Philippines: les syndicats victimes de la répression du gouvernement

La CSI a condamné la nouvelle vague de répressions policières qui s’abat sur les syndicalistes. Les forces de l’ordre ont lancé leur offensive en faisant irruption simultanément dans trois bureaux appartenant à des syndicats et à des organisations de défense des droits humains, procédant à l’arrestation et à l’incarcération de 57 syndicalistes et membres d’organisations de la société civile. Les mesures de répression se poursuivent.

Au cours de la soirée du 31 octobre 2019, la police a pris d’assaut le bâtiment où se tenait une réunion des chauffeurs de bus, à Bacolod, capitale de la province du Negros occidental. Ailleurs dans la ville, huit personnes, dont quatre enfants, ont été maintenues en joue par la police. Selon plusieurs témoins présents sur place, des hommes habillés en civil auraient pénétré dans le bâtiment pour y déposer des armes à feu. Les 43 adultes arrêtés ont ensuite été accusés de détention illégale d’armes à feu.

Les rafles se poursuivent et d’autres syndicalistes risquent de subir le même sort dans les heures ou les jours à venir. Face à ces abus de pouvoir, les syndicats prennent des mesures de précaution pour assurer la sécurité de leurs affiliés.

«Sous prétexte de vouloir réprimer sévèrement la criminalité, le gouvernement philippin s’attaque aux défenseurs des droits humains et syndicaux, dans le cadre d’une stratégie politique cherchant délibérément à museler les droits et les libertés de la population», a déclaré Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI.

Cette dernière offensive s’inscrit dans un climat de répression plus large du gouvernement philippin. Depuis son lancement en 2016 par le président Duterte, la «chasse aux drogues» aurait donné lieu à 27.000 exécutions extrajudiciaires. Tant l’OIT que le Conseil des droits de l’homme des Nations unies ont décidé d’envoyer des missions de haut niveau dans le pays, afin d’y évaluer la situation des droits humains, à la suite des nombreux témoignages signalant des exécutions extrajudiciaires et des mesures répressives visant les syndicats et leurs affiliés.

Bien que le gouvernement se soit récemment engagé à ouvrir une enquête concernant l’assassinat de 43 syndicalistes lors d’une réunion avec la CSI au mois d’août, aucun progrès n’a été signalé. Par ailleurs, les autorités doivent encore accepter la mission de l’OIT dans le pays, où les violences contre les militants se poursuivent en toute impunité.

Sharan Burrow poursuit: «L’État de droit est d’une importance primordiale, les services de sécurité doivent traiter chaque individu avec impartialité. Ce à quoi nous assistons aux Philippines est une appropriation flagrante des forces gouvernementales par le parti dominant, en vue de nuire aux syndicats et, de manière plus générale, d’étouffer la voix des dissidents pour consolider son pouvoir politique.

Le mouvement syndical international ne laissera pas cette situation se poursuivre. Nous exigeons que le gouvernement mette un terme aux exécutions et à la répression des syndicalistes et qu’il accepte de recevoir la mission de l’OIT en vue d’enquêter de toute urgence sur la situation.»

Informations supplémentaires:

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