Turquie : La menace de dictature point suite au déplorable putsch avorté

La CSI a exprimé sa profonde préoccupation concernant le limogeage de près de 3000 procureurs et juges et de quelque 8000 policiers, ainsi que d’un grand nombre de fonctionnaires publics au lendemain de la tentative de putsch ratée en Turquie, à l’issue de laquelle 232 personnes auraient été tuées et 1400 blessées.

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, a déclaré : « Pour commencer, nos pensées vont aux familles des personnes qui ont tragiquement perdu la vie et aux centaines de blessés. La CSI condamne sans ambages la tentative de prise de pouvoir par la force militaire et appelle les responsables à être traduits en justice en pleine conformité avec l’état de droit. La rapidité avec laquelle le gouvernement du président Erdogan a exécuté le limogeage de milliers de procureurs et juges, de quelque 8000 policiers et de nombreux fonctionnaires et autres responsables est un motif de réelle préoccupation. Si la tentative de putsch a échoué, la démocratie, elle, reste menacée, alors que les autorités semblent déterminées à consolider le pouvoir encore davantage, indépendamment des conséquences pour le peuple turc et ses voisins. »

Au total, quelque 6000 personnes auraient été arrêtées depuis la tentative de coup d’État.

Ces dernières années ont vu un affaiblissement marqué des libertés démocratiques et des droits humains en Turquie, où les syndicalistes, journalistes et académiciens sont particulièrement ciblés dans le cadre de la répression exercée par l’État. En mai de cette année, la CSI dénonçait la mise en examen de plus de 1000 adhérents de syndicats pour leur participation à un événement pour la paix et la démocratie. D’après le rapport, 284 d’entre eux sont en exil ou ont été transférés, 403 ont été mis en retraite forcée, 102 ont fait l’objet d’une enquête et 97 ont été poursuivis pour « insultes au président ».

« La Turquie a survécu à cette tentative de coup d’État. À son lendemain, il est impératif que le président Erdogan et son gouvernement respectent les principes fondamentaux de la démocratie et du droit international. Les actes ignominieux et violents d’une partie de l’armée ne doivent pas servir de prétexte à un durcissement de la répression à l’encontre des opposants au gouvernement qui sont, eux-mêmes, engagés pour la paix, la démocratie et les droits humains », a ajouté madame Burrow.