La transition juste doit inclure les travailleurs et exiger des entreprises qu’elles rendent des comptes

La secrétaire générale de la CSI, Sharan Burrow, a appelé les gouvernements, les entreprises et les investisseurs à prendre un engagement ferme en faveur de plans de transition qui accordent une place centrale aux personnes. Cet appel a été lancé lors de son intervention dans la session « Transition durable et juste » qui s’est tenue le jeudi 28 avril dans le cadre du Forum de l’ECOSOC sur le financement du développement.

Mme Burrow est intervenue dans le cadre d’un débat avec le ministre égyptien des Finances, Mohamed Maait, le secrétaire général de l’Organisation internationale des employeurs, Roberto Suárez et le vice-président du conseil de surveillance prudentielle de la Banque centrale européenne, Frank Elderson. Le débat était animé par le secrétaire général de l’OIT, Guy Ryder.

L’intervention de Mme Burrow s’inscrivait dans le cadre de la réalité de la convergence de crises simultanées : « Avant même la pandémie, nous étions déjà confrontés à des niveaux très élevés d’inégalité et à une urgence climatique. La pandémie nous a montré que ces “fractures” sont en fait des “cratères” dans un monde où la division est extraordinairement profonde entre ceux qui sont en danger et ceux qui sont en sécurité. »

Mme Burrow a insisté sur le fait que placer les personnes et la planète au centre de la riposte à la crise implique que la priorité soit donnée au monde du travail et que des dispositions soient prises pour que tous les emplois soient respectueux du climat. La secrétaire générale de la CSI a souligné que la réponse à l’urgence climatique est au cœur de l’appel des syndicats en faveur d’un nouveau contrat social, dont la première revendication est la création d’emplois décents et respectueux du climat, dans le cadre d’une transition juste.

À ce propos, Mme Burrow a rappelé aux participants que l’Accord de Paris sur le climat est très clair sur « l’impératif d’une transition juste pour les travailleurs, la création d’un travail décent et d’emplois de qualité ». Ces trois points sont fondamentaux pour construire la confiance en la sécurité que les gens veulent voir afin de soutenir la transition nécessaire vers des modèles de travail et de production plus durables. Cela suppose également que toutes les industries s’engagent à assurer la transition vers un avenir net zéro et à encourager le dialogue social, dans la mesure où celui-ci « s’est avéré être un outil puissant dans les industries qui opèrent la transition ».

Face au risque que l’instabilité climatique ne déclenche jusqu’à un milliard de réfugiés pour chaque augmentation d’un pour cent de la température mondiale, Mme Burrow a souligné l’importance d’investir dans la résilience, ce qui implique d’investir dans les soins, les infrastructures durables et la protection sociale.

S’agissant de la capacité du monde à financer une transition durable réussie, Mme Burrow a appelé à améliorer les instruments existants en matière d’espace budgétaire, de gestion de la dette et de renforcement de la coopération au développement.

Ces mesures doivent toutefois être sous-tendues par la transparence et la responsabilité de toutes les parties prenantes, notamment les gouvernements, les entreprises et les investisseurs.

En conclusion de son intervention, Mme Burrow a appelé à ne pas répéter les préjudices causés par le nationalisme vaccinal lors de la lutte contre la Covid-19 et a exhorté les gouvernements à renforcer le multilatéralisme autour du partage des connaissances et des technologies, faute de quoi « nous mettrons en danger notre existence même en tant qu’êtres humains au point d’être confrontés à une crise existentielle », a-t-elle déclaré, avant de conclure : « Il ne tient qu’à nous de passer à l’action. »