Les gouvernements devraient contester les déclarations fausses et trompeuses du Qatar à l’OIT

Le rapport soumis par le gouvernement du Qatar à l’Organisation internationale du travail en prévision de l’examen, la semaine prochaine, à l’OIT, d’une plainte déposée par la CSI concernant le système d’esclavage moderne connu sous le nom de Kafala au Qatar, est criblé d’affirmations fausses et trompeuses, selon la CSI.

Plus de deux millions de travailleurs migrants y continuent de faire l’objet d’atteintes systématiques à leurs droits fondamentaux, sont contraints d’obtenir l’autorisation de leur employeur pour quitter le pays ou changer d’emploi, sont privés du droit de former des syndicats et de négocier pour des salaires et des conditions décents, sont exposés à des environnements de travail dangereux et forcés de vivre dans des camps de travailleurs sordides, où jusqu’à 12 personnes sont entassées dans une même chambre et doivent dormir sur des lits improvisés.

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI a indiqué : « La déclaration la plus scandaleuse faite par le Qatar dans son rapport fallacieux à l’OIT est que le tristement célèbre système de permis de sortie a été révoqué. C’est un pur mensonge – la vérité est que les travailleurs doivent toujours demander l’autorisation de leurs patrons pour pouvoir quitter le pays. D’autre part, les données fournies par le Qatar à l’OIT concernant le nombre de travailleurs morts et blessés au travail sont trompeuses puisqu’elles manquent, par exemple, d’inclure les 11 travailleurs morts et 12 travailleurs blessés dans un incendie tragique survenu dans un camp de travailleurs en juin 2016. La vérité est que des centaines de travailleurs migrants meurent chaque année en raison de conditions de travail et de vie épouvantables. Le Qatar déploie en ce moment même une vaste campagne de relations publiques et joue sur sa puissance financière pour tenter de persuader les gouvernements d’écarter toute possibilité d’une Commission d’enquête de l’OIT. Cependant, il continue de traiter les travailleurs migrants comme étant la propriété de leurs patrons et d’étouffer la vérité sur les préparatifs de la Coupe du monde de 2022. Pas un seul des critères de réforme déjà établis par l’OIT n’a été correctement appliqué. Les gouvernements se doivent de résister aux tactiques d’intimidation employées par le Qatar et montrer qu’ils ne toléreront pas le fléau de l’esclavage moderne dans un des pays les plus riches du monde. »

Un briefing préparé par la CSI à l’intention des membres du Conseil d’administration de l’OIT réfute point par point chacune des déclarations du gouvernement du Qatar. Outre le fait que les travailleurs migrants doivent toujours demander l’autorisation de leur employeur pour pouvoir quitter le pays, les autres problèmes-clés incluent :

  • Les patrons peuvent encore toujours empêcher les travailleurs de changer d’employeur durant une période de cinq ans ;
  • Le rapport du gouvernement n’offre aucune information concernant d’éventuelles sanctions dissuasives contre tout employeur pour non-respect des faibles réglementations en place ;
  • La confiscation des passeports des travailleurs reste pratique courante ;
  • Plus de 230 travailleurs migrants interviewés dans le cadre d’une enquête d’Amnesty International publiée en 2016 ont affirmé ne pas être en possession de leur passeport ;
  • Le rapport se réfère à cinq domaines-clés possibles de coopération technique entre l’OIT et le Qatar abordés lors de discussions qui ont eu lieu durant la mission de l’OIT au Qatar en février 2017, à savoir le non-paiement de salaires, l’inspection du travail et la santé et la sécurité au travail, l’embauche et les contrats, la protection contre le travail forcé et une « voix » pour les travailleurs. La seule raison possible pour ceci est que le Qatar n’est toujours pas conforme dans ces domaines ; et
  • Le gouvernement bloque activement la signature d’accords entre des firmes de construction multinationales au Qatar et la fédération syndicale internationale du secteur de la construction, IBB, concernant les activités de la firme au Qatar.

« Le Conseil d’administration de l’OIT examinera, la semaine prochaine, une proposition qui appellerait le Qatar à entreprendre des réformes concrètes et reporterait à novembre 2017 toute décision relative à l’ouverture d’une Commission d’enquête. Le Qatar a donc six mois pour démontrer qu’il renonce au recours à l’esclavage moderne et honore ses obligations internationales légales en matière de droits des travailleurs. Alors que des millions de travailleurs migrants et leurs familles espèrent voir les gouvernements à l’OIT se solidariser avec eux pour abolir l’esclavage, le mouvement syndical international demandera au gouvernement de rendre des comptes », a indiqué madame Burrow.

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