Jordanie : Violente répression contre une grève de travailleurs vietnamiens

La Confédération syndicale internationale (CSI) et la Fédération internationale des travailleurs du textile, de l’habillement et du cuir (FITTHC) condamnent fermement l’attaque perpétrée contre 176 travailleuses et travailleurs migrants vietnamiens partis en grève le 11 février 2008 dans l’usine W&D Apparel, dans la zone industrielle d’Al Tajamouat, à Amman.

Bruxelles, le 17 mars 2008: La Confédération syndicale internationale (CSI) et la Fédération internationale des travailleurs du textile, de l’habillement et du cuir (FITTHC) condamnent fermement l’attaque perpétrée contre 176 travailleuses et travailleurs migrants vietnamiens partis en grève le 11 février 2008 dans l’usine W&D Apparel, dans la zone industrielle d’Al Tajamouat, à Amman.

Les employés vietnamiens ont organisé leur action collective pour protester contre les conditions abusives de vie et de travail auxquelles ils sont soumis dans l’usine taiwanaise. Pour pouvoir accéder à cet emploi à Amman, les travailleuses et travailleurs concernés ont dû payer 1600 dollars en frais de recrutement à un agent de placement vietnamien; une somme qui équivaut à près de trois années de travail au salaire minimum. Pour appâter les candidats, les recruteurs n’ont pas hésité à promettre des salaires de l’ordre de 220 dollars par mois en Jordanie. Une fois sur place, l’employeur leur a confisqué passeports et documents personnels, les a forcés à travailler jusqu’à 16 heures par jour et leur a accordé un salaire d’entre 80 et 150 dollars par mois.

Pour obliger les travailleurs à retourner à leurs postes, l’entreprise les a privés de nourriture et a limité le versement de compensations aux travailleuses et travailleurs les plus productifs. Dix jours plus tard, alors que la majorité des effectifs étaient toujours en grève, l’employeur a fait appel à l’intervention de la police. De nombreux travailleurs ont été blessés au cours de l’assaut des forces de l’ordre.

Dans une lettre envoyée au gouvernement jordanien (EN - pdf), la CSI et la FITTHC ont exhorté les autorités à Amman à prendre les dispositions qui s’imposent pour que W&D respecte le droit des travailleuses et travailleurs migrants de créer de syndicats de leur choix et d’y adhérer, ainsi que le droit de mener des négociations collectives avec l’employeur. D’autre part, elles ont demandé au gouvernement jordanien d’ouvrir d’urgence une enquête pour déterminer les circonstances exactes de l’intervention policière contre les grévistes et traduire en justice tout policier coupable d’abus à l’encontre des travailleuses et travailleurs.

« L’exploitation systématique des travailleuses et travailleurs migrants doit cesser », a déclaré Guy Ryder, secrétaire général de la CSI. « Quand des migrants sont employés dans des conditions relevant du travail forcé, les agences qui les ont recrutés se convertissent en trafiquants d’êtres humains. Ce qui est arrivé à Amman revient ni plus ni moins qu’à criminaliser des travailleuses et travailleurs dans l’exercice pacifique de leur liberté d’expression et d’association. »

Pour plus d’information concernant les travailleurs migrants en Jordanie, veuillez cliquer ici :

- Les travailleurs migrants au Moyen-Orient

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