Organiser pour des emplois décents – Formaliser le travail informel

Le pouvoir des travailleurs qui s’organisent pour lutter contre le désespoir du secteur informel est révélé dans un nouveau rapport publié par Equal Times.

À travers des études de cas menées dans 17 pays, le rapport passe en revue des mesures mises en œuvre par les syndicats pour régulariser les travailleurs informels. Le rapport brosse un tableau des succès de l’organisation syndicale en tant qu’instrument pour améliorer les conditions de vie des travailleurs du recyclage de déchets au Brésil, des conducteurs de mototaxis au Rwanda, des travailleuses domestiques en Belgique et au Liban, des vendeuses ambulantes au Ghana, des artistes en Uruguay, ainsi que des travailleuses et travailleurs de nombreux autres secteurs dans beaucoup d’autres pays. L’attention est attirée sur l’action de la SEWA (Self-Employed Women’s Association), en Inde, pays où 92% de l’économie se trouve dans l’informel, cependant qu’aux États-Unis, le rapport explore des alternatives ciblées sur les travailleurs dans le secteur de la « gig economy » ou économie des petits boulots, où des grandes entreprises font appel aux plates-formes en ligne pour fractionner la relation d’emploi.

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, a indiqué : « Tandis que le débat sur l’avenir du travail bat son plein aux réunions et conférences de haut niveau aux quatre coins du monde, des gens s’attellent à la tâche de construire l’avenir en organisant des syndicats et en construisant le pouvoir des travailleurs pour sortir les plus de 40% de la main-d’œuvre mondiale de l’informel et assurer leur transition à l’emploi formel et décent. Quiconque doute de l’utilité de l’organisation des travailleurs en syndicats, un droit fondamental, devraient être convaincus de sa valeur une fois qu’ils auront lu les preuves formelles fournies par ce rapport. »

Un fil rouge qui traverse tout le rapport est le recours à un instrument international, à savoir la Recommandation 204 de l’OIT, qui fournit des orientations aux pays sur comment formaliser les activités économiques informelles.

« Ceci est un exemple clair des bienfaits pouvant découler des normes internationales du travail quand les gouvernements remplissent leurs responsabilités et les travailleurs sont libres de s’organiser. À l’heure où des pans entiers du marché du travail mondial restent en marge de toute régulation et dépourvus de toute protection pour les travailleurs et face aux tendances dangereuses à l’informalité constatées tant dans les pays en développement que dans les pays industrialisés, il est urgent que les enseignements de ce rapport et tant d’autres exemples d’organisation syndicale couronnés de succès soient diffusés aussi largement que possible. Le monde est en proie à des niveaux extrêmes d’inégalité et d’insécurité, qui ont un profond impact sur nos familles et nos communautés et présentent un risque réel pour l’économie durable, la démocratie et les droits humains. Toutes les grandes avancées de l’histoire ont été arrachées au prix de luttes populaires collectives et ce rapport montre comment le pouvoir des travailleurs qui s’organisent est à même de conduire au travail décent aujourd’hui et à l’avenir », a conclu madame Burrow.