Jele constitue le 12e cas d’attaque à main armée perpétré depuis août 2003 contre des membres et des dirigeants du PUDEMO, des membres de leurs familles et des sympathisants.

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Photo: Raverken