Encourager la participation des travailleurs/euses dans les usines vietnamiennes

Il est arrivé à certains d’entre nous (et j’en fais partie) de transpirer des heures sur le montage d’un meuble en kit. Et pourtant, il faut dire que même le casse-tête le plus diabolique pour tenter d’obtenir un lit deux places est un jeu d’enfants à côté de ce que peut représenter le travail dans les usines qui ont fabriqué ces kits.

Il est probable que votre meuble en kit provienne d’une usine d’Asie du Sud-Est comme celles que j’ai visitées la semaine dernière dans le sud du Vietnam en compagnie de l’organisation Ethical Trading Initiative (Initiative d’éthique commerciale – ETI) – dont la TUC est membre, aux côtés de diverses ONG et entreprises. Nous y avons vu des ouvriers/ères travailler de longues heures sous un mauvais éclairage et dans une chaleur étouffante. Les travailleurs/euses d’une des usines avec lesquels j’ai discuté m’ont appris qu’ils/elles gagnaient en moyenne 3 millions VND par mois (soit 93 GBP), ce qui est certes au-dessus du salaire minimum, mais largement en-dessous du salaire minimum vital préconisé pour la région par l’organisme Asia Floor Wage (Salaire minimum en Asie).

Malheureusement, ces conditions sont monnaie courante. De nombreuses entreprises britanniques ont fermement manifesté leur engagement en faveur de l’amélioration des droits des travailleurs/euses dans les usines auprès desquelles elles s’approvisionnent, en adhérant au Code de conduite de l’ETI, qui comporte neuf droits fondamentaux du travail, tels que la liberté d’association, un salaire minimum et des conditions de travail sûres.

Toutefois, les entreprises peuvent avoir du mal à savoir si les droits du travail sont respectés, dans la mesure où elles ont tendance à faire confiance à des audits qui, la plupart du temps, n’évoquent pas les conditions de travail réelles des employé(e)s. En effet, il est important de noter que les audits prennent rarement en compte les relations de travail qui existent dans une usine. La participation des travailleurs/euses est indispensable pour améliorer la rémunération et les conditions de travail, comme le souligne un récent rapport d’Oxfam.

Le voyage de l’ETI avait pour objectif de chercher le moyen de mettre en contact des grossistes basés au Royaume-Uni avec des usines vietnamiennes afin de développer, entre autres, des domaines tels que la participation des travailleurs/euses et l’amélioration des conditions de travail. Pendant notre visite, nous en avons appris davantage sur le travail réalisé actuellement par l’Organisation internationale du travail à cet égard, dans le cadre de son programme SCORE (Sustaining Competitive and Responsible Enterprises: Entreprises durables, compétitives et responsables). Cela montre l’impact positif que l’information relative à la coopération des travailleurs/euses peut avoir sur les usines. Ce programme prévoit, par exemple, des formations sur la coopération au travail ou sur les normes de santé et de sécurité dans les PME vietnamiennes du secteur de l’ameublement. Suite à la formation, une amélioration des conditions de santé et de sécurité a récemment été notée dans les usines participant au programme.

Dans le cadre de son programme fondamental sur les chaînes d’approvisionnement, l’ETI va lancer un projet au Vietnam avec le soutien du fonds d’aide du TUC, afin d’encourager la coopération, non seulement à différents niveaux des chaînes d’approvisionnement, mais aussi entre les travailleurs/euses et la direction des usines. Nous espérons que ce programme permettra d’instaurer une culture dans laquelle le Code de conduite de l’ETI sera systématiquement mis en avant au lieu d’être contrôlé par des audits. Comme le montre le programme SCORE, l’amélioration des relations de travail peut également avoir une incidence positive sur la productivité et la pérennité de l’entreprise. En outre, si les acheteurs ont une image positive des usines en tant qu’employeurs, ils seront d’autant plus motivés pour collaborer en faveur des bonnes pratiques.

La prochaine fois, avant d’acheter un meuble en kit, pour passer le temps, encouragez votre vendeur à adhérer à l’ETI et à soutenir les travailleurs/euses des usines dans lesquelles il s’approvisionne afin de permettre aux employé(e)s de s’exprimer davantage sur leur rémunération et leurs conditions de travail.

Article écrit par Rosa Crawford, TUC.