Le Plan directeur de la coopération espagnole (2013-2016) marqué par la crise et le manque d’ambition

Le Plan directeur de la coopération espagnole (2013-2016) fait actuellement l’objet d’un débat. Autrement dit, il a été présenté et une série de rencontres lors desquelles les associations concernées pourront exprimer leurs points de vue ont été annoncées. Rien de plus. Aucune modification significative n’est prévue.

Ce Plan est développé parallèlement aux décisions prises au sein de l’UE en matière de coopération.

Alors que tous les partis espagnols, notamment celui du gouvernement actuel, se sont engagés, il y a plusieurs années, à promouvoir la mise en œuvre du Pacte de l’État contre la pauvreté, indépendamment des circonstances économiques, qui énonce des critères en termes d’aide et établit un calendrier d’application du coût relatif de l’aide, aujourd’hui ces engagements ne sont ni mentionnés, ni pris en compte.

La crise et le manque d’ambition caractérisent le projet du Plan espagnol.

L’aide espagnole au développement a non seulement diminué proportionnellement au PIB, mais a également atteint les niveaux de 1981. Suite à cette décision, la première partie du Plan tente de présenter de manière cohérente les objectifs de la coopération espagnole. Elle est élégante mais est en contradiction avec les mesures qui sont actuellement prises dans notre pays. Elle appelle à l’établissement d’une politique de coopération dans laquelle les « résultats » s’orientent vers un caractère universel (et gratuit) en matière de santé, d’éducation, etc.

Elle requiert qu’une attention soit accordée aux effets sur le genre dans toutes les actions. Elle met en exergue la garantie de la sécurité alimentaire, la gouvernance, la participation, la responsabilisation et la prévention du risque de vulnérabilité que ce soit dans les États, parmi les peuples indigènes, des groupes spécifiques, etc. Plus elle fournit des détails, moins elle semble probable face à la réduction des programmes, des espaces géographiques et à la suppression de toute une série de personnes qui se sont consacrées au travail en matière de coopération et qui, en raison de la crise et de la réorientation budgétaire, ne se voient offrir aucune alternative, si ce n’est le chômage.

Telle est la deuxième partie du Plan directeur. La réduction budgétaire oblige à concentrer l’aide. Les pays à revenus moyens sont éliminés du domaine de la coopération. Seuls 23 pays ou territoires bénéficiaires sont pris en compte.

Selon une approche formelle de l’efficacité, les secteurs à couvrir ont été réduits. L’Union européenne, dans le cadre de sa propre politique de coopération, a dicté la même approche: une réduction spatiale et la gouvernance par un gouvernement d’un pays et/ou secteur, contribuant ainsi à la collaboration avec les ONG dans des rôles spécifiques. En outre, en conséquence logique de l’action ministérielle, elle a prévu des liens plus étroits avec les intérêts commerciaux espagnols et l’entrée du secteur privé en tant qu’agent de développement.

En résumé, le Plan directeur espagnol est restreint en raison de la faible volonté budgétaire. Ils veulent y introduire une plus grande cohérence et spécialisation, une coordination avec d’autres agences ou organismes de coopération et le lancement d’actions visant à améliorer la gouvernance, en promettant une participation et responsabilisation accrues des « partenaires » bénéficiaires. Pas grand-chose n’est dit à propos de la participation et des codécisions avec la société civile, des aspects qui ont toujours dû être présents mais donnant peu de résultats. Aucune proposition n’est émise au sujet du maintien ou de la promotion d’une pléiade de techniciens et d’acteurs ayant acquis une riche expérience, durant toutes ces années, qui pourrait être jetée par-dessus bord.

Santiago González Vallejo, USO-SOTERMUN