Le rapport fait ressortir une augmentation globale de la couverture de la protection sociale, qui est passée de moins de 43 % en 2015 à 52,4 % en 2023. Cependant, il révèle aussi la dure réalité : 3,8 milliards de personnes sont dépourvues de toute forme de protection. Cette carence est fortement liée à l’insuffisance des financements, tant au niveau national qu’international.
De grandes inégalités persistent dans l’accès à la protection sociale, en particulier entre les femmes et les hommes, entre les travailleur·euse·s du secteur formel et informel, et entre les pays à faible revenu et les pays à revenu élevé. Le rapport révèle que la couverture de la protection sociale pour les pays à faible revenu n’a pas augmenté depuis 2017, stagnant à un taux médiocre de 9,7 %.
Cette constatation rappelle clairement que les dirigeant·e·s de notre monde doivent concentrer leurs efforts sur le renforcement de la coopération et de la solidarité internationales. Selon le rapport, les pays à faible revenu devraient investir chaque année 308,5 milliards de dollars US supplémentaires, soit 53,3 % de leur PIB, pour étendre de manière satisfaisante la protection sociale, un objectif inaccessible sans un soutien fort de la communauté internationale.
Le rapport souligne également l’urgence de faire évoluer les systèmes de protection sociale afin de tenir compte des risques liés au cycle de vie, de l’escalade de la crise climatique et des transformations majeures du marché dans le contexte de la décarbonisation. Dans les 50 pays les plus vulnérables aux effets dramatiques du changement climatique, le rapport constate que seulement 25 % de la population est couverte par une protection sociale. Cela représente 2,1 milliards de personnes exposées à un chaos climatique dévastateur sans protection adéquate.
Le secrétaire général de la CSI, Luc Triangle, a déclaré : « Les conclusions de ce rapport devraient tenir lieu d’appel à l’action clair pour les gouvernements et la communauté internationale au sens large. Le droit à la protection sociale doit être garanti à chaque travailleur·euse. Mais à ce rythme, il faudra attendre 2073 pour que chacun·e bénéficie d’un accès, même partiel, à la protection sociale. Les travailleur·euse·s ne peuvent pas se permettre d’attendre 49 ans pour recevoir le soutien dont il·elle·s ont besoin et qu’il·elle·s méritent : notre incapacité à étendre dès aujourd’hui la protection sociale constitue une profonde injustice. »
Luc Triangle a également souligné le rôle essentiel de la protection sociale dans les efforts pour une transition juste : « À mesure que l’économie mondiale s’oriente vers la décarbonisation, il est essentiel de négocier une transition juste avec les travailleur·euse·s et leurs syndicats afin de s’assurer que le passage à des économies plus vertes ne compromette pas les emplois décents et les moyens de subsistance. La protection sociale doit faire partie intégrante de ces efforts.
« L’expansion des systèmes de protection sociale, soutenue par un financement approprié, restera une demande essentielle de la CSI dans ses activités de plaidoyer au niveau mondial, y compris auprès des Nations unies et des institutions financières internationales. »