Le FMI et la Banque mondiale prennent des mesures pour endiguer la pandémie et diminuer le poids de la dette, mais ne proposent aucun plan équitable pour la reconstruction

photo: IMF - Flickr CC

Dans le cadre de leurs Réunions de printemps, les institutions financières internationales ont pris des décisions pour venir en aide aux pays à faible revenu, privilégier les vies humaines avant le remboursement de la dette et encourager l’action mondiale pour stopper la pandémie de COVID-19. Confrontés à la pire des récessions économiques depuis la Grande Dépression, les institutions et les gouvernements doivent aller plus loin et mettre en place un plan de reconstruction coordonné pour préserver à la fois les êtres humains et leurs moyens de subsistance.

En prévision des Réunions de printemps virtuelles, le mouvement syndical mondial avait lancé un appel en vue de définir un plan d’action pour coordonner la relance économique et les mesures de santé publique, tout en se ralliant à la Chambre de commerce internationale (CCI) pour réclamer un allègement d’urgence de la dette. Cet appel revendiquait également un financement intégral du Fonds fiduciaire d’assistance et de riposte aux catastrophes du FMI (fonds fiduciaire ARC), lequel a bénéficié de nouveaux engagements de la part des donateurs et a permis au FMI d’annuler six mois de remboursement de prêts dans 25 pays à faible revenu. Les pays du G20 ont accepté d’accorder aux pays à faible revenu en situation d’urgence une suspension du paiement de leur dette. La Banque mondiale et les banques multilatérales de développement (BMD) ont refusé de participer à cette suspension en l’absence de ressources supplémentaires.

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, a déclaré: «Nous remercions les institutions et les gouvernements pour les mesures urgentes qui ont été prises en faveur d’un allègement de la dette. Les institutions financières internationales doivent continuer à convaincre les créanciers privés d’adhérer à cette suspension proposée par le G20 et demander aux agences de notation de ne pas abaisser la note des pays qui procèdent à une restructuration de leur dette. Une aide d’urgence a été fournie aux pays à faible revenu, mais les économies à revenu intermédiaire reposant sur l’exportation de leurs produits rencontrent les mêmes difficultés pour apporter une réponse efficace. Nous avons besoin de nouveaux mécanismes pour la coopération internationale afin de pouvoir protéger les êtres humains et leurs moyens de subsistance.»

La CSI préconise la création d’un Fonds mondial pour la protection sociale universelle, un nouveau système d’allègement de la dette répondant aux Objectifs de développement durable et associé à un mécanisme de restructuration de la dette souveraine et à l’émission de Droits de tirages spéciaux (DTS) par le FMI. En raison de l’opposition des États-Unis, les Réunions de printemps n’ont pas permis d’aboutir à un accord concernant une nouvelle émission de DTS. Une telle initiative permettrait pourtant aux pays émergents et en développement de disposer d’un outil réellement efficace pour mettre un terme à l’effondrement des devises, de l’emploi et de leur économie. Au lieu de cela, les institutions ont décidé de définir une ligne de financement du FMI plus limitée, ainsi que des critères plus stricts pour y accéder.

Les prêts d’urgence accordés par la Banque mondiale permettent d’apporter une aide aux services de santé publique et de renforcer les capacités, notamment au travers de la fourniture d’équipements de protection individuelle pour le personnel concerné. Le FMI accorde des financements d’urgence, en demandant aux pays de dépenser les montants nécessaires pour endiguer la COVID-19 et sauvegarder l’emploi. Toutefois, la Banque mondiale discute déjà de réformes structurelles et en matière de protection sociale sur la base des ressources, tandis que le FMI conseille aux pays en développement de se préparer à l’austérité dès l’an prochain.

Sharan Burrow poursuit: «Le monde a besoin d’un plan ambitieux qui permette de fournir aux pays en développement les moyens de prendre des mesures immédiates pour protéger la santé et l’emploi et d’initier une relance budgétaire pour une reprise inclusive. Le soutien du FMI et de la Banque mondiale est plus qu’appréciable pour permettre de faire tout le nécessaire en vue d’éradiquer cette pandémie et devrait donner lieu à une meilleure coordination. Après le recul de la pandémie de COVID-19, un retour aux mesures d’austérité et aux réformes structurelles dérégulatrices serait catastrophique. Cette pandémie démontre que nos destins sont intimement liés. Un plan de reconstruction mondial doit refléter le besoin d’une solidarité totale pour reconstruire un monde durable, avec des emplois de qualité, une protection sociale universelle et des services de santé publique efficaces.