La CUT Brésil est prête à défendre un pays centré sur les personnes et l’environnement contre la présence d’intérêts opposés au sein du large front de Lula

L’année 2022 a marqué une étape fondamentale dans la démocratie brésilienne, avec les élections les plus importantes depuis la période de re-démocratisation en 1985. C’est dans ce contexte que la Central Única dos Trabalhadores (CUT Brasil) compte assurer son rôle d’acteur fondamental du développement du pays, porté par la voix de la classe ouvrière, et reste attentive à la présence d’intérêts économiques insoutenables au sein du large front de Lula.

La candidature de Lula a intégré les demandes des mouvements sociaux et syndicaux en faveur de politiques publiques qui favorisent la reprise du développement durable au Brésil. Celles-ci sont nécessaires pour atténuer la destruction économique, sociale et politique de ces dernières années et la rupture de l’État brésilien avec les engagements internationaux tels que le Programme 2030 et ses Objectifs de développement durable (ODD).

Immédiatement après les élections, une équipe de transition gouvernementale a été formée avec plusieurs groupes de travail incluant la participation de la société civile et des mouvements sociaux. Ces groupes ont analysé l’ampleur du défi qui attend le Brésil et ont élaboré, avec une rapidité et une forme sans précédent, une série de propositions plus immédiates pour le plan du gouvernement.

Face au vide institutionnel historique laissé par Bolsonaro après sa défaite, le président Lula a choisi d’atténuer cette situation et d’assumer la responsabilité de gouverner avant d’entrer officiellement en fonction. Une fois président, Lula a appliqué sa perspective de gouvernement populaire et a signé, dès les premiers jours de son mandat, la création du Conseil pour la participation sociale (CPS), institutionnalisant ainsi la réouverture du dialogue avec les mouvements sociaux.

Le rôle de la CUT

Pendant la période électorale, la CUT Brésil a présenté publiquement au candidat Lula les revendications de la classe ouvrière brésilienne compilées dans un document intitulé "En défense de la vie, du travail, des droits et de la démocratie", axé sur la défense de la vie, du travail décent, des droits, de la démocratie, du développement durable, de la lutte contre la faim, de la souveraineté et de la construction nécessaire d’alternatives pour la classe ouvrière. L’ordre du jour comprenait également des questions telles que l’énergie et la transition juste, l’eau, l’assainissement et les transports.

En plus d’avoir participé activement à de nombreux groupes de travail créés pendant la période de transition pour analyser la situation au Brésil et proposer des lignes d’action, la CUT s’est engagée à participer et à contribuer au CSP et à d’autres espaces pertinents pour apporter les perspectives de la classe ouvrière à la construction d’un pays démocratique qui respecte les droits de la classe ouvrière.

Pour la CUT, il est essentiel que le Brésil reprenne le cadre des ODD et renforce le rôle des organes institutionnels. En ce sens, la reprise des ministères de l’environnement, des droits de l’homme et du développement, et de l’assistance sociale, de la famille et de la lutte contre la faim a été l’une des premières mesures fondamentales prises par le gouvernement. En outre, la CUT se félicite du rétablissement du ministère du développement agraire et de la création de deux nouveaux ministères : le ministère de l’égalité raciale et le ministère des peuples indigènes.

Au niveau régional, la CUT a souligné le retour du Brésil à son rôle de leader par le biais d’un programme d’intégration et de développement régional dans des espaces tels que le MERCOSUR, et la possible relance du projet UNASUR, ainsi que la création d’une union pan-amazonienne.

Obstacles actuels

La CUT Brésil est préoccupée par l’influence de plus en plus forte des entités financières et du marché, qui s’emparent ou sapent des agendas tels que la transition juste et les propositions progressistes axées sur le développement durable au Brésil. Il est important de rappeler que la composition du large front qui a permis la réélection du président Lula comprend également des secteurs de l’agro-industrie et du capital financier, dont les objectifs de marchandisation de la nature et de promotion de la privatisation de l’État sont opposés aux objectifs du mouvement syndical et de la société civile.

Cette situation constitue et constituera un défi pour la recherche d’un consensus entre des acteurs antagonistes sur le modèle de développement et de politique publique à adopter pour le Brésil, ce qui rendra probablement difficile la réalisation de progrès significatifs au cours des premières années de gouvernement.

Pour plus information

Daniel Gaio, secrétaire national de la CUT Brésil pour l’environnement
daniel[@]cut.org.br