Un nouvel avenir pour les travailleurs migrants du Qatar

Les nouvelles lois adoptées aujourd’hui par l’État du Qatar changeront la donne pour les travailleurs et la protection de leurs droits.

Les travailleurs migrants sont désormais libres de quitter leur emploi pour en chercher un autre, moyennant une période de préavis. Cette nouvelle mesure législative met ainsi fin au contrôle indu que pouvaient exercer les employeurs sur la vie des travailleurs.

Par ailleurs, le Qatar est le premier pays des États du Golfe à franchir une étape historique en instaurant le principe du salaire minimum.

400.000 travailleurs migrants verront ainsi leurs salaires augmenter de 33 %. Le salaire minimum de 1.800 rials qataris (415 euros), incluant nourriture et logement, sera applicable à l’ensemble des travailleurs, y compris les travailleurs domestiques.

Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale, a déclaré: «Le Qatar vient de régulariser son système de relations industrielles en mettant fin à un déséquilibre structurel systématique entre travailleurs et employeurs. Ce tournant marque une rupture décisive avec le passé et laisse entrevoir un avenir plus radieux pour les travailleurs migrants du Qatar, grâce à l’introduction d’une législation respectueuse des travailleurs, accompagnée de mécanismes de recours et de plainte.»

Le salaire minimum pour les travailleurs migrants, y compris les travailleurs domestiques, comporte trois barèmes en fonction des avantages offerts par l’employeur :

  • 1.000 rials qataris (230 euros) avec nourriture et logement décent fournis par l’employeur.
  • 1.500 rials qataris (345 euros) avec logement décent fourni par l’employeur mais sans nourriture.
  • 1.800 rials qataris (415 euros) sans nourriture ni logement fourni par l’employeur.

Sharan Burrow poursuit: «Ce premier salaire minimum non discriminatoire introduit dans les États du Golfe, basé sur le coût de la vie, permettra à 20 % des travailleurs migrants au Qatar de bénéficier d’une augmentation de salaire. Ce nouveau salaire minimum sera applicable quel que soit le montant mentionné dans le contrat de travail du salarié. Les ouvriers agricoles, le personnel de maintenance, les travailleurs domestiques et les ouvriers du secteur de la construction comptent parmi les travailleurs les moins bien rémunérés au Qatar qui recevront une augmentation de leur salaire mensuel, mettant ainsi un terme à un système de rémunération fondé sur la discrimination raciale, omniprésent dans cette région du monde. Les autres États du Golfe devraient suivre cette initiative du Qatar et régulariser eux aussi leurs systèmes, en introduisant le salaire minimum et en interdisant notamment la pratique de la kafala.»

Les employeurs disposent d’un délai de six mois pour se conformer aux nouvelles réglementations, le gouvernement ayant prévu des sanctions telles que la suspension des activités des sociétés et des particuliers qui emploient des travailleurs domestiques.

Ces réformes sont l’aboutissement d’un programme de travail entre le gouvernement du Qatar, l’Organisation internationale du Travail et la CSI.

D’autre part, le Qatar a créé une Commission chargée de revoir périodiquement le montant du salaire minimum en fonction du coût de la vie et en tenant compte des responsabilités des travailleurs migrants vis-à-vis de leur famille dans leur pays d’origine.

Voir la déclaration de l’OIT.