La CSI dénonce les menaces et l’intimidation dans les raffineries de sucre de Fidji

La semaine dernière, le syndicat des travailleurs du sucre de Fidji (Fiji Sugar and General Workers’ Union, FSGWU) a déposé un préavis légal en vue de la tenue d’un vote au scrutin secret pour autoriser une grève dans les raffineries de sucre du pays.

Le syndicat a conclu qu’il ne lui restait pas d’autre alternative, dès lors que la Fiji Sugar Corporation (FSC), entité publique qui possède et exploite les raffineries, a catégoriquement refusé d’engager des négociations avec le syndicat et a systématiquement violé la législation du travail et ignoré les conventions collectives antérieures. Les travailleurs des raffineries, dont un grand nombre vit dans la pauvreté, n’ont pas obtenu d’augmentation depuis sept ans. Suite au dépôt du préavis par le syndicat, la FSC a annoncé une augmentation salariale symbolique qui n’apporte même pas un début de réponse au grief des travailleurs des raffineries, qui ont vu leurs salaires baisser de plus de 40% au cours des sept dernières années.

La direction de la FSC a tenu des assemblées sur les lieux de travail dans le but de dissuader les employés syndiqués de voter et a même menacé de transmettre leurs noms au gouvernement – dictature militaire au pouvoir depuis 2006 – dans le cas où ils voteraient. Depuis le 23 juillet, date du début du scrutin de grève, des policiers et des militaires ont été postés à proximité des lieux où le vote avait lieu pour menacer et intimider les travailleurs. Le procureur général de Fidji, auteur d’une grande partie des décrets répressifs qui ont spolié les travailleurs et les citoyens de leurs droits fondamentaux a, à présent, adressé des menaces au syndicat par le biais d’une presse largement contrôlée par l’État. Dans la dernière menace en date, le gouvernement a annoncé qu’il interviendrait pour maintenir les raffineries en fonctionnement en cas de grève. Ce qui est interprété comme signifiant que l’armée sera mobilisée en tant que main-d’œuvre de remplacement et/ou que le gouvernement inclura le secteur sucrier dans le champ d’application du Décret sur les industries essentielles (Essential National Industries, ENI). Condamné à maintes reprises par l’Organisation internationale du travail, le décret ENI prévoit la suppression quasi-totale des droits relevant de la liberté d’association et de la négociation collective.

« La CSI condamne ces atteintes extrêmement graves à la liberté syndicale », a déclaré Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI : « Le régime n’a montré que du mépris pour l’État de droit et les intérêts de ses propres citoyens. Ce comportement brutal qui fait suite à une longue litanie de voies de fait et d’arrestations arbitraires, outre la mise sous surveillance de syndicalistes et l’affaiblissement systématique de la législation du travail du pays sont autant de raisons pour lesquelles la communauté internationale appelle à la mise sur pied, cette année, d’une Commission d’enquête de l’OIT. Ce régime hors la loi doit être arrêté. »