Pourquoi un panel sur la pauvreté et l’inégalité?

De Isabel Araqui Martínez (CCOO), Santiago González Vallejo (USO) et Antonio López Alonso (UGT)

L’Alianza Española contra la Pobreza (Alliance espagnole contre la pauvreté), plateforme de la société civile réunissant plus de 1000 associations de coopération au développement, sociales et religieuses, au nombre desquelles on retrouve aussi les centrales syndicales CCOO, UGT et USO, a soumis à l’ensemble des acteurs internationaux une proposition visant à la création d’un Panel qui serait investi d’une double mission : L’évaluation des causes de la pauvreté et de l’inégalité et la capacité à élaborer des projets politiques promoteurs de mesures efficaces pour combattre ces fléaux humains.

Bien que nous reconnaissions que l’adoption, en son temps, des Objectifs du Millénaire pour le développement et d’une date butoir pour leur réalisation a favorisé la mise en pratique de dynamiques pour une aide au développement meilleure et mieux coordonnée etc., leurs limitations quantitatives, la dispersion des politiques ou leur séparation des politiques générales, par-delà la coopération au développement, outre leur non-intégration aux politiques financières, fiscales, commerciales et sociales et, notamment, au socle de protection sociale, ont empêché leur pleine réalisation. Pour éviter que les Objectifs pour l’après-2015 ne subissent le même sort et ne souffrent des mêmes carences, nous croyons pertinent de mettre sur pied un organisme dans le cadre des Nations Unies, éventuellement de l’ECOSOC, qui réunisse les caractéristiques précitées.

Il existe un antécédent : Le Panel contre le changement climatique. Ce dernier est né de la nécessité de conjuguer les efforts du « monde académique », qui légitime les options scientifiques, et ceux des décideurs politiques, qui ont ou devraient avoir une légitimité démocratique. La représentation de la société civile et de ses contributions serait incluse dans la proposition. Il va sans dire que les complexités et les intérêts résultants ne seront pas des moindres. Mais s’il y a bien une qualité essentielle qu’on puisse lui attribuer, c’est que le débat donnerait lieu à des conclusions opérationnelles et à l’évaluation des résultats de ces dernières. Outre divers objectifs ou cibles pour l’après-2015, seront mis en place des indicateurs politiques et des politiques opérationnelles, lesquelles seront soumises à un référendum politique et à un contrôle public eu égard à leur application.

Il existe déjà plusieurs rapports des Nations Unies qui réclament un espace d’évaluation et de suivi des politiques. Tels seraient les objectifs de ce Panel proposé par l’Alianza española contra la Pobreza à l’ensemble des organisations et acteurs intéressés, dont le mouvement syndical international, et qui demanderaient à être soutenus et diffusés pour nous aider à convaincre le plus grand nombre possible de gouvernements à s’engager véritablement dans la lutte contre la pauvreté et l’inégalité, sachant que leurs actions dans ces domaines feront l’objet d’un suivi.

Nous syndicats espagnols, membres de l’Alianza española contra la Pobreza, considérons que ce Panel, doté du profil et des fonctions que nous avons mentionnés, agirait en faveur d’une revendication permanente du mouvement syndical international : La concrétisation et l’évaluation des politiques à mettre en œuvre, dont notamment le travail décent et le socle de protection sociale comme paramètres de la lutte contre la pauvreté et l’inégalité.