Renforcer le rôle des syndicats indépendants de garderies en Cisjordanie et à Gaza

Le projet « Renforcer le rôle des syndicats indépendants de garderies en Cisjordanie et à Gaza » a pris fin en novembre 2012. Le projet a été soutenu par la CGIL, a été financé par Nexus Emilia Romagna et a été mis en œuvre par le Democracy and Workers Rights Center (DWRC).

Les responsables palestiniens n’ont pas accordé d’attention, pendant longtemps, aux secteurs des écoles maternelles et des garderies, les laissant se développer comme des établissements du secteur privé ou de la société civile sans encadrement ni contrôle appropriés. Dans la bande de Gaza, la plupart des établissements ne sont même pas enregistrés officiellement dans la mesure où ils ne remplissent pas les exigences correspondantes et fonctionnent de manière informelle, au détriment des travailleurs/euses et des enfants. Les écoles maternelles et les garderies diffèrent considérablement en fonction de la situation et du statut de ces institutions, donnant souvent lieu à des conditions inadéquates dans les centres établis dans les régions les plus marginalisées (notamment les villages, les camps de réfugiés et les régions présentant un taux de chômage élevé), où la population dispose de peu de moyens pour se permettre des services de garde et d’éducation de la petite enfance. Les salaires peuvent être extrêmement bas (par exemple, entre 150 et 300 NIS – soit 30-60 EUR – par mois à Gaza; en Cisjordanie, une étude récente menée par le DWRC révèle que 68,4% des travailleurs titulaires d’un baccalauréat gagnent entre 400 et 800 NIS – soit 80-160 EUR – par mois), ayant une incidence négative sur la qualité des services qui peut être fournie. Comme plus de 99% des travailleurs/euses dans le secteur sont des femmes, elles sont victimes de l’absence de reconnaissance et de la marginalisation de leur profession dans la mesure où elle est souvent considérée comme la prolongation de la fonction reproductrice attribuée à la grande majorité des femmes dans la société palestinienne. Cette situation a entraîné les femmes dans le secteur à commencer à s’organiser en vue de combattre les conditions épouvantables de leur profession. Compte tenu de l’augmentation du nombre de femmes accédant au marché du travail ou souhaitant y accéder et de l’attention accrue prêtée à l’importance de l’éducation de la petite enfance, les écoles maternelles et les garderies sont des services importants qui doivent être développés dans toutes les régions, y compris les régions les plus marginalisées. Les syndicats représentant les travailleuses dans ce secteur veulent faire partie de ce processus et jouer un rôle en orientant les politiques des autorités nationales et locales afin de veiller à ce que les besoins sociétaux soient satisfaits et leurs propres droits et besoins ne soient pas ignorés. Ils souhaitent, en outre, développer leur capacité organisationnelle et leur structure, de sorte à pouvoir travailler en lien étroit avec les acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux en vue d’adopter des normes professionnelles unifiées et d’améliorer la situation du travail, l’objectif ultime étant d’offrir une éducation de qualité aux enfants et de sauvegarder les droits fondamentaux des travailleurs/euses.

Dans la bande de Gaza, le Syndicat des employés des écoles maternelles et des garderies a été réactivé grâce au soutien du DWRC. Nous l’avons, en outre, aidé à organiser sa conférence générale en juin 2011. Ce syndicat compte 250 membres, dont 15 membres ont été élus pour le comité administratif. Il a besoin, à présent, d’une plus grande assistance pour atteindre les objectifs suivants: élaborer des plans de travail, accroître le nombre de membres, renforcer le travail organisationnel au sein du syndicat et développer un réseau entre les membres du comité administratif.
En Cisjordanie, le Syndicat des travailleurs des écoles maternelles et des écoles privées a récemment tenu sa conférence générale et a été en mesure d’ouvrir une nouvelle filiale. Il représente désormais des travailleurs/euses dans cinq provinces et continue d’œuvrer pour accroître le nombre de membres dans toutes les régions et établir des filiales supplémentaires en vue d’obtenir davantage de soutien à son plaidoyer en faveur d’un salaire minimum et d’autres droits pour les travailleurs/euses du secteur.

Le projet s’est axé sur la situation de deux syndicats: dans la bande de Gaza, le Syndicat des employés des écoles maternelles et des garderies et, en Cisjordanie, le Syndicat des travailleurs des écoles maternelles et des écoles privées.
Nous avons enregistré, en Cisjordanie, 95 nouvelles affiliations et un nouveau comité de base a été établi à Jéricho. Le Syndicat des travailleurs des écoles maternelles et des écoles privées a élaboré son plan stratégique et a participé à la campagne mondiale pour l’éducation en Palestine en vue de réclamer l’éducation obligatoire dans les écoles maternelles. La situation financière demeure précaire et limite les activités syndicales. Les attentes des organisations affiliées par rapport aux représentants syndicaux sont très élevées, en particulier en ce qui concerne l’adoption d’un salaire minimum. La grande majorité des travailleurs/euses des écoles maternelles devraient bénéficier de cette mesure et le principal défi pour le syndicat sera de garantir sa pleine mise en œuvre dès le 1er janvier 2013.
Les concepts du travail syndical démocratique et la compréhension de la législation du travail ont été renforcés en faveur de 248 travailleurs/euses des écoles maternelles dans toute la bande de Gaza. Le nombre de membres du syndicat a augmenté de 25% grâce à l’établissement de cinq comités de travailleurs sur différents lieux de travail et à l’affiliation de 117 membres. Le Syndicat des employés des écoles maternelles et des garderies a acquis les compétences nécessaires pour mener ses propres luttes et engager le dialogue social.

Les suivantes recommandations et suggestions ont été formulées durant la conférence sur « La situation des écoles maternelles dans la bande de Gaza »:

1. Les ONGP et les fédérations du travail sont invitées à soutenir les écoles maternelles à travers des projets opérationnels.
2. Dynamiser le rôle du ministère du Travail en mettant à disposition des inspectrices du travail chargées de contrôler les conditions et le milieu de travail des travailleurs/euses des écoles maternelles ainsi que leurs contrats de travail.
3. Les propriétaires des écoles maternelles devraient s’organiser en une association d’employeurs en vue de faciliter le suivi des questions liées aux écoles maternelles avec les autorités compétentes.
4. Engager un dialogue social entre les partenaires sociaux dans ce secteur professionnel afin de permettre la négociation de conventions collectives de travail, qui devraient être respectées par toutes les parties, et dont la mise en œuvre serait contrôlée par le ministère du Travail en vertu des lois en vigueur.
5. Demander au ministère de l’Éducation d’entreprendre un processus de classification des écoles maternelles, qui serait suivi par une classification par le ministère du Travail en ce qui concerne les niveaux de salaires des travailleurs/euses des écoles maternelles.
6. Organiser un atelier destiné à enquêter sérieusement sur le problème des écoles maternelles et proposer des solutions, avec la participation des ministères de l’Éducation, du Travail, de la Santé, des gouvernements locaux et des employeurs.
7. Demander à nos universités de prêter une attention à l’identification des spécialisations éducatives répondant aux besoins sur le marché du travail en ce qui concerne les écoles maternelles.

Le projet a compté sur la participation de 731 femmes durant 28 jours de formation et d’information.

Article écrit par Sabina Breveglieri, Nexus Emilia Romagna