Les syndicats en action pour les investissements et le travail décent dans l’économie des soins

À l’occasion de la Journée d’action mondiale pour les soins, le 29 octobre 2022, les travailleurs demandent des investissements et appellent au travail décent dans l’économie des soins. Le rapport de la CSI, Instaurer une économie des soins : les syndicats en action dans le monde entier, explique pourquoi l’économie des soins revêt une telle importance.

La CSI estime nécessaire la création de 575 millions de nouveaux emplois décents d’ici 2030 et la formalisation d’au moins un milliard d’emplois informels. L’investissement dans l’économie des soins est au cœur de ces revendications en faveur de la création et de la formalisation des emplois.

Selon les récentes estimations de l’OIT, investir dans des services universels de garde d’enfants et de soins de longue durée permettrait de créer 280 millions d’emplois d’ici 2030 et d’augmenter le taux d’emploi des femmes de 78 %, et 84 % des emplois seraient formels.

« Investir dans les soins fait sens pour nos sociétés, car il est désormais reconnu que la santé, l’éducation et l’accueil des enfants, des personnes handicapées et des personnes âgées constituent les fondements de notre résilience face aux chocs nationaux ou mondiaux et pour atteindre les Objectifs de développement durable des Nations Unies », a déclaré Sharan Burrow, la secrétaire générale de la CSI.

Le rapport de la CSI présente les données recueillies dans six pays en termes de potentiel de création d’emplois et de conséquences sur l’égalité entre les sexes résultant d’investissements supplémentaires – en pourcentage du produit intérieur brut (PIB). Il donne par ailleurs des exemples inspirants d’initiatives menées par des syndicats pour mettre en place des systèmes de soins complets :

  • Canada : Pendant la crise de COVID-19, le mouvement syndical s’est appuyé sur plusieurs décennies de campagnes pour appeler à des investissements majeurs dans les soins à la personne, au développement des infrastructures de soins publics et à l’établissement d’un système national de garderies.
  • République dominicaine : Un comité intersyndical de travailleuses a fait pression en faveur d’une amélioration des conditions de travail dans les métiers des soins à la personne, en particulier pour les personnels domestiques. Le gouvernement a lancé un projet pilote visant à formaliser les services de soins à domicile informels et non rémunérés pour permettre aux aidants de percevoir un salaire minimum et de bénéficier de la sécurité sociale.
  • Argentine : Les syndicats réclament une modification du projet de loi « Soins égalitaires » afin que l’accès à un système intégral de soins devienne un droit pour l’ensemble de la population, ainsi que des investissements pour créer des emplois stables assortis de conditions de travail et de rémunération décentes dans l’économie des soins.
  • Inde : L’association de travailleuses indépendantes Self-Employed Women’s Association (SEWA) demande au gouvernement de relever les investissements dans les soins à au moins 1 % du PIB pour instaurer un système national et universel de garderies de qualité.
  • Afrique du Sud : Les syndicats font pression sur le gouvernement, avec succès, en vue d’obtenir des droits et des avantages pour les travailleurs informels, tels qu’un salaire minimum, des congés payés et une indemnisation en cas d’accident du travail, y compris en cas d’agression sexuelle ou de harcèlement.
  • Espagne : C’est le premier pays de l’Union européenne à appliquer la directive sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, grâce à l’impulsion des syndicats, qui réclament désormais des dépenses publiques revues à la hausse, de meilleures conditions de travail pour les personnels de soins, et des soins de meilleure qualité.

« Nous avons besoin de plans pour l’emploi et l’investissement dans chaque pays pour amorcer des avancées pour les femmes et faire de ces emplois de soins une réalité d’ici 2030 dans le cadre d’un nouveau contrat social reposant sur l’égalité, l’équité et l’inclusion », a rappelé Sharan Burrow.