Les syndicats à Davos: les emplois sont le chaînon manquant

Selon les dirigeants du mouvement syndical international qui participent à la réunion annuelle du Forum économique mondial de Davos, la crise financière mondiale menace désormais de se transformer en bombe sociale à retardement si les gouvernements n’agissent pas ensemble pour sauver et créer des emplois.

L’emploi et les revenus sont des éléments indispensables pour sortir l’économie de la spirale dans laquelle elle s’enfonce. L’OIT prévoit que 50 millions d’emplois seront supprimés et que 200 millions de personnes supplémentaires plongeront dans la pauvreté absolue. Le FMI annonce, pour sa part, une récession mondiale

Davos, le 29 janvier 2009: Selon les dirigeants du mouvement syndical international qui participent à la réunion annuelle du Forum économique mondial de Davos, la crise financière mondiale menace désormais de se transformer en bombe sociale à retardement si les gouvernements n’agissent pas ensemble pour sauver et créer des emplois. Les syndicats délivrent un message fort aux entrepreneurs présents au Forum, alors que des millions de travailleurs risquent de perdre leur emploi, leur maison, leur épargne et leur pension. Tout cela ne sont que les effets désastreux sur l’économie mondiale de nombreuses années de déréglementation et d’avidité de la part des sociétés. Il est urgent d’agir de façon coordonnée pour que nos économies empruntent le chemin de la reprise que les pays du G20 lui indiqueront.

« L’année dernière, à Davos, nous avions mis les employeurs et les hommes politiques en garde à propos de la dangereuse instabilité de l’économie mondiale, mais la plupart d’entre eux étaient trop contents de continuer à empocher les bénéfices à court terme du modèle raté de la déréglementation et de la spéculation. Le monde économique et les gouvernements sont seuls responsables de cette crise, mais ils ne pourront la résoudre sans travailler avec les syndicats pour stopper l’hémorragie d’emplois dans le monde, pour relancer l’économie mondiale et pour mettre en place un cadre de réglementation, a annoncé Guy Ryder, secrétaire général de la CSI. Même à l’heure actuelle, certaines entreprises font toujours pression sur les gouvernements pour qu’ils ne leur imposent aucune réglementation et freinent toute possibilité de reprise grâce à la consommation en empêchant la main-d’œuvre de rejoindre les syndicats et de négocier de meilleurs salaires », a-t-il ajouté.

Lors de débats avec des institutions mondiales et des gouvernements nationaux, la CSI, conjointement à ses affiliées nationales et ses partenaires de Global Unions, plaide en faveur d’une stratégie de relèvement et de réformes dont la principale priorité est l’emploi durable. Le respect des droits des travailleurs d’être représentés par un syndicat et de négocier collectivement, combiné à des investissements dans des programmes sur le marché du travail, doit être au cœur des efforts de reprise de façon à permettre aux dépenses de consommation de faire repartir les économies sur le chemin de la croissance. Dans leur déclaration pour la réunion de Davos (EN), les syndicats réclament une série de mesures pour mettre un terme à l’effondrement de la demande mondiale grâce à:

* une plus grande coordination de la politique des taux d’intérêt (comprenant davantage de diminutions dans les pays européens)
* des mesures de relance budgétaire pour préserver et créer des emplois
* des investissements dans les infrastructures pour encourager la demande et préparer le reprise
* une « Nouvelle donne écologique » (Green New Deal) encourageant des investissements et des emplois respectueux du climat
* des actions pour que la main-d’œuvre travaille et se forme pendant la crise
* un renforcement des indemnités de chômage et des autres régimes de sécurité sociale
* des dépenses pour les écoles, les hôpitaux et les soins aux personnes âgées et aux jeunes enfants
* des mesures fiscales et budgétaires en faveur des personnes à faibles revenus
* des prêts d’urgence du FMI aux pays en développement sans conditions d’austérité
* une relance de l’aide au développement pour aider à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement
* des actions contre la crise alimentaire mondiale

« La grande majorité d’entre nous a vécu 30 ans de stagnation ou de diminution des revenus réels, alors que ceux à la tête des entreprises continuaient de percevoir des salaires et des avantages énormes et immérités, y compris ceux dont les résultats avaient été médiocres », a déclaré Guy Ryder.

Outre le besoin d’agir au plus vite sur ces points, le mouvement syndical international propose un cadre détaillé de nouvelles réglementations en vue de stopper la spéculation effrénée et le mercantilisme financier qui sont à l’origine de la crise mondiale. Ce cadre prévoit des actions réglementaires que les gouvernements nationaux doivent adopter, ainsi que de nouvelles mesures mondiales pour soutenir la réglementation et assurer la cohérence.

« Les gouvernements doivent agir de concert, à la fois pour stimuler la demande et pour soutenir le nouveau programme réglementaire. La réussite, immédiate et à long terme, ne sera possible que si les gouvernements placent les droits de la main-d’œuvre de s’organiser et de négocier collectivement au centre de leurs réponses à la crise. Les syndicats doivent prendre place à la table des négociations afin de s’assurer que les intérêts des personnes qui travaillent sont au cœur des discussions et que les pratiques passées déséquilibrées et, en fin de compte, destructrices des gouvernements qui laissaient le monde économique et celui des affaires fixer l’ordre du jour, sont bel et bien révolues », a encore ajouté Guy Ryder.

La déclaration syndicale demande également aux entreprises de négocier avec les syndicats afin de sauver des emplois, d’améliorer les compétences, de réduire les émissions de carbone et de refaçonner l’industrie pour permettre à la reprise de démarrer. Cela doit se faire au travers du dialogue social et de négociations collectives au niveau national et, au niveau international, grâce à des accords entre les sociétés multinationales et les Fédérations syndicales internationales dans les différents secteurs.


La CSI représente 168 millions de travailleuses et de travailleurs au travers de 316 organisations nationales de 157 pays.

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