Sommet du G20 à Rome – Accès aux vaccins, investissement dans des emplois respectueux du climat et protection sociale : essentiels à une reprise mondiale durable

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Les dirigeants du G20 se réunissent à Rome à l’occasion de leur sommet annuel à un moment où le monde fait face à une convergence de crises, entre la pandémie mondiale, le chômage, le manque de protection sociale, l’endettement croissant et l’inaction vis-à-vis du changement climatique.

La déclaration du groupe syndical L20 (Labour 20) formule des recommandations politiques aux dirigeants du G20 pour qu’ils s’engagent en faveur d’une reprise juste qui repose sur l’investissement dans les emplois – c’est-à-dire des emplois respectueux du climat pour tous et toutes, conjugués à une transition juste, au respect des droits dans les chaînes d’approvisionnement et toutes les formes de travail, à la participation égale des femmes, et à des économies inclusives.

La pandémie de COVID-19 continue de paralyser la reprise économique mondiale. Moins de 2 % de la population de nombreux pays en développement sont vaccinés. Les pays en développement perdront 12.000 milliards de dollars d’ici à 2025, et resteront dans l’incapacité de vacciner leur population, ce qui les privera de 1.500 milliards de dollars supplémentaires de revenu.

« La pandémie de COVID-19 a mis en évidence les failles de l’économie mondiale, la fragilité des chaînes mondiales d’approvisionnement, et les préjudices générés durablement par plusieurs décennies de politiques qui ont privilégié la déréglementation et la privatisation.

« Les gouvernements du G20 doivent soutenir la dérogation aux ADPIC, garantir un accès universel aux vaccins, traitements et tests de la COVID-19 et veiller à ce qu’ils soient équitablement répartis, par un soutien financier accru au programme COVAX, et reconnaître le SARS-COV-2 comme risque professionnel et la COVID-19 comme maladie professionnelle », a déclaré Sharan Burrow, la secrétaire générale de la CSI.

La planète a perdu l’équivalent de 255 millions d’emplois à temps plein depuis le début de la crise, et 130 millions d’emplois supplémentaires risquent de disparaître ; 54 % des personnes interrogées dans dix pays du G20 estiment que leur gouvernement devrait en faire plus pour créer des emplois pour les travailleurs.

« Nous traversons une crise mondiale de l’emploi, caractérisée par des rémunérations faibles, par la précarité des emplois disponibles, une pénurie des soins pour la petite enfance et les personnes âgées, et une multitude d’emplois à transformer pour préserver le climat. Les gouvernements doivent montrer qu’ils s’engagent à agir en mettant au point des plans pour l’emploi assortis d’investissements dans les compétences, ainsi que des plans pour l’industrie, afin de créer les 575 millions d’emplois respectueux du climat nécessaires avant 2030.

« Une étude réalisée par la CSI dans 35 pays, qui représentent 61 % du PIB mondial et 48 % de la population mondiale, révèle que seulement huit pays disposent de plans concrets destinés à créer des emplois ; 77 % des pays observés par la CSI n’investissent pas dans des infrastructures durables ni dans l’économie des soins pour créer des emplois respectueux du climat », a ajouté Sharan Burrow.

Pierre Habbard, le secrétaire général de la Commission syndicale consultative auprès de l’OCDE (TUAC), a précisé : « Le G20 doit mettre l’accent sur une action coordonnée propice à la reprise et à une croissance équitable accompagnée d’emplois de qualité. Les résultats attendus du G20 sur plusieurs années, concernant en particulier les politiques climatiques, la numérisation de l’économie et le nouveau programme mondial en matière de fiscalité, doivent être regroupés et produire des solutions tangibles.

« En outre, le G20 doit étudier sérieusement la question de la concurrence et de la gouvernance des données dans le but de mettre un terme à la concentration du marché numérique, qui est préjudiciable aux budgets publics, aux concurrents de plus petite taille et aux travailleurs. Le G20 doit également se prononcer clairement en faveur d’un secteur public mieux financé et suffisamment doté en personnel – les travailleurs qui ont porté la pandémie à bout de bras, comme ils continuent de le faire, doivent recevoir beaucoup plus de soutien », a indiqué Pierre Habbard.

Le groupe du L20 appelle les dirigeants du G20 à s’engager pour :

  • Un accès universel aux vaccins contre la COVID-19
  • Un plan de relance qui s’appuie sur un nouveau contrat social et investit dans des emplois respectueux du climat, dans un contexte de transition juste
  • Un socle de droits pour tous les travailleurs et travailleuses, notamment en ce qui concerne la santé et la sécurité au travail
  • L’investissement dans des services publics de qualité
  • La protection sociale universelle et un Fonds mondial pour la protection sociale
  • Une participation égale des femmes
  • Des économies inclusives résultant du dialogue social et d’un modèle de développement juste.

Le Sommet du G20 se tiendra la veille de la Conférence des Nations Unies sur le climat, la COP26, à Glasgow.

« En respectant l’engagement qui a été pris de consacrer 100 milliards de dollars au financement du climat et en revoyant à la hausse les ambitions climatiques parallèlement à une transition juste, les dirigeants du G20 pourraient donner le ton aux discussions des Nations Unies sur le climat, visant à limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré. Si le G20 ne joue pas son rôle moteur, les populations et la planète sont en danger », a conclu Sharan Burrow.

Lisez la Déclaration du L20 adressée aux dirigeants du G20.