Rana Plaza : L’indemnisation des victimes d’homicide industriel encore loin du compte …

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Deux ans après la mort de plus de 1 100 travailleurs dans l’effondrement de l’immeuble du Rana Plaza au Bangladesh, il manque toujours 6 millions de dollars sur les 30 millions fixés comme objectif pour le fonds d’indemnisation destiné à leurs familles et aux milliers de blessés.

L’Accord sur la sécurité incendie et bâtiments au Bangladesh, juridiquement contraignant, négocié par IndustriALL, UNI et des ONG partenaires avec les marques après la catastrophe a aujourd’hui recueilli la signature de plus de 200 marques et a jusqu’ici mené à bien près de 1 500 inspections d’usines, mettant ainsi en évidence plusieurs milliers de problèmes de sécurité à résoudre.

Jyrki Raina, Secrétaire général d’IndustriALL, a déclaré : « Deux ans après cet homicide industriel, les victimes du Rana Plaza attendent toujours une indemnisation complète. Il s’agit d’une responsabilité collective, mais nous appelons spécifiquement des enseignes telles que Benetton, Mango, Walmart et Carrefour à augmenter leur contribution ».

Et Philip Jennings, Secrétaire général d’UNI Global Union, d’ajouter : « Il est scandaleux que des familles qui ont perdu leur mère et leur soutien de famille n’aient pas encore été totalement indemnisées parce qu’un groupe de multinationales ne peut ouvrir son cœur ni ses poches pour trouver les 6 millions de dollars qui font défaut au fonds d’indemnisation. Toutes les enseignes doivent unir leurs forces pour mettre fin à cette crise du financement en bouclant le solde qui reste à financer et en accélérant les actions correctives dans les usines ».

Les Fédérations syndicales internationales, appuyées par la CSI, exhortent le secteur du vêtement mondial à montrer qu’il a tiré les enseignements du passé et est à présent à même de se pencher sur une autre question brûlante, à savoir les salaires de misère versés aux travailleurs.

Pour Sharan Burrow, Secrétaire générale de la CSI, « la tragédie du Rana Plaza montre à quel point le modèle des chaînes d’approvisionnement mondiales aujourd’hui en place s’avère destructeur pour les travailleurs. Ce modèle a échoué et doit être remplacé par de nouvelles pratiques commerciales à l’échelle mondiale – des pratiques exemptes de corruption et qui veillent au respect des droits et des moyens d’existence de ceux qui produisent et délivrent les biens et les services qui sont la clé de voute de l’économie mondiale ».

Les organes syndicaux internationaux, soutenus par leurs homologues européens, ont critiqué l’échec du gouvernement bangladais à réviser la législation du travail qui limite fortement les droits des travailleurs et ont également lancé un appel à l’Union européenne pour qu’elle use de son influence considérable pour faire pression en faveur de réformes au Bangladesh.