Swaziland : Les attaques contre les travailleurs se multiplient

La Confédération syndicale internationale (CSI) est profondément inquiète face à la recrudescence des attaques contre les travailleurs et la détérioration d’une situation déjà critique au plan des droits fondamentaux au Swaziland.

Nous avons été informés que le Conseil municipal de Manzini a interdit un mouvement de protestation prévu le 12 avril 2014. À cette occasion, la centrale syndicale TUCOSWA entendait attirer l’attention sur la Proclamation du Roi, adoptée le 12 avril 1973, qui a, de fait, instauré une monarchie absolue en investissant le roi de « tous les pouvoirs exécutifs, judiciaires et législatifs ».

Malgré l’adoption de la Constitution du Swaziland en 2005, ce décret n’a pas été révoqué et continue d’être utilisé pour museler toute contestation dans le pays. L’interdiction d’un mouvement de protestation concernant un enjeu qui affecte profondément les syndicats constitue une atteinte flagrante à la Convention 87 sur la liberté syndicale, comme l’a souligné à maintes reprises le Comité de la liberté syndicale de l’Organisation internationale du travail (OIT).

D’autre part, l’avocat des droits humains et conseiller juridique du Trade Union Congress of Swaziland (TUCOSWA), Thulani Maseko, et Bheki Makhubu, rédacteur en chef de la revue The Nation ont fait l’objet d’une nouvelle arrestation le 10 avril 2014. Maseko et Makhubu avaient déjà été arrêtés le 17 mars 2014 pour avoir exercé leur droit de liberté d’expression en publiant des articles d’opinion parus dans The Nation, le 6 avril, concernant les failles de l’appareil judiciaire du Swaziland.

Pendant ce temps, Basil Thwala, auxiliaire juridique auprès du Swaziland Transport and Allied Workers Union, continue de purger une peine de prison de deux ans. Il a été inculpé et condamné en vertu de la loi relative à l’ordre public (Public Order Act, 1963) et la loi sur la circulation routière (Road Traffic Act, 2007), suite à sa participation à un mouvement de grève en juillet 2012.

Le TUCOSWA et l’ATUSWA (Amalgamated Trade Unions of Swaziland) n’ont toujours pas obtenu l’enregistrement et pour autant ne sont toujours pas autorisés à faire valoir leurs droits en vertu de la loi sur les relations du travail (Industrial Relations Act, 2000) et de la Convention 87 de l’OIT sur la liberté syndicale.

Conséquemment, le Swaziland a fait l’objet d’un paragraphe spécial dans le Rapport de la Commission de l’application des normes de l’OIT à pas moins de trois reprises, chaque fois pour des atteintes graves au droit de liberté syndicale. Une récente Mission de haut niveau de l’OIT au Swaziland a conclu qu’« aucun progrès concret et tangible » n’a été accompli depuis plus d’une décennie en matière de respect du droit de liberté syndicale. Les États-Unis, qui se sont déclarés « profondément inquiets face au manque de progrès tangible en matière de droits des travailleurs » ont décidé de procéder à un examen d’éligibilité de mi-parcours dans le cadre de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA).

Nous en appelons instamment au gouvernement du Swaziland pour qu’il modifie sa conduite et mette fin aux attaques contre les droits des travailleurs. En attendant, nous continuerons à surveiller de près la situation et n’hésiterons pas à signaler tout abus aux instances internationales concernées.

For more information, please contact the ITUC Press Department on: +32 2 224 02 04 or +32 476 621 018

photo: ILRI