Costa Rica : La CSI soutient le « Non » au référendum sur le RD-ALEAC

Dimanche, la population du Costa Rica se rendra aux urnes dans le cadre du référendum sur la ratification du RD-ALEAC, accord de libre-échange (...)

Bruxelles, le 5 octobre 2007: Dimanche, la population du Costa Rica se rendra aux urnes dans le cadre du référendum sur la ratification du RD-ALEAC, accord de libre-échange entre les Etats-Unis, la République dominicaine et l’Amérique centrale (Costa Rica, Salvador, Guatemala, Honduras et Nicaragua.) Le Costa Rica est le seul de ces sept pays à n’avoir pas encore ratifié l’accord.

Les organisations affiliées à la CSI au Costa Rica, la CMTC (Centrale du mouvement des travailleurs du Costa Rica) et la CTRN (Confédération des travailleurs Rerum Navarum) ont, toutes deux, été fermement engagées dans la campagne pour le NON. Le dimanche 30 septembre, jour de clôture officiel de la campagne, un vaste rassemblement a été organisé dans la capitale San Jose appelant les Costaricains à voter NON. Les syndicats se sont mobilisés en masse à cette occasion.

La CSI soutient la position des syndicats costaricains, qui a aussi le soutien de la centrale AFL-CIO des Etats-Unis. « L’accord proposé manque de tenir compte de l’impact que le RD-ALEAC est susceptible d’avoir sur les droits des travailleurs et d’autres enjeux liés au travail décent », a déclaré Guy Ryder, secrétaire général de la CSI. « Il est extrêmement probable qu’une accélération des flux commerciaux entre les deux régions vienne éroder, de plus belle, le respect des normes fondamentales du travail. De fait, il est déjà extrêmement difficile pour les travailleurs en Amérique centrale et en République dominicaine de s’organiser en syndicats, vu les intimidations, les menaces, les licenciements arbitraires et les listes noires auxquels ils s’exposent lorsqu’ils tentent d’adhérer à un syndicat.

Dans le cas des maquilas (également connues en tant que zones franches d’exportation ou ZFE), les employeurs ne reculent devant rien pour entraver l’organisation syndicale et la négociation collective. Les atteintes aux droits des travailleurs sont légion, tant au Costa Rica que dans les autres pays inclus dans le RD-ALEAC. A noter, par ailleurs, que le RD-ALEAC ne contient aucune protection contre la discrimination à l’égard des femmes et d’autres catégories de travailleurs dont les droits ont fréquemment été bafoués par le passé.

En dépit de l’existence de preuves accablantes de non-respect systématique des droits des travailleurs, le RD-ALEAC n’offre pas la moindre solution. En effet, l’accord inclut une seule clause applicable au plan des droits des travailleurs, en vertu de laquelle les pays membres sont uniquement tenus d’appliquer leurs propres lois du travail, lois qui, selon les rapports de l’Organisation internationale du travail, manquent de satisfaire aux normes internationales du travail. Le RD-ALEAC ne contient aucune clause applicable empêchant les pays d’affaiblir, voire d’éliminer certaines de leurs lois du travail. A la lumière de ce qui précède, il y aurait tout lieu de considérer que le RD-ALEAC représente un pas en arrière, puisqu’en vertu des lois commerciales en place à l’heure actuelle, les Etats-Unis peuvent révoquer des avantages commerciaux aux pays d’Amérique centrale et de la Caraïbe, pas seulement s’ils n’appliquent pas leurs lois du travail mais aussi si ces lois ne protègent pas les droits des travailleurs.

L’ALEAC ne manque pas seulement de tenir compte des enjeux des travailleurs. Son impact sur les perspectives de développement de la sous-région d’Amérique latine est contestable. En effet, si l’accord de libre-échange entre en force, 80% des marchandises provenant des Etats-Unis entreront en Amérique centrale et en République dominicaine exemptes de taxes, tandis que les quotas restants devraient être totalement éliminés au bout de dix ans. Ceci aura essentiellement pour effet d’empêcher les pays d’Amérique latine de protéger leurs propres industries contre la concurrence étrangère et risque, par là-même, de compromettre toutes nouvelles perspectives de développement industriel.

Au Costa Rica , l’ALEAC donnerait également le feu vert à la libre-concurrence dans les secteurs des télécommunications et des assurances, actuellement tous deux sous le contrôle de l’Etat. La libéralisation de tels marchés entraînerait la privatisation de ces services, avec des conséquences particulièrement désastreuses pour l’emploi.

Dans le domaine de l’agriculture, l’ALEAC n’augmente pas de façon notable l’accès au marché des Etats-Unis de la République dominicaine et des pays d’Amérique centrale. Il élimine toutefois les tarifs douaniers de ces pays pour des céréales de base comme le riz, les haricots secs et le maïs. Ceci pourrait agir au détriment du secteur agricole d’Amérique centrale, dès lors que les exploitants de plus petite taille ne seront pas à même de concurrencer les importations agricoles subventionnées provenant des Etats-Unis. Des retombées négatives pour les moyens d’existence des populations rurales défavorisées –qui constituent la majorité de la population dans la plupart des pays – sont à craindre.


Créée le 1er novembre 2006, la CSI représente 168 millions de travailleurs au sein de 305 organisations affiliées nationales dans 153 pays.

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