Notre sécurité commune

En cette nouvelle année, le monde a les yeux rivés, à juste titre, sur la double menace qui nous guette : la pandémie de COVID-19 et l’accélération du changement climatique. Mais nous devons également porter toute notre attention sur les dangers qui mettent en péril la paix aux quatre coins de la planète.

Dans bon nombre de régions du monde, les populations sont en guerre ou vivent sous la menace d’un conflit imminent. Autocrates, populistes et autres seigneurs de la guerre s’affrontent par-delà les frontières et les océans.

Les dépenses en armement atteignent des niveaux record, les accords internationaux régissant les armes de destruction massive sont ignorés par la poignée de pays qui les détiennent, de nouvelles armes au potentiel redoutable sont élaborées et mises en service, tandis que le sentiment nationaliste et l’intolérance ethnique continuent de gagner du terrain.

Le déclin du multilatéralisme et les discours belliqueux qui se substituent à un véritable dialogue font peser de lourdes menaces sur l’humanité, comme en a témoigné ce mois-ci le peu d’ambitions affichées aux Nations unies, à New York, dans le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Aujourd’hui menacés comme jamais auparavant, les structures, institutions et autres processus qui ont vu le jour au cours de la seconde moitié du siècle dernier ont permis d’éviter des conflits mondiaux durant plusieurs décennies, mais n’ont cependant pas réussi à empêcher les nombreux affrontements locaux et régionaux.

Assurer le maintien de la paix

Nous demandons instamment aux chefs d’État de faire en sorte que 2022 soit une année placée sous le signe de la paix. Une année où leur objectif principal sera de faire prévaloir la sécurité commune sur la sécurité nationale.

Assurer le maintien de la paix à long terme n’est pas une tâche aisée, mais ce travail doit être fait. La sécurité commune doit être pour nous un objectif mondial, afin que ceux qui vivent aujourd’hui dans l’ombre de la guerre ou sous la menace d’un conflit puissent laisser derrière eux la peur et les événements traumatisants pour vivre dans la paix et la dignité. Nous ne devrions plus jamais tolérer les conflits militaires ou les affrontements entre États qui amènent les êtres humains à s’entretuer.

Si nous souhaitons instaurer la paix et la maintenir durablement, nous devons avant tout veiller à ce que les populations puissent vivre en sécurité et dans la dignité. Comme le rappelle clairement le préambule de la constitution de l’OIT : « Une paix universelle et durable ne peut être fondée que sur la base de la justice sociale ». La paix doit se construire sur le pilier fondamental d’un nouveau contrat social, où les droits, les salaires et les emplois décents sont garantis, où les gouvernements sont tenus responsables, où l’économie mondiale est repensée pour se baser sur la justice et l’égalité, et où il est mis fin à l’impunité des entreprises.

Élément central de cet objectif, la production d’armes doit être transformée en une production utile à la société, en garantissant une conversion juste pour les travailleurs et les communautés concernés. Cela nous aiderait grandement à bâtir un avenir sans carbone, à garantir une protection sociale pour tous, notamment en termes de santé publique, et à exploiter le potentiel économique et social positif des nouvelles technologies et de la numérisation.

2022 doit aussi être l’année où le monde fera face à la réalité omniprésente et accablante de la violence à l’égard des femmes et des filles dans les zones de conflit et les environnements professionnels. Les statistiques officielles sont loin d’être positives et ne reflètent, hélas, que le sommet de l’iceberg.

Notre sécurité commune, basée sur les piliers fondamentaux de la démocratie et d’un nouveau contrat social, est l’objectif que doivent atteindre tous les pays au cours de cette nouvelle année, et au-delà.