Dans le sillage de l’effondrement du Rana Plaza, bâtiment qui abritait plusieurs ateliers de confection et dans lequel plus de mille travailleurs du secteur textile ont péri, les gouvernements des pays du G20 ont lancé un processus d’évaluation pour identifier les manières par lesquelles ils pourraient contribuer à des lieux de travail plus sûrs.
Presque un an plus tard, cette initiative commence à prendre forme et les gouvernements des pays du G20 ont invité les syndicats faisant partie du Groupe syndical 20 (L20) à proposer des idées sur la manière dont le G20 pourrait contribuer à plus de santé et de sécurité sur les lieux de travail.
Du côté des syndicats, l’accent a été mis sur le rôle d’une réglementation accrue et d’une mise en œuvre de la législation en matière de santé et de sécurité au travail (SST) à l’échelon national ainsi que tout au long des chaînes d’approvisionnement, en exerçant une influence sur le comportement des entreprises dans les pays qui ne font pas partie du G20.
Le L20 a par conséquent suggéré plusieurs options que le G20 et les pays membres du G20 pourraient adopter immédiatement et qui sont susceptibles d’avoir un impact décisif sur la vie et la santé des travailleurs.
Ces mesures incluent l’élaboration de feuilles de route pour promouvoir des lieux de travail plus sûrs, prévoyant la reconnaissance des droits des salariés à la sécurité et à la santé, et par conséquent le droit à l’information sur la SST, le droit de bénéficier de formations en matière de SST, le droit de refuser d’accomplir un travail dangereux, la protection des lanceurs d’alerte et la protection contre la victimisation ou les « listes noires », entre autres.
Les feuilles de route du G20 devraient également préciser les mesures à prendre, telles que :
Mettre en œuvre efficacement la législation relative à la SST, répondre à la nécessité d’un financement gouvernemental approprié (notamment pour l’inspection du travail), faire payer un prix plus élevé aux employeurs négligents pour leur non-prise en compte de la SST, et imposer des obligations juridiques explicites aux propriétaires/dirigeants d’entreprises.
Ratifier, mettre en œuvre et faire appliquer toutes les conventions et recommandations pertinentes de l’OIT [1] .
Améliorer la protection en matière de SST des salariés dans des formes d’emploi atypiques tels que les salariés temporaires, mais aussi à l’intention des travailleurs plus vulnérables en raison de leur condition de migrants, de membres d’une minorité, ou les autres travailleurs socialement défavorisés.
Prendre en compte la SST dans les secteurs dangereux, comme l’industrie minière, l’agriculture, la pêche, la manutention portuaire et la construction, ainsi que dans le secteur textile et la confection, en particulier en cas de risque d’incendie et lorsque l’intégrité des bâtiments est compromise.
Prendre des mesures pour lutter contre des niveaux dangereux d’exposition à des substances carcinogènes, notamment l’amiante, le cadmium, le mercure, ainsi que contre les risques liés aux nanotechnologies et autres substances ou processus émergents mais dont l’innocuité n’est pas suffisamment prouvée.
Faire face aux risques psychosociaux, notamment le stress, le harcèlement, l’intimidation et les autres formes de violence au travail.
Le L20 demande également au G20 d’approfondir la discussion sur la promotion de lieux de travail plus sûrs dans l’ensemble des chaînes d’approvisionnement, en s’appuyant sur l’expérience respective des gouvernements, des entreprises et des syndicats et en prenant en considération le rôle des instruments internationaux adoptés pour l’heure, tels que les Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales.
Les syndicats estiment en outre que les gouvernements des pays du G20 devraient contribuer au renforcement de la santé et de la sécurité des lieux de travail au moyen d’un partage d’information sur des questions importantes, comme les meilleures méthodes d’organisation du travail (meilleure conception de l’activité, qui réduise ou élimine les risques physiques, biologiques, chimiques, psychosociaux ou autres), de l’élimination des risques (interdictions, restrictions et contrôle des substances toxiques et des processus dangereux), du traitement des risques émergents (stratégies législatives et de contrôle, incluant notamment des approches préventives), de la reconnaissance et de la prévention des maladies professionnelles (compilation de listes consolidées de ces maladies au niveau national et régional, par exemple à des fins de compensation), entre autres.
Ces propositions seront formulées dans le cadre de la prochaine réunion du Groupe de travail sur l’emploi, qui se tiendra cette semaine à Brisbane (Australie), les 23 et 24 juillet.