Le FMI et la Banque mondiale doivent soutenir une reprise induite par les salaires et les investissements publics

photo: Aaron Web

La secrétaire générale de la CSI, Sharan Burrow, a exhorté les responsables du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, dont les réunions annuelles se tiendront à Washington ce week-end (10-12 octobre), à préconiser une stratégie de relance coordonnée induite par les salaires et des investissements publics qui s’attaque aux problèmes liés de l’absence de demande globale et de hausse des inégalités, qui sont les causes profondes de la stagnation économique mondiale et du taux de chômage qui demeure élevé.

« Selon les perspectives actualisées de croissance économique qu’il a publiées mardi, le chef économiste du FMI a mis en exergue les dangers d’une « stagnation séculaire » en appelant les gouvernements à se lancer dans des investissements dans des infrastructures publiques. Bien qu’un tel changement politique par le FMI après avoir promu des mesures d’austérité pendant des années soit le bienvenu, les institutions financières internationales devraient, en outre, soutenir un redressement des salaires. Dans la plupart des pays, les salaires n’ont pas suivi le même chemin ascendant que la productivité, expliquant ainsi la baisse de la part du travail dans le revenu national. C’est également la raison fondamentale pour laquelle les inégalités de revenus ont augmenté dans le monde entier. »

La CSI et ses organisations partenaires du groupement Global Unions ont présenté cette proposition dans une déclaration qu’elles ont adressée au président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, et à la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, ainsi qu’aux gouvernements des pays membres de ces deux institutions.

La secrétaire générale de la CSI a également encouragé vivement le président Kim à réviser les projets de mesures de sauvegarde relatives aux normes du travail publiées par la Banque mondiale en juillet. Sharan Burrow a indiqué:

« Contrairement aux mesures de sauvegarde relatives au monde du travail adoptées par d’autres banques multilatérales de développement – la Banque africaine de développement, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, et la branche du secteur privé de la Banque mondiale, la Société financière internationale – la proposition de mesure de sauvegarde relative au travail de la Banque mondiale n’impose pas le respect de toutes les normes fondamentales du travail de l’OIT; en réalité, elle ne les mentionne même pas. À l’inverse également des autres banques de développement, la norme ne s’appliquerait pas aux travailleurs contractuels alors qu’ils constituent généralement la majorité des personnes qui travaillent dans le cadre de projets financés par la Banque et qu’ils représentent une catégorie de travailleurs particulièrement vulnérables aux excès, notamment la discrimination et des conditions de travail peu sûres. »

« Après une décennie de progrès au sein des autres banques de développement, la proposition de mesure de sauvegarde relative au travail de la Banque mondiale représenterait un recul important si elle était adoptée sous sa forme actuelle », a déclaré Sharan Burrow. « La nouvelle norme de la Banque mondiale devrait être aussi solide que celle des autres banques de développement en termes de respect des normes fondamentales du travail, d’application aux travailleurs contractuels, d’évaluation des chaînes d’approvisionnement et d’obligation à fournir des informations écrites aux travailleurs et aux travailleuses relatives à leurs conditions d’emploi. »