Nouveau reportage de la CSI sur les peuples indigènes et syndicats en Amérique latine

À l’occasion de la journée internationale des peuples autochtones, la CSI publie un nouveau dossier de reportage, « l’alliance entre peuples indigènes et syndicats en Amérique latine». La CSI y pointe du doigt les discriminations, l’exploitation féodale, l’isolement ou encore le travail forcé auxquels sont confrontés les peuples indigènes en Amérique latine.

La Journée internationale des populations autochtones, célébrée par la Communauté internationale chaque année le 9 août, permet de prendre conscience des cultures des populations autochtones et de la grande diversité qu’elles représentent. C’est également une opportunité pour redoubler d’efforts pour aborder les questions d’exclusion, de discrimination et de pauvreté qui sont toujours la réalité quotidienne pour grand nombre de ces populations. Nombreux sont ceux qui continuent d’être victimes de discrimination, de marginalisation, de misère profonde et de conflits dans le monde, notamment en Amérique latine, continent où les peuples indigènes subissent les violations de leurs droits les plus graves. L’Amérique latine est pourtant le continent au monde qui comporte le plus grand nombre de ratification de la Convention 169 de l’OIT, relative aux peuples indigènes et tribaux.

Le reportage de la CSI explique qu’au Guatemala, en contradiction avec la Convention 169 de l’OIT, relative aux peuples indigènes et tribaux, un nouveau projet de loi concocté par le secteur privé en collusion avec le gouvernement guatémaltèque est actuellement en attente au parlement. Le mouvement syndical international, avec les organisations de peuples indigènes du pays, dénonce fermement ce projet de loi qui va à l’encontre de la Convention. « Ce projet est une menace grave aux droits fondamentaux des peuples indigènes, notamment en matière de consultation », a déclaré Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI. « Ce projet de loi ne répond qu’aux seuls intérêts économiques privés nationaux et internationaux. »

En outre, le mouvement syndical international a aussi rappelé à Genève lors de la Conférence internationale du travail en juin dernier que le Guatemala devait se conformer aux mesures de précaution préconisés par la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme qui demandait la suspension de la mine d’Or et d’argent Marlin, gigantesque exploitation qui spolie le peuple maya.

Les populations indigènes de Colombie et du Guatemala ont revendiqué au parlement européen le droit d’être consultées dans les accords de libres échanges et d’association. « La Convention 169 de l’OIT doit être incluse dans les accords de libre échanges que l’UE est en train de négocier avec des sous-régions de l’Amérique latine avec des mesures pour que les gouvernements et les entreprises respectent la Convention» a rappelé Manuela Chavez, en charge du dossier syndicats et peuples indigènes en Amérique latine à la CSI.

Au Paraguay, le reportage de la CSI met en évidence les milliers de travailleurs autochtones et leurs familles victimes d’exploitation féodale dans des grandes exploitations agricoles et d’élevage. Selon les organisations syndicales et les militants autochtones, la pratique de l’esclavage est loin de s’être éteinte et se développe aujourd’hui sous la forme du travail forcé. Femmes et enfants en grand nombre sont aussi exploités en tant que main-d’œuvre domestique.

Au Brésil, les peuples indigènes et les « quilombolas (*) » sont victimes de discrimination quant à la consultation et la participation, le droit aux terres et aux ressources naturelles, le développement et la santé. Le gouvernement brésilien s’est engagé à convoquer une réunion avec les centrales syndicales brésiliennes avant la fin 2011 pour répondre à ces questions, notamment celles relatives à la violation du droit aux terres.

(*) Les «quilombos» virent le jour durant les luttes pour résister à l’esclavage et à la discrimination raciale dans le pays, au cours desquelles se formèrent des communautés de noirs avec des relations sociales communautaires.

Voir la vision syndicale « L’alliance entre peuples indigènes et syndicats en Amérique latine. »

Voir aussi les vidéos :
- El Chaco : zone de non droit pour les travailleurs indigènes
- Paraguay : mieux protéger le travail domestique
- Guatemala : la mine d’or pilleuse de ressources sacrées

Voir aussi l’interview gros-plan sur Crecencio Caceres (Conseil interethnique du Chaco – Paraguay)