Les syndicats appellent à une forte volonté politique pour le développement à la PABA+40

Une délégation mondiale de la CSI a participé à la Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud et Triangulaire. Organisée par le Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud (UNOSSC) et le gouvernement argentin, la conférence s’est déroulée à Buenos Aires du 20 au 22 mars 2019.

La Conférence, connue sous l’acronyme BAPA+40, commémore le 40e anniversaire du Plan d’action pour la promotion et la mise en oeuvre de la coopération technique entre pays en développement (CTPD), approuvé à Buenos Aires en 1978 et intitulé Plan d’action de Buenos Aires. (BAPA)

Au cours des trois jours de la Conférence, les délégués ont présenté les messages centraux du mouvement syndical dans le cadre de la coopération Sud-Sud et triangulaire (CSST) au cours de nombreuses discussions et réunions de sensibilisation avec des responsables gouvernementaux, des institutions internationales et d’autres organisations clés telles que l’OCDE, OIT, CEPAL et UNSSOC.

Des membres de la delegation avec le Directeur de l’Agence brésilienne à la cooperation (ABC). De gauche à droite : Ruy Pereira (ABC), Thiago Maeda (CUT-Brézil), Giulia Massobrio (CSI), Andrés Larisgoitia (CTA-Argentine), Marita González (CGT-Argentine) et Hugo García (UGT-Brézil)

 
La délégation a également participé activement aux sessions officielles, aux sessions interactives et aux événements parallèles de la Conférence.

Séances officielles

Nos messages ont été inclus dans le discours commun des organisations de la société civile, qui a été donné par Meja Vitalice, directeur de Reality of Aid Africa lors de la séance plénière d’ouverture. La délégation a participé aux discussions pour rédiger le discours et a réussi à inclure des mentions sur 1) le travail décent et la justice climatique; 2) responsabilité de l’entreprise; et 3) l’utilisation de la CSST pour promouvoir la couverture universelle de la protection sociale, mettre en place des systèmes fiscaux progressifs et garantir des salaires de subsistance.

Giulia Massobrio (CSI) a prononcé le discours de clôture de la délégation lors de la séance plénière finale. Elle a encouragé les gouvernements et les institutions internationales à faire preuve de plus de volonté politique et leur a rappelé que les syndicats sont prêts et disposés à partager leurs connaissances et leur expérience en matière de CSST afin de configurer, mettre en œuvre et soutenir toutes les réformes nécessaires permettant à la CSST de déployer tout son potentiel, essentiel pour les ODD et l’Agenda du travail décent.

Giulia Massobrio lors de son interlocution à séance plénière de clôture.

 

Séances officielles interactives

Maria Emeninta (KSBSI - Indonésie) a parlé des bonnes pratiques syndicales de la CSST. Maria a notamment évoqué le projet de collaboration triangulaire du mouvement syndical de l’ANASE, qui a permis de créer un réseau permanent entre les syndicats d’Indonésie, du Vietnam, du Cambodge et du Myanmar. Avec le soutien des syndicats belges, le réseau a élaboré une stratégie visant à normaliser les droits des travailleurs dans les entreprises multinationales et leurs chaînes d’approvisionnement, ainsi qu’à promouvoir les meilleures pratiques en matière de dialogue social multipartite.

Thiago Maeda (CUT - Brésil) a mis en exergue les principaux défis auxquels la CSST est confronté et comment ils devraient être abordés, d’un point de vue syndical. Thiago a souligné les principales lacunes de la CSST telles que la réduction de l’espace pour les syndicats et les organisations de la société civile, l’absence de mécanismes solides de responsabilisation en général et de responsabilité des entreprises en particulier, ainsi que la nécessité de résoudre les problèmes systémiques d’accès et de transfert des technologies.

Enfin, Marita González (CGT - Argentine) a évoqué les moyens de développer la CSST sur la base de la longue expérience des syndicats dans ce domaine. Elle a insisté sur la nécessité pour la CSST de s’orienter vers les ODD et le travail décent. Elle a également mentionné le potentiel de la CSST de devenir un moyen par lequel les pays pourraient établir des mécanismes progressifs de mobilisation des ressources nationales, y compris des systèmes fiscaux progressifs et des accords commerciaux multilatéraux équilibrés.

Marita Gonzalez lors de son interlocution à la session interactive officielle sur le développement de la CSST.

 

Événements parallèles officiels

Dans l’événement parallèle organisé par l’OIT, Kjeld Jakobsen (CSA) a discuté de l’avenir du travail et de l’emploi des jeunes dans le cadre de la CSST avec des représentants de l’OIT, jeunes entrepreneurs et un représentant des employeurs au Costa Rica. Kjeld a insisté sur la nécessité pour tous les acteurs de la CSST de s’adapter aux changements intervenus dans les avancées technologiques et a insisté sur la nécessité pour les syndicats et les employeurs de s’éloigner d’une vision du travail fermement fondée sur un cadre du vingtième siècle, difficilement applicable aujourd’hui. Cependant, un tel changement ne devrait pas impliquer une distanciation du respect des droits.


 

Notre document "Coopération syndicale Sud-Sud et triangulaire: nos contributions aux ODD." a été présenté à l’événement de l’Initiative de partenariat mondial pour une coopération triangulaire efficace. Maresa Leroux (CGSLB - Belgique) est également intervenue et a indiqué que les syndicats avaient contribué au dernier rapport de l’OCDE sur ce sujet. Maresa a brièvement évoqué le projet du CGSLB visant à soutenir la collaboration entre les syndicats du Burkina Faso et du Niger afin d’améliorer leurs compétences en matière de plaidoyer aux niveaux national et régional.


Déclaration finale

À la fin de la conférence, la délégation a présenté une réaction au document final de BAPA+40 (uniquement en anglais par le moment, des traductions en FR et ES sont en cours). Dans sa réaction, la délégation explique que le Document final constitue un simple point de départ pour élargir le champ de la coopération Sud-Sud et Triangulaire et pour améliorer potentiel véritable de cette coopération en tant que moteur des objectifs de développement durable. La déclaration finale présente également les sept points fondamentaux pour la CSST, du point de vue du mouvement ouvrier:

- * Les ODD et le travail décent au centre de la CSST;
- * Plus grande efficacité de la CSST;
- * Environnement favorable et dialogue social;
- * Appropriation démocratique des politiques de la CSST;
- * La mobilisation des ressources internes;
- * Technologie partagée et transitions équitables; et
- * Responsabilité des entreprises;