Guatemala – Démission du président : un pas vers la démocratie et l’État de droit

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La démission du président du Guatemala, Otto Pérez Molina, suite au mandat d’arrêt émis contre lui pour corruption, marque une avancée positive vers le renforcement de la démocratie et de l’État de droit dans le pays.

Le mandat a été émis après la décision unanime de l’Assemblée législative du pays de le priver de son immunité en raison d’une affaire de fraude douanière qui lui aurait rapporté, ainsi qu’à ses collaborateurs, des millions de dollars.

La Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG) a joué un rôle primordial pour dénoncer l’implication de l’élite au pouvoir dans cette affaire de fraude et de corruption. Les gouvernements, la CSI et d’autres groupes n’ont pas ménagé leurs efforts afin que la Commission puisse poursuivre son travail, alors que son dernier mandat expirait fin 2014.

Víctor Báez Mosqueira, le secrétaire général de l’Organisation régionale de la CSI pour les Amériques (CSA), déclare : « C’est une étape essentielle, et la communauté internationale doit désormais maintenir la pression pour garantir le renforcement des institutions et des processus démocratiques au Guatemala. Les droits du travail, la protection sociale et la fin de l’impunité des auteurs de crimes contre les syndicalistes et contre d’autres défenseurs de la démocratie, sont indispensables pour mettre en place un changement réel et durable. Le peuple du Guatemala ne doit pas continuer de subir ce système pourri, qu’on n’aurait modifié qu’en surface ».

Depuis de nombreuses années, le Guatemala est l’un des pays les plus dangereux au monde pour les syndicalistes : au moins 74 syndicalistes ont été assassinés depuis 2004, et les auteurs de ces crimes bénéficient d’une impunité totale.

Sharan Burrow, la secrétaire générale de la CSI, ajoute : « La situation du Guatemala illustre bien, une fois de plus, les liens profonds qui existent entre la corruption et les violations des droits du travail et d’autres droits humains. Les responsables de la corruption sont également coupables de faire régner la terreur contre ceux qui défendent la démocratie et les droits humains, et il est grand temps qu’ils soient tous traduits en justice ».

Les élections nationales programmées le 6 septembre font craindre que la corruption, qui caractérise depuis longtemps la politique du Guatemala, ne continue de jouer un rôle significatif dans les résultats électoraux.