Birmanie : « Enfance birmane, une génération sacrifiée », le nouveau rapport de la CSI

En 2010, la junte militaire birmane va organiser des « élections », mais la nouvelle Constitution dont elle a organisé l’adoption en 2008 ne laisse planer aucun doute sur la volonté des militaires de se maintenir au pouvoir après le scrutin. Le nouveau rapport de la CSI montre que les généraux actuellement au pouvoir n’ont aucune intention de s’intéresser davantage à la population que leurs prédécesseurs au cours des 47 dernières années de dictature militaire. Sans retour à une véritable démocratie et au respect de tous les droits humains, y compris les droits syndicaux, de nouvelles générations d’enfants Birmans ne verront jamais les bancs de l’école et demeureront contraints à toutes les formes de travail, y compris les plus ignobles.

Le nouveau rapport de la CSI met en évidence les liens entre les violations des droits humains, dont les droits syndicaux, et la situation catastrophique des enfants birmans. Ecrasant toute forme d’opposition, la junte militaire birmane consacre au moins 40% du budget de l’Etat à l’armée, alors que le pays ne subit aucune menace extérieure, et ne laisse que des miettes pour des secteurs aussi importants que l’enseignement et les soins de santé. Résultat : moins de 55% des enfants birmans achèvent leurs études primaires, et ils sont des centaines de milliers chaque jour à travailler durant de très longues heures, parfois sous le régime du travail forcé imposé par les autorités. Le recrutement par la force d’enfants soldats par différents groupes armés demeure fréquent en Birmanie, malgré les promesses répétées de la junte d’y mettre fin.

Le rapport met notamment en lumière la situation très difficile des enseignants birmans, qui ne jouissent d’aucun droit syndical et n’ont donc aucune possibilité de négocier leurs salaires. Or, ceux qu’ils perçoivent aujourd’hui ne représentent qu’un petit pourcentage du revenu nécessaire à soutenir une famille. Beaucoup d’enseignants birmans incitent donc les élèves à suivre auprès d’eux des cours particuliers, mais tous les parents ne peuvent les payer, d’autant que la scolarité engendre de nombreux autres coûts (matériel, donations forcées aux écoles, …). Ce système existe à tous les niveaux d’enseignement, il pousse chaque année des dizaines de milliers d’enfants hors de l’école, vers l’exploitation par le travail.

Plusieurs témoignages recueillis sur le terrain pour les besoins de ce rapport illustrent la détresse des enfants grandissant sous la dictature militaire. « Je travaille 7 jours sur 7, 12 heures par jour, pour un salaire de 8,6 dollars par mois, explique un enfant de 11 ans actif dans un tea-shop de Rangoon. D’autres enfants ne gagnent que 6 dollars par mois. Mon patron me donne deux repas par jour et je peux dormir dans un petit local, mais nous sommes très nombreux à nous entasser dans ce local surchauffé. Je suis constamment fatigué la journée car je ne dors pas assez. Il faut sans cesse servir les clients, nettoyer les tasses, le sol, … ».

La dictature militaire ne tolérant aucune critique, il est extrêmement dangereux d’aborder en Birmanie les thèmes liés aux droits sociaux, aux droits humains ou aux droits des enfants. La censure de la junte empêche les médias birmans de publier des reportages montrant les réalités du pays. Selon l’Association d’aide aux prisonniers politiques birmans, plus de 2.100 prisonniers politiques sont détenus en Birmanie. Une trentaine de syndicalistes figurent parmi eux, ils ont été condamnés à des peines allant de cinq ans à la prison à vie. Malgré cette répression, le syndicat FTUB (Federation of Trade Unions – Burma), affilié à la CSI mais interdit en Birmanie, continue à venir en aide aux travailleurs en Birmanie et à soutenir des écoles dans différentes régions du pays.


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