New translation: Austérité : La nouvelle norme: The New Normal

Ce rapport réalisé par Isabel Ortiz et Matthew Cummins – copublié par la CSI, l’Initiative for Policy Dialogue, l’Internationale des services publics, le Bretton Woods Project et le Réseau européen sur la dette et le développement – (i) observe les tendances historiques et prévisibles des dépenses des gouvernements dans 189 pays; (ii) examine les derniers rapports nationaux du FMI permettant aux pays de connaître les principaux recours utilisés par les gouvernements pour ajuster leurs dépenses; (iii) révèle l’incidence sociale négative des mesures d’austérité; (iv) présente le nouveau Consensus de Washington recommandé aux gouvernements qui se retrouvent avec des budgets limités – et l’alternative, le Consensus des Nations Unies sur le développement pour tous ; (v) appelle à une action urgente des gouvernements visant à identifier un espace budgétaire en faveur du développement, des droits humains, d’une relance verte de l’économie accompagnée d’emplois et de croissance inclusive, et d’une avancée vers les Objectifs de développement durable (ODD).

Le rapport (en anglais) révèle que, depuis 2010, les gouvernements réduisent leurs dépenses publiques. D’après les prévisions budgétaires du FMI, un nouveau choc devrait se produire en 2020-2021, qui affectera 130 pays. Au lieu d’investir dans une reprise solide qui apporte de la prospérité aux citoyens, l’austérité est devenue la « nouvelle norme ».

Au moins 69 pays vont subir des réductions excessives et une baisse des dépenses inférieure aux niveaux précédant la crise, en ce qui concerne le PIB. Il s’agit notamment de pays dont le niveau de développement et les besoins humains se trouvent dans une situation désastreuse, tels que l’Angola, le Burundi, le Congo, Djibouti, l’Égypte, l’Érythrée, l’Éthiopie, l’Irak, la Jamaïque, la Jordanie, le Nigeria ou le Yémen.

L’analyse des rapports nationaux du FMI, effectuée dans 161 pays en 2018-2019, indique que les discussions politiques entre le FMI et les gouvernements portent sur les points suivants:

  • Réformes des retraites et de la sécurité sociale (86 pays)
  • Réduction ou plafonnement de la masse salariale dans le secteur public, en termes d’effectifs et de salaire pour les enseignant(e)s, les personnels de santé et les fonctionnaires qui dispensent des services publics (80 pays)
  • Réformes de la flexibilisation de l’emploi (79 pays)
  • Réduction ou élimination des subventions (78 pays)
  • Rationalisation et/ou ciblage accru de l’assistance sociale ou des filets de sécurité (77 pays)
  • Hausse des impôts à la consommation régressifs, tels que les taxes sur les ventes et la taxe sur la valeur ajoutée (73 pays)
  • Renforcement des partenariats public-privé (PPP) (60 pays)
  • Privatisation des actifs publics/services publics (59 pays)
  • Réformes du secteur de la santé (33 pays)

Les mesures d’austérité ont une incidence négative sur le plan social. L’austérité concernera environ 5,8 milliards de personnes d’ici à 2021, soit près de 75 % de la population mondiale. Pour des milliards de personnes, la persistance de l’austérité et d’une longue crise de l’emploi se traduit par une détérioration des conditions de vie et une aggravation des inégalités et du mécontentement social.

Après le sauvetage du secteur financier dans les pays du G20 à hauteur de quasiment 10.000 milliards USD, l’assainissement budgétaire a été recommandé pour réduire les politiques publiques et le système de protection sociale.

En outre, l’ajustement des dépenses publiques sert actuellement de cheval de Troie pour inciter les politiques du Consensus de Washington à limiter les politiques publiques et la protection sociale. Une fois que les budgets sont réduits, les gouvernements doivent adopter des politiques qui restreignent autant que possible le secteur public et qui privilégient les PPP et le recours au secteur privé, souvent favorisé et/ou aidé par les banques multilatérales de développement.

Le rapport présente le nouveau Consensus de Washington recommandé aux gouvernements qui se retrouvent avec des budgets limités – et l’alternative, le Consensus des Nations Unies sur le développement pour tous.

L’austérité et les réductions budgétaires ne doivent pas nécessairement devenir « la nouvelle norme ». Il existe d’autres solutions, même dans les pays les plus pauvres. Les gouvernements peuvent trouver d’autres espaces budgétaires pour financer les services publics et les politiques de développement, et au moins huit options s’offrent à eux.

Le rapport appelle à une action urgente des gouvernements afin d’identifier les options de financement permettant d’accélérer les avancées vers le respect des droits humains et la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD).

Austerity: The New Normal