C’est aussi l’occasion de réfléchir aux enjeux colossaux auxquels doivent faire face les individus et la planète ; des défis qui ne peuvent être relevés qu’en s’appuyant sur un mouvement syndical dynamique, ancré au cœur de l’économie et de la société, et un nouveau contrat social pour assurer un avenir juste et durable pour toutes et tous.
Pourtant, aujourd’hui, des dizaines de millions de personnes sont directement confrontées à la réalité brutale des conflits armés, y compris à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’existence même du multilatéralisme et des instruments et processus vitaux qui visent à garantir la paix et la sécurité commune est menacée. Dans le monde, plusieurs crises convergent : inégalités massives, changement climatique, érosion de la démocratie, menaces pour la santé publique et perspective de technologies non réglementées exacerbant les divisions et l’exclusion.
Solidarité, paix, égalité
En tant que plus grande force démocratique organisée dans le monde, le mouvement syndical international a un rôle indispensable à jouer pour relever ces défis et œuvrer en faveur de la paix. En temps de crise, il est essentiel de renforcer la solidarité pour créer un monde plus juste et plus humain.
Le nouveau contrat social ouvre la voie vers un tel monde et offre une base fondamentale à la paix. Ce ne sont pas les ressources qui manquent, mais plutôt la volonté politique d’en finir avec l’oligarchie, de réformer la fiscalité et d’investir dans des services publics et un avenir durable.
C’est par l’action syndicale que nous pouvons créer la responsabilité démocratique nécessaire pour remodeler l’économie mondiale. Il faut pour cela agir sur :
- L’emploi : pour atteindre le plein emploi par la création de 575 millions de nouveaux emplois dans le monde en investissant dans les soins, les emplois et les infrastructures écologiques, et en formalisant les emplois de l’économie informelle.
- Les augmentations salariales : pour parvenir à des salaires minimums vitaux afin d’inverser la diminution en cours depuis des décennies de la part de la prospérité qui revient à la main-d’œuvre, de garantir une vie digne à toutes et tous, et de redynamiser les économies.
- Les droits : pour garantir aux travailleuses et aux travailleurs les droits de s’organiser et de négocier, défendre un milieu de travail sûr et salubre, assurer une protection contre la discrimination, le travail forcé et le travail des enfants, et bâtir un monde durable grâce à une transition juste.
- L’égalité : pour garantir l’égalité de rémunération entre femmes et hommes, et lutter contre le racisme et l’homophobie.
- La protection sociale : pour investir dans la couverture des trois quarts de la population mondiale qui sont totalement ou partiellement privés de ce droit humain fondamental, en commençant par l’établissement d’un Fonds mondial pour la protection sociale.
- L’inclusion : pour supprimer le cadre structurel colonial des systèmes financiers et commerciaux mondiaux qui empêchent des milliards de personnes de bénéficier de la prospérité.
Partout dans le monde, des syndicats agissent pour lutter contre la crise du coût de la vie. De nombreux gouvernements, plutôt que d’engager positivement un dialogue social, réagissent en restreignant encore le droit fondamental de faire grève. Nous continuerons de défendre le droit de cesser le travail pour garantir un travail décent et obtenir justice et liberté.
Alors que nous nous souvenons des grands combats que des travailleuses et des travailleurs ont menés et remportés au cours des nombreuses décennies écoulées, nous nous engageons une nouvelle fois à renforcer le pouvoir des travailleurs en organisant et en faisant valoir cette force pour construire un monde fondé sur l’équité, la solidarité, la démocratie et le respect mutuel.
Par le passé, les syndicats ont fait de leurs rêves et aspirations des réalités en agissant ensemble ; il est temps pour la génération actuelle de concrétiser l’aspiration à un monde qui accorde la priorité aux individus.