Les syndicats à la 36eme session de la CEPAL

La Commission économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CEPALC) est une des cinq commissions régionales des Nations Unies et vise à contribuer au développement économique et social de la région. Représentants la CSA-TUCA, Etiel Moraga Contreras (CUT Chili) et Marita Gonzalez (CGT Argentine) étaient présents à la 36ème session qui s’est tenue à Mexico du 24 au 27 mai 2016. La réunion a mis sur pied le Forum des pays d’Amérique Latine et des Caraïbes sur le développement durable en tant que mécanisme régional pour le suivi de l’implémentation du Programme 2030 pour le développement durable.

Comme résultat principal, il conviendrait de signaler l’importance du document Horizonte 2030, qui propose un paradigme du développement différent du modèle basé sur la croissance de la production et de l’exportation poursuivi par beaucoup de pays de la région.

Dans ce sens, il est possible de distinguer un nouvel alignement des acteurs gouvernementaux, avec à leur pointe le Mexique (qui occupe en outre la présidence de cinq forums internationaux (innovation technologique, population et développement, changement climatique, CEPALC), qui alignent le Panama, le Brésil, le Chili, l’Argentine, et le Costa Rica, de manière globale, et d’autre part, les pays des Caraïbes, et d’Amérique centrale, l’Équateur, Cuba, la Bolivie et l’Uruguay, dont la perspective concernant le modèle de développement s’accorde davantage avec le document Horizonte 2030, qui approfondit la ligne « cépalienne » ou développementale (Prebich) de cette entité et de sa direction actuelle.

Le document Horizonte 2030 offre un diagnostique bien différent de celui des pays de l’Atlantique Nord concernant la Crise de 2008 et les actuelles crises en cascade au niveau des régions. Dans son analyse, il relève au nombre des problèmes fondamentaux de l’économie capitaliste la tendance récessive, la baisse de la demande, l’affaiblissement de la propension consumériste des particuliers et des entreprises, qui empêche notre région de poursuivre sa croissance au prix de la croissance des exportations (rétraction du commerce). Comme second axe, il pointe la disparité propre à notre région et comme troisième axe, le changement climatique irréversible qui affecte non seulement les Caraïbes mais aussi les pays côtiers (l’attention a été attirée sur le cas de Montevideo).

Le désaccord implicite des pays présents à propos du juste équilibre entre État, marché et société s’est concrétisé dans les conclusions, où il a été question de voies singulières de développement. Pour citer textuellement un passage des conclusions : « Chacun parle conformément à ce qu’il a pu tirer de la partie ».

La ligne du rôle de l’État pour la CEPALC était à la charge de l’économiste italienne Mariana Mazzucato (professeur en Économie de l’innovation à l’Unité de recherche en sciences politiques (PSRU) de l’Université de Sussex (Royaume-Uni)), qui a démontré à l’aide de données historiques deux éléments centraux qui remettent en cause le modèle néolibéral.

  1. Les avancées scientifiques et technologiques naissent des investissements publics. Exemple : L’Ipad de Apple, où les entreprises n’ont fait que rendre le produit plus attractif (cool) à travers le design
  2. Le mythe des petites entreprises ou des multinationales. Démontre que les moyennes entreprises sont les mieux préparées pour générer de l’emploi et l’innovation mais que l’État doit néanmoins fournir une aide à moyen terme et de manière durable.

La CEPALC a âprement critiqué la classification unidimensionnelle des pays sur la base de leur PIB et, plus particulièrement, la « graduation » de pays comme le Mexique, le Chili, Antigua et la Barbade. La nomenclature de pays à moyens revenus fut aussi fortement critiquée.

Intégration régionale : Alors que le document approfondit l’axe de l’amélioration du commerce interrégional en Amérique latine et Caraïbes, les voix du Cône Sud ont été discordantes, en particulier celles du délégué du Brésil et de la ministre des Affaires étrangères de l’Argentine, qui ont soutenu que l’intégration servait à améliorer l’offre aux marchés tiers.

Les partenariats public-privé sont généralement assumés, suivant les différentes perspectives de pays, comme souhaitables, même lorsque la réglementation devant être exercée par l’État est modifiée.

Relation avec l’Union européenne : La négociatrice pour l’Union européenne (Federica Mogherini) s’est félicitée des accords conclus avec Mercosur (notamment du fait qu’il y ait déjà des offres sur la table et que certaines restrictions aient été éliminées).

Résultats les plus importants :

  • Adoption du document de position Horizonte 2030
  • Création du Forum régional sur le développement durable (Foro Regional sobre desarrollo sostenible), avec un budget et un ordre du jour annuel prévoyant la participation de la société civile, nonobstant la nécessité d’une action de plaidoyer en vue de sa concrétisation.