Iran, un an plus tard : Mansour Osanloo est toujours en prison et les travailleurs sont toujours opprimés

Un an après son arrestation brutale, la Confédération syndicale internationale (CSI), la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) et Amnesty International demandent au monde entier de ne pas oublier Mansour Osanloo, syndicaliste iranien emprisonné.

Bruxelles, le 10 juillet 2008 : Un an après son arrestation brutale, la Confédération syndicale internationale (CSI), la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) et Amnesty International demandent au monde entier de ne pas oublier Mansour Osanloo, syndicaliste iranien emprisonné.

Que ce soit dans leurs publications, sur leur site web ou par l’intermédiaire de leurs membres, les trois organisations mettent une fois de plus tout en œuvre pour que Mansour Osanloo ne tombe pas dans l’oubli et exigent qu’il soit libéré. Elles lancent cet appel alors qu’un an s’est écoulé depuis son enlèvement dans un bus de Téhéran, le 10 juillet 2007, lors d’une arrestation que les autorités ont d’abord refusé d’admettre. Mercredi , selon des sources qui restent à confirmer, il aurait été conduit devant un tribunal des services de renseignement pour se voir notifier son acte d’accusation, au lieu d’être accompagné à un rendez-vous prévu dans un hôpital.

Dans une déclaration exhortant à la solidarité envers Mansour Osanloo et tous les travailleurs iraniens, l’ITF, la CSI et Amnesty International exigent également que son organisation, le Syndicat des agents de la société de bus de Téhéran et banlieues, soit reconnue en tant qu’expression légitime des besoins de ses membres et que cessent les tentatives délibérées de réduire à néant les syndicats indépendants.

Voici le texte complet de la déclaration :

Déclaration de solidarité avec les travailleuses et les travailleurs iraniens

Il y a tout juste un an, Mansour Osanloo, Président du syndicat Sherkat-e Vahed, le Syndicat des agents de la société de bus de Téhéran et banlieues affilié à l’ITF, était brutalement enlevé dans un bus de Téhéran, à proximité de son domicile, par des agents de la sécurité non identifiés. Cet événement est survenu seulement trois semaines après sa participation à des réunions syndicales internationales organisées par l’ITF et par la CSI à Londres et à Bruxelles.

Aussitôt, les syndicats et les défenseurs des droits humains, ainsi que des groupes communautaires iraniens, ont condamné avec véhémence les abus flagrants des droits des travailleurs dont les autorités iraniennes se sont rendues coupables. Ce mouvement de protestation international a pris de l’ampleur au cours des mois pour culminer en une journée d’action mondiale le 6 mars 2008. À l’heure actuelle, ce mouvement se poursuit.

Le 5 juin 2008, Mansour Osanloo a rédigé une déclaration dans laquelle il expliquait qu’il avait été « fortement battu, insulté et maltraité » lors de l’incident. Le traitement qu’il subit en prison est particulièrement dur et probablement exagérément pénible et s’accompagne de fortes pressions psychologiques.

Ce mauvais traitement a eu des effets négatifs sur sa santé. Nous déplorons le fait qu’il soit maintenu à la prison d’Evin malgré les nombreuses requêtes de ses médecins qui demandent qu’il soit autorisé à recevoir des traitements appropriés à l’extérieur pour un problème à l’œil lié à une attaque qu’il a subie dans le passé. Nous sommes également inquiets des informations que nous avons reçues aujourd’hui selon lesquelles il n’aurait pas été accompagné à un rendez-vous prévu à l’hôpital et aurait plutôt été amené au tribunal pour une nouvelle comparution dont nous ne connaissons pas les détails à l’heure où nous rédigeons cette déclaration. Si ces informations s’avèrent fondées, cette manœuvre renforce notre inquiétude quant à la détermination des autorités de continuer de réprimer les syndicats et le mouvement syndical indépendant en Iran tout en refusant d’accorder à Mansour Osanloo la dignité humaine qu’il mérite.

Mansour Osanloo a été condamné à cinq de prison sur base d’accusations floues et politiquement motivées de « tentatives d’atteinte à la sécurité nationale » et de « propagande contre l’État » qui, en pratique, ne constituent en aucun cas des délits criminels.
Sa détention est liée à ses activités en tant que Président du Syndicat des agents de la société de bus de Téhéran et banlieues. La condamnation vise à opprimer le véritable mouvement des travailleurs en Iran, pays dans lequel des organisations cautionnées par l’état, comme la Maison des travailleurs et le Conseil islamique des travailleurs, ne sont pas parvenues à représenter la main-d’œuvre pendant des années.

Mansour Osanloo et son syndicat continuent d’agir pacifiquement et démocratiquement. Nous sommes convaincus que Mansour Osanloo est un prisonnier d’opinion, détenu pour ses convictions dictées par sa conscience. En ce jour anniversaire, nous exigeons une fois encore la libération immédiate et inconditionnelle de Mansour Osanloo.

Nous intimons les autorités judiciaires iraniennes de relâcher Gholamreza Gholamhosseini. Il est membre du Comité exécutif du syndicat et a été arrêté le 24 juin parce qu’il s’était rendu au Stade de Shirodi à Téhéran pour participer à un événement organisé à l’occasion de la Journée des femmes en Iran. Il a été envoyé à la prison d’Evin le lendemain par le Juge Hassan Dehghan Dehnavi qui a déclaré que « Gholamreza Gholamhosseini n’était accusé d’aucun délit, mais qu’il devait rester en prison pour une période indéfinie, pendant la durée de l’enquête », décision qui va à l’encontre de l’Article 9(3) du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui précise que « la détention de personnes qui attendent de passer en jugement ne doit pas être de règle ».

Nous demandons également instamment au gouvernement iranien qu’il reconnaisse le Syndicat Vahed en tant que véritable organisation de travailleurs et qu’il mette un terme à la répression qu’il mène envers ce dernier. Nous craignons que ceux qui ont été renvoyés de leur poste ou qui se sont vu interdits de retourner au travail parce qu’ils auraient participé au mouvement de grève de janvier 2006 soient davantage punis pour leurs activités syndicales pacifiques et pour avoir exercé leur liberté d’expression et d’association. Les autorités iraniennes devraient mettre un terme à ces pratiques et ne plus autoriser les renvois injustes.

La CSI, l’ITF et Amnesty International saluent les efforts inlassables des membres du Syndicat Vahed et de sa direction pour organiser les agents des bus à Téhéran. En dépit des obstacles que leur opposent la direction et les autorités, les membres syndicaux illustrent combien les droits syndicaux sont des droits humains.

Nous sommes particulièrement inquiets de l’accélération de l’oppression menée à l’encontre du mouvement syndical indépendant en Iran. Outre les enlèvements et les emprisonnements de dirigeants syndicaux, des arrestations en masse ont toujours cours sur les lieux de travail où un véritable syndicalisme prend forme, comme nous avons pu le constater récemment avec l’arrestation de 20 salariés de l’usine de sucre de Taft Hapeh. La Fédération internationale des syndicats de travailleurs de la chimie, de l’énergie, des mines et des industries connexes a fait savoir qu’en avril, 100 travailleurs de l’usine de pneus de Kian, à proximité de Chahardangeh, avaient été attaqués avec des matraques électriques et détenus pendant 36 heures. Selon, l’Internationale de l’éducation, les enseignants syndiqués sont de plus en plus souvent visés et victimes d’arrestations.

Nous remercions vivement toutes les personnes et toutes les organisations, que ce soit en Iran ou dans le monde entier, qui n’ont eu de cesse de se battre pour la libération de Mansour Osanloo et pour cette cause tout aussi importante qu’est la promotion du mouvement syndical indépendant en Iran.

Nous publions cette déclaration le jour du premier anniversaire de cette arrestation arbitraire pour réaffirmer notre soutien inébranlable à Mansour Osanloo ainsi qu’au mouvement syndical indépendant iranien. Nous devons unir toutes nos forces pour parvenir à notre objectif commun, à savoir que les travailleuses et les travailleurs en Iran puissent bénéficier des droits humains et syndicaux fondamentaux auxquels tous les travailleurs ont droit, quel que soit le lieu où ils vivent. Les droits des travailleurs sont des droits humains.

Confédération syndicale internationale (CSI)
Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF)
Amnesty International


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