Les États-Unis suspendent les concessions commerciales accordées au Bangladesh en raison d’infractions aux droits au travail

La pression sur le Bangladesh pour qu’il revoie sa législation du travail est montée d’un cran depuis la décision du gouvernement des États-Unis d’imposer des sanctions commerciales à la suite d’infractions répétées aux droits fondamentaux de la main-d’œuvre.

L’AFL-CIO avait déposé une plainte en 2007, demandant aux États-Unis de suspendre les préférences commerciales accordées au Bangladesh en vertu du système de préférences généralisées (SPG) si le gouvernement ne prenait aucune mesure pour veiller au respect des droits des travailleuses et des travailleurs, y compris dans l’imposante industrie de confection de vêtements et dans les zones franches industrielles du pays où la loi interdit aux salariés de former des organisations syndicales. Depuis, la situation de la main-d’œuvre n’a fait qu’empirer et plus tôt dans l’année, plus de 1.000 personnes ont perdu la vie dans la catastrophe du Rana Plaza.

« Cette décision, que nous attendons depuis longtemps, représente une étape importante pour les travailleuses et les travailleurs, explique Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI. C’est un message fort envoyé à tous les gouvernements et aux employeurs, réaffirmant qu’aucune infraction des droits fondamentaux de la main-d’œuvre ne sera tolérée de la part d’un pays qui entend participer à l’économie mondiale. »

La CSI soutient l’appel de l’AFL-CIO et du mouvement syndical bangladais qui exige du gouvernement national qu’il agisse sans délai et de son propre chef pour garantir le respect des droits des travailleurs dans la loi et la pratique. La CSI demande aussi aux marques internationales qui se fournissent au Bangladesh qu’elles accentuent leurs efforts visant à veiller au plein respect des droits de la main-d’œuvre tout au long de leurs chaînes d’approvisionnement. Les exigences des acheteurs internationaux envers les sociétés bangladaises expliquent en partie que des conditions d’exploitation se perpétuent dans le pays.

Dans la dernière infraction dénoncée au sein d’une usine, la direction de Sadia Garments Ltd s’adonnait à une virulente campagne antisyndicale. Sur base de plaintes de la part de salariés, la police a convaincu la direction de Sadia de rencontrer des représentants syndicaux le 29 mai. Hélas, lorsque ces derniers sont arrivés, ils ont été malmenés et menacés par environ 20 bandits armés recrutés par la direction. Chaque travailleur a alors été forcé de signer un document vierge qui a été utilisé pour prouver qu’ils avaient démissionné du syndicat. À la suite d’une deuxième intervention des forces de l’ordre, la direction a signé un accord avec l’organisation syndicale, mais a recommencé à harceler et à intimider les salariés. Le 22 juin, la secrétaire générale du syndicat, Maksuda, a été frappée à plusieurs reprises par des représentants de la direction. Elle et d’autres personnes ont alors été obligées d’annoncer qu’elles avaient démissionné du syndicat.

Pour en savoir plus sur l’affaire de l’usine de vêtements Sadia

Pour en savoir plus sur la déclaration de l’AFL-CIO à propos de la décision relative au système de préférences généralisées