Zimbabwe : L’armée doit rendre le pouvoir au nom de la réconciliation nationale

La CSI a appelé l’armée zimbabwéenne à rendre le pouvoir immédiatement pour permettre une reprise en main du gouvernement par les civils et l’établissement d’un processus de réconciliation nationale. Après s’être emparés du pouvoir, les militaires ont placé le président Robert Mugabe en résidence surveillée.

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, a déclaré : « Il s’agit de la part de l’armée d’une démarche anticonstitutionnelle consistant à retirer du pouvoir un président qui a, lui-même, violé la constitution et les droits civils fondamentaux de façon répétée. Mugabe a pillé l’économie du Zimbabwe et plongé la vaste majorité de la population dans une grande pauvreté. Cela ne peut, toutefois, aucunement justifier les actions de l’armée, qui n’a pas de place au gouvernement d’une démocratie, même au milieu de la débâcle que connait le Zimbabwe aujourd’hui. L’État de droit doit prévaloir et les moyens doivent être assurés aux citoyens du pays de tracer une nouvelle voie pour le Zimbabwe, par le biais d’un processus de réconciliation nationale sous contrôle civil, fondé sur le respect de la démocratie et des droits humains. »

L’opération militaire est intervenue à la suite d’une tempête qui fait rage dans les rangs du parti ZANU-PF depuis les démarches entreprises par Mugabe en vue de la succession de sa femme, Grace Mugabe, à la présidence du pays. Après avoir été accusée d’agression contre une femme en Afrique du Sud en août, Grace Mugabe s’est vu accorder l’immunité diplomatique par le gouvernement de son mari et est actuellement en litige avec un marchand de diamants concernant une bague d’une valeur estimée à 1,35 million USD. Elle réclame le remboursement du coût de la bague à un compte en banque de Dubaï dont elle est titulaire.

« Les Zimbabwéens et la communauté internationale ne regretteront pas la fin vraisemblable de l’ère Mugabe et de sa coterie de dirigeants tristement célèbres pour leur mépris absolu à l’égard des gens ordinaires et la vaste quantité de richesse amassée dans leurs comptes privés. Ce nonobstant, la prise du pouvoir par l’armée n’est acceptable sous aucune circonstance. Les officiers de l’armée devront rendre le pouvoir immédiatement, la liberté de la presse devra être restaurée et les autres droits fondamentaux, dont la liberté d’association et la liberté syndicale, devront être pleinement respectés.

« Le mouvement syndical international se solidarise avec le peuple du Zimbabwe et suivra de près l’évolution de la situation, pour assurer que ses droits démocratiques soient respectés », a ajouté madame Burrow.