FPHN 2019: Evènement parallèle de la CSI - Les parties prenantes s’accordent sur la centralité de l’ODD 8 dans le Programme 2030

La CSI a organisé un événement parallèle officiel du FPHN le vendredi 12 juillet dans les locaux des Nations Unies. Au cours de l’événement, le professeur Giovannini a présenté quelques détails préliminaires sur l’indice ODD 8 que l’Alleanza Italiana per Sviluppo Sostenibile (ASviS) et la CSI mènent conjointement pour faciliter le suivi de la mise en œuvre de l’ODD 8 dans le monde.


Au rythme actuel, il est clair qu’il est peu probable que l’objectif de développement durable n°8 soit atteint d’ici 2030.

- Enrico Giovannini, Porte-parole de ASviS


Les syndicats et la Confédération syndicale internationale (CSI) ont lancé une réflexion visant à identifier les facteurs politiques et les recommandations susceptibles d’aider les gouvernements à mettre en œuvre l’ODD8 en fournissant des preuves des lacunes actuelles à l’échelle mondiale.

Le Professeur Enrico Giovannini - Université de Rome Tor Vergata et porte-parole d’Alleanza Italiana per Sviluppo Sostenibile (ASviS), a présenté quelques points marquants de l’initiative commune menée par ASvIS et la CSI pour faciliter le suivi de la mise en œuvre de l’ODD 8 dans le monde (Index ODD 8).


Prof. Giovannini au moment de son intervention.


 

Parce qu’il intègre plusieurs sujets liés à la croissance, à l’emploi, à la productivité, aux conditions de travail et aux droits du travail, l’ODD8 est en soi un objectif multidimensionnel qui joue un rôle central dans le Programme 2030. Il est essentiel que le Programme 2030 poursuive la croissance économique et le plein emploi sans compromettre la réalisation d’autres objectifs, tels que ceux liés aux questions environnementales et climatiques. Compte tenu de sa centralité, atteindre les objectifs de l’ODD 8 est essentiel pour garantir la réalisation complète et globale des ambitions à l’horizon 2030.

Parmi les premiers résultats de la recherche, Giovannini a fait allusion à la relation entre le niveau de revenu et la mise en œuvre de l’ODD 8:


le message principal est que le niveau de revenu est important mais qu’il ne vous dit pas tout.

- Enrico Giovannini, Porte-parole de ASviS


Le niveau de revenu n’empêche pas d’avoir un rang élevé dans la mise en œuvre de l’ODD 8. Les pays à faible revenu national brut (RNB) par habitant peuvent également occuper une place importante dans la mise en œuvre de l’ODD 8 s’ils respectent les droits du travail et le dialogue social.

Par conséquent, l’idée que stimuler la croissance économique est le seul moyen de progresser sur le travail décent n’est qu’une hypothèse. En effet, de nombreuses autres variables, outre le revenu, font la différence et doivent être prises en compte.

Si nous nous attaquons sérieusement aux défis liés à l’avenir du travail, l’apprentissage tout au long de la vie devrait être reconnu comme un droit universel, au niveau individuel, et faire partie des programmes d’apprentissage visant à promouvoir des marchés du travail inclusifs.


Les grandes entreprises qui intègrent la durabilité dans leurs modèles commerciaux ont une productivité accrue. Cela signifie que le capitalisme a besoin d’un changement de paradigme.

- Enrico Giovannini, Porte-parole de ASviS


Il est extrêmement important d’améliorer la collecte et la surveillance des données. Cela semble être particulièrement vrai pour les objectifs de l’ODD 8 qui sont liés aux droits et aux conditions de travail, car ils souffrent d’un grave manque de données, telles que:

  • La santé et la sécurité au travail.
  • Part du travail rémunéré selon la loi.
  • Écart de rémunération entre hommes et femmes.
  • Inspecteurs du travail.
  • Emploi informel.
  • Taux de couverture de la négociation collective.

Katinka Weinberger, Chef de la politique de l’environnement et du développement à la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) a souligné que la CESAP s’emploie à intégrer des indicateurs sur le travail décent dans le suivi régional des objectifs de développement durable, malgré le manque de données concernant plusieurs objectifs de l’objectif 8. En outre, elle a indiqué que la CESAP entreprenait actuellement un examen global de l’ODD 8, dirigé par l’OIT, afin d’affiner les indicateurs de la dimension sociale de l’Agenda du travail décent, notamment en ce qui concerne la protection sociale et le dialogue social.

Riccardo Mesiano et Katinka Weinberger (UNESCAP) montrent leur soutien aux messages portés par #timefor8.


 

Sur la même ligne, Oliver Chinganya (Directeur du Centre africain pour les statistiques de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique) a reconnu la difficulté de collecter et de comparer des données en Afrique, où seuls 27 pays sur 54 disposent de données comparables. Il a décrit les travaux en cours entrepris par la CEA et l’Union africaine pour améliorer les données sur le marché du travail. Dans ce cadre, il a exprimé l’intérêt de la CEA à utiliser l’outil ODD8 proposé par la CSI et Asvis pour améliorer leur capacité de surveillance.

Oliver Chinganya a dit que UNECA utilisera l’Index ODD 8.


 

Dans la perspective de l’Amérique latine et des Caraïbes, María Ortíz (Bureau du Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes) a souligné le rôle essentiel que le travail décent joue dans la lutte contre les inégalités, une pratique répandue dans la région. En particulier, elle a souligné la nécessité de renforcer les institutions du marché du travail, tout en renforçant l’accès à la protection sociale et en adoptant des politiques fiscales plus progressives pour mobiliser les fonds nécessaires.

María Ortíz et CEPAL considèrent le travail décent comme fondamental pour lutter contre les inégalités.


 

Enfin, Vinicius Pinheiro (Représentant spécial auprès des Nations Unies et Directeur du BIT) a présenté les points marquants du dernier rapport du BIT sur la mise en œuvre de l’ODD 8, qui montrent que les progrès sont encore trop lents. Pinheiro a souligné l’utilité de la campagne de la CSI #timefor8 (LINK) pour appeler à une action accélérée et maintenir l’impulsion pour l’urgence de promouvoir le travail décent.

Vinicius Pinheiro a souligné l’utilité de #timefor8.


 

Plusieurs interventions, y compris de la part de la Commission européenne, ont souligné le rôle du dialogue social dans la mise en œuvre de l’ODD 8. Les participants ont également souligné l’importance de passer d’une mentalité axée sur les coûts à une approche axée sur l’investissement dans des thèmes aussi importants que la santé et la sécurité au travail et les salaires; la participation des femmes; l’économie de soins; l’importance de traduire la vision du Programme 2030 en politiques et lignes budgétaires concrètes; le rôle moteur de la jeunesse; le lien entre technologie et emploi; et la nécessité d’investir dans la formation et l’éducation.

Dans ses remarques de clôture, Mamadou Diallo (CSI, Secrétaire général adjoint) a souligné la nécessité de s’attaquer aux déficits persistants en travail décent. La campagne # timefor8 de la CSI et son message sur la nécessité d’accélérer l’action pour la mise en œuvre de l’ODD 8 s’inscrivent dans l’appel lancé par le mouvement syndical pour un Nouveau Contrat Social.

Paola Simonetti et Mamadou Diallo lancent l’appel pour un Nouveau Contrat Social.