Les syndicats se rallient à l’appel pour la justice en matière de développement au Forum Asie-Pacifique sur le développement durable

Les syndicats ont participé au 9e Forum Asie-Pacifique sur le développement durable (APFSD) du 28 au 31 mars 2022, ajoutant la voix des travailleurs à l’appel collectif pour la justice en matière de développement lancé par les organisations de la société civile dans toute la région.

Organisé autour du thème « Mieux reconstruire après la COVID-19 tout en faisant progresser la pleine mise en œuvre du Programme 2030 dans la région Asie-Pacifique », l’APFSD a offert aux syndicats l’occasion de mettre en avant les préoccupations et les recommandations des travailleurs sur les Objectifs de développement durable (ODD) examinés cette année – les objectifs 4, 5, 14, 15 et 17.

Shoya Yoshida, secrétaire général de la CSI-Asie-Pacifique, était l’un des principaux intervenants lors de la session thématique sur « l’autonomisation économique des femmes, y compris les implications de la charge disproportionnée des soins non rémunérés et du travail domestique pour les femmes et les filles » dans le cadre de la table ronde sur l’ODD 5. Dans son intervention, M. Yoshida a souligné trois facteurs politiques essentiels pour soutenir les femmes dans le monde du travail, à l’heure où la région amorce un redressement économique et social après la crise de la COVID-19 : investir dans les soins, mettre fin à l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes et garantir une protection sociale sensible à la dimension de genre.

Il a également souligné le problème de longue date de l’écart de rémunération persistant entre les hommes et les femmes au niveau de la région en raison de normes patriarcales discriminatoires, écart qui est aggravé par la violence sexiste. « L’élimination de la violence et du harcèlement n’est pas négociable pour un monde du travail fondé sur l’égalité hommes-femmes, et la ratification de la convention 190 de l’OIT est dès lors primordiale », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Pour mettre fin à l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes, il faut non seulement garantir l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes, mais aussi veiller à ce que tous les travailleurs, indépendamment de leur sexe, reçoivent un salaire décent. »

En outre, Shoya Yoshida a souligné que les femmes travailleuses sont plus susceptibles d’être exclues de la protection sociale, d’où l’appel de la CSI-Asie-Pacifique en faveur d’une protection sociale sensible au genre, dotée d’un financement adéquat, durable et équitable.

Les syndicats ont également contribué aux discussions de la table ronde sur les ODD 4 et 17, soulignant la nécessité de renforcer le dialogue social et de mobiliser des ressources par le biais d’une fiscalité progressive.

Au nom du groupe des travailleurs et des syndicats du Mécanisme régional d’engagement des OSC en Asie-Pacifique (APRCEM), Joy Hernandez, responsable de la communication et du plaidoyer de la CSI-Asie-Pacifique, est intervenuelors de la session plénière de l’APFSD consacrée à l’examen des progrès régionaux en matière d’ODD.

« Pendant la pandémie, nous ne sommes pas parvenus à adopter des politiques favorables aux travailleurs et à traiter les problèmes systémiques qui affectent les travailleurs. Ne laissons pas passer une nouvelle occasion de mettre en œuvre des réformes progressives alors que nos pays s’engagent sur la voie du redressement », a-t-elle déclaré, tout en soulignant l’importance de l’ODD 8 pour faire avancer le Programme 2030 du fait de sa nature multidimensionnelle et de ses liens avec d’autres ODD, notamment les ODD examinés cette année.

« Pour être durables, les mesures de relance doivent reposer sur l’engagement des partenaires sociaux. Le dialogue social contribue à rétablir la confiance dans les institutions et à élaborer des politiques équitables et durables qui ne laissent personne de côté, y compris les travailleurs », a-t-elle ajouté.

La plupart des priorités syndicales ont été reflétées dans le projet de rapport de l’APFSD et le projet de synthèse des discussions de la table ronde.

Participation au Forum des peuples d’Asie-Pacifique et aux événements parallèles

Préalablement à l’APFSD, les syndicats ont participé au Forum des peuples d’Asie-Pacifique sur le développement durable (APPFSD), organisé par l’APRCEM du 22 au 25 mars 2022. Sous le thème « Confronter la capture par les entreprises et exiger la responsabilité de l’État pour un redressement juste et équitable post-COVID-19 », l’un des objectifs de l’APPFSD était d’élaborer collectivement des positions et des recommandations à transmettre au processus et aux États membres sur les demandes des peuples pour la justice en matière de développement, et ce au regard des engagements du Programme 2030.
Intervenant dans le cadre du débat « Réaliser l’agenda du peuple et la justice du développement dans le contexte de la COVID-19 », Phyoe Sandar Soe, secrétaire générale adjointe de la Confédération des syndicats du Myanmar, a évoqué la lutte que mènent les travailleurs pour la démocratie au Myanmar tout en combattant la pandémie. Elle a indiqué que la junte a mis de côté les plans d’action nationaux contre la pandémie qui avaient été élaborés avant le coup d’État et que le système de santé s’est effondré lorsque les médecins ont rejoint le mouvement de désobéissance civile et sont devenus la cible des militaires. « Le renversement du régime militaire est la seule solution à la crise de la COVID-19 », a-t-elle déclaré.
Les syndicats ont également participé à l’événement parallèle organisé par l’Internationale de l’Éducation – Asie-Pacifique le 30 mars 2022, intitulé « Investir dans les enseignant.e.s, investir dans l’éducation : soutenir les enseignant.e.s dans la réalisation de l’ODD 4 ». Dans son discours, Shoya Yoshida a souligné que la seule façon de maintenir et d’accroître la qualité de l’éducation est d’investir dans les enseignants et l’éducation. Il a déclaré : « En l’absence d’une politique budgétaire viable, il nous sera impossible de garantir à la population un niveau adéquat de prestations de sécurité sociale et de services sociaux, notamment en matière d’éducation. » Notant que l’Asie-Pacifique est la seule région où les dépenses militaires ont augmenté de façon continue depuis 1989, il a posé la question suivante : « Si nous réaffectons une petite partie des dépenses militaires à l’éducation et à l’amélioration des conditions de travail des enseignants, combien de vies seront sauvées et combien d’enfants retrouveront le sourire ? »

Reconnaissant leur rôle d’acteurs clés du développement, les syndicats d’Asie et du Pacifique entendent poursuivre leur engagement dans divers processus liés au Programme 2030 pour le développement durable au-delà de l’APFSD – aux niveaux national, régional et mondial.