FPHN 2018 – Jour 5

Le 13 juillet 2018, les syndicats étaient présents au siège de l’ONU à New York pour le Jour 5 du Forum politique de haut niveau (FPHN). Dernier jour du segment de l’examen thématique, il s’agissait de l’examen de l’objectif 15 (vie terrestre) et de l’objectif 17 (méthodes de mise en œuvre/partenariat).

ODD 15

La plénière du matin a examiné les progrès accomplis dans la réalisation de l’objectif 15: préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à les exploiter de façon durable, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des terres et mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité. Trop souvent, les collectivités gardiennes des richesses écologiques les plus abondantes sont exposées à des violations des droits humains. Leur rôle dans la conservation et la restauration de la vie et des terres (ODD 15) est essentiel pour le maintien des services écosystémiques dont nous dépendons tous. Les assassinatsde 197 défenseurs de la terre et de l’environnement (dont un grand nombre de syndicalistes) rien qu’en 2017 témoignent de la désintégration de l’État de droit. Ces cas extrêmes sont symptomatiques d’une impunité plus généralisée des entreprises, autrement évidente dans les pratiques de spoliation des terres et de déforestation. Les processus démocratiques de responsabilisation ne peuvent tout simplement pas exister dans de tels contextes. Garantir la sécurité et la liberté d’expression et d’association de tous les citoyens est le strict minimum pour que le rôle de gardien des collectivités soit assuré. Au niveau des opportunités, les investissements dans l’intensification de l’agriculture durable et du développement rural ont le potentiel de créer de nouveaux emplois. Les syndicats y travaillent. Ces questions ont été soulevées dans la déclaration du Mécanisme régional d’engagement des OSC en Asie-Pacifique (APRCEM).

ODD 17

L’objectif 17 (« Renforcer les moyens de mise en œuvre et revitaliser les partenariats mondiaux pour le développement durable ») a été examiné au cours de la séance de l’après-midi. Par l’intermédiaire du Réseau syndical de coopération au développement (RSCD), les syndicats ont travaillé sur les questions fondamentales de la façon la plus efficace d’atteindre les objectifs de développement durable. Les syndicats mettent l’accent sur la nécessité de se pencher sur le secteur informel en expansion, qui constitue la réalité de 60 % des travailleurs de la planète (OIT). Pour ce qui est de la coopération internationale, l’utilisation de l’aide publique au développement et le rôle du secteur privé constituaient les principales priorités de l’ordre du jour. En outre, les syndicats soulignent le rôle clé du dialogue social en tant que moteur et instrument de gouvernance pour le développement durable, tant dans le processus de formalisation que dans la coopération au développement.

On observe une tendance à utiliser l’aide publique au développement pour « créer un effet de levier », « dé-risquer », « combiner » ou toute autre façon d’attirer des financements privés afin de contribuer au développement, dans le but d’augmenter les ressources globales pour le développement de « milliards en billions ». Cependant, les syndicats soulignent que lorsque l’on combine les ressources, il convient de tenir compte du fait que les objectifs de ces investissements sont également combinés, pour ne pas dire dilués. Bien que la création d’emplois soit l’un des principaux avantages que ces initiatives revendiquent, les dispositions visant à garantir que ces emplois rendent les travailleurs autonomes et ne les exploitent pas font défaut.

Au lieu de motiver leurs entreprises à agir correctement, les pays donateurs doivent se concentrer sur la mise en place et le respect du cadre réglementaire approprié pour adapter le secteur privé aux besoins du Programme à l’horizon 2030. Un élément important consiste, à l’instar de ce qu’a fait la France, à exiger des entreprises qu’elles s’acquittent de leurs responsabilités de « diligence raisonnable », comme le prescrivent les principes directeurs de l’ONU ayant trait aux entreprises et aux droits de l’homme.

Les syndicats ont demandé la parole, mais la séance a été clôturée avant que ceux-ci n’aient pu prononcer leur déclaration (consultable ici).

Segment de l’examen thématique

Le Jour 5 était le dernier jour du segment de l’examen thématique durant lequel les discussions en séance plénière se concentrent sur l’examen d’une sélection d’objectifs ainsi que sur une thématique globale. Constatant l’absence de mécanismes de suivi significatifs ou d’une déclaration commune sur cette séance, les premières réflexions relatives à cette section ont été assez critiques sur le manque d’impact réel desdites séances. Les syndicats, en leur qualité de grand groupe, ont collaboré étroitement avec d’autres groupes de parties prenantes. Au total, 18 groupes, chacun recevant les mêmes temps de parole disposent rarement de plus de 4 occasions de s’exprimer (2 minutes chacun) par séance plénière. Au total, cinq déclarations ont été prononcées par le grand groupe des travailleurs et des syndicats (y compris une position de l’animateur de la discussion). Cela ne laisse que très peu d’espace aux syndicats pour aborder l’évaluation transversale et les recommandations sur la manière de concevoir le monde du travail pour répondre aux exigences du Programme à l’horizon 2030.

Au cours du FPHN 2019, le thème général sera Autonomiser les personnes et garantir l’inclusion et l’égalité avec l’examen des objectifs 4 (éducation), 8 (travail décent), 10 (inégalités), 13 (lutte contre les changements climatiques) et 16 (paix et mise en place des institutions). Les syndicats auront besoin de plus d’espaces pour apporter leur contribution à ces questions qui occupent une place centrale dans leur travail. Pour ce faire, les possibilités de participation devront être explorées et examinées plus avant, en particulier dans la perspective du processus de réforme du FPHN (cf. Jour 1).

Dans les faits, l’examen thématique reste une plate-forme importante pour permettre aux syndicats de mettre en exergue leurs préoccupations. Il offre un espace pour placer certains sujets sur le devant de la scène internationale qui peuvent ensuite faire l’objet d’un suivi au niveau national.

Pour des renseignements complémentaires: