Les dirigeants du G20 doivent saisir cette occasion pour jeter les bases d’un nouveau contrat social

La CSI, membre du groupe L20 représentant les travailleurs au niveau du G20, appelle à une action critique à l’occasion du Sommet du G20, réuni ce week-end en Arabie saoudite.

Les dirigeants du G20 doivent saisir cette occasion pour jeter les bases d’une relance économique centrée sur l’emploi et les emplois respectueux du climat, les droits des travailleurs, la protection sociale universelle et une taxation équitable qui garantisse que les bénéfices engrangés par une minorité durant la pandémie soient partagés avec la majorité.

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, a déclaré: «Il s’agit d’un moment historique. Les dirigeants du G20 ne peuvent rien faire de moins que prendre des mesures extraordinaires. En septembre, les ministres du Travail du G20 ont reconnu que les conséquences économiques des mesures mises en place pour lutter contre la Covid-19 rendraient les travailleurs encore plus "vulnérables à la pauvreté, à l’informalité et aux différentes formes d’exploitation". C’était un premier pas. Il appartient désormais aux dirigeants du G20 de tout mettre œuvre pour renverser cette situation et de prendre des mesures permettant de lutter contre la pauvreté et l’exploitation et de promouvoir des emplois formels et respectueux du climat. Ils se doivent d’élaborer ce nouveau contrat social que tous les travailleurs réclament haut et fort pour garantir la qualité de leurs emplois, le respect de leurs droits fondamentaux, une protection sociale universelle et un système de taxation équitable.»

Pierre Habbard, secrétaire général de la Commission syndicale consultative (TUAC) auprès de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a insisté sur l’importance de ce moment: «La pandémie de Covid-19 s’est transformée en la crise mondiale la plus profonde de l’histoire moderne. Une crise qui se superpose à de nombreuses autres. La Covid-19 n’a pas touché des économies par ailleurs robustes et socialement justes. Le groupe du G20 a été créé au lendemain de la crise financière de 2008. La crise sanitaire représente un défi pour ce forum mondial majeur, dans la mesure où les gouvernements doivent travailler ensemble et prendre des mesures décisives pour répondre à une crise qui pourrait rapidement se transformer en une crise politique pour la démocratie.»

La Déclaration du L20 au Sommet des dirigeants du G20 présente en détail les problèmes accentués par «une pandémie d’inégalités» et montre comment la relance et la résilience peuvent se construire au travers de la «mise en œuvre des engagements pris et d’une action nouvelle».

  • Le monde a enregistré une perte de 495 millions d’emplois, selon les estimations de l’Organisation internationale du Travail (OIT).
  • Les conséquences sur les femmes sont nettement plus graves, étant surreprésentées dans les emplois faiblement rémunérés et peu stables.
  • Les 25 plus grands milliardaires ont augmenté leur richesse de 255 milliards de dollars entre la mi-mars et la fin du mois de mai.
  • Le changement climatique a atteint un niveau alarmant, l’année 2020 ayant battu de nouveaux sombres records.
  • Les dépenses militaires ont augmenté, pour atteindre les 1.900 milliards de dollars en 2019, la plus forte croissance annuelle depuis 2010.

Il existe cependant des solutions pour remédier à ces problèmes :

  • déclarer la COVID-19 maladie professionnelle et protéger les travailleurs.
  • fournir des moyens financiers à tous les pays au moyen d’une réforme fiscale progressive et de mesures financières et monétaires.
  • améliorer la sécurité de l’emploi et des revenus pour l’ensemble des citoyens, au travers de la promotion du travail décent dans le cadre d’un nouveau contrat social, prévoyant une protection sociale universelle.
  • créer des emplois de bonne qualité, garants des droits des travailleurs, en investissant dans l’économie des soins et les emplois respectueux du climat, pour construire des économies résilientes.
  • viser une imposition progressive, une taxe sur les transactions financières, une taxe numérique et définir un seuil minimum d’impôts sur les sociétés.

Comme le souligne Sharan Burrow: «Nous avons considérablement simplifié la tâche des dirigeants du G20: nous avons discuté, réfléchi et tout planifié à leur place, avant de tout exposer dans notre déclaration. La seule chose qu’il leur reste à faire est de la lire et de la mettre en œuvre, en partenariat avec les travailleurs et leurs syndicats. Dans le cas contraire, l’histoire jugera qu’ils ont laissé échapper cette opportunité et nous serons là pour le leur rappeler.»