Les syndicats exigent des réponses efficaces à l’aggravation des crises financière et alimentaire de la part du FMI et de la Banque mondiale

La crise financière en pleine extension devant, selon toute vraisemblance, se trouver au centre des débats lors des réunions annuelles de la Banque mondiale et du FMI qui vont se tenir à Washington du 11 au 13 octobre, le mouvement syndical international demande instamment aux institutions financières internationales de ne pas oublier les millions de travailleurs à faible revenu

Bruxelles, le 5 octobre 2008 (CSI En Ligne) : La crise financière en pleine extension devant, selon toute vraisemblance, se trouver au centre des débats lors des réunions annuelles de la Banque mondiale et du FMI qui vont se tenir à Washington du 11 au 13 octobre, le mouvement syndical international demande instamment aux institutions financières internationales de ne pas oublier les millions de travailleurs à faible revenu, dont le pouvoir d’achat a dramatiquement décliné en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants. D’après les estimations de la Banque mondiale, les augmentations de prix ajouteront quelque 100 millions de personnes au nombre des très pauvres dans le monde, nombre que la Banque avait réévalué à la hausse à 1,4 milliard, avant les crises alimentaire et financière.

« Si des actions vigoureuses ne sont pas entreprises, les Objectifs du Millénaire pour le développement, comme par exemple une pauvreté mondiale divisée par deux à l’horizon 2015, ne seront pas atteints. Le FMI et la Banque mondiale doivent accroître et accélérer l’aide aux pays en développement qui souffrent des conséquences de la crise alimentaire, des carburants et, à présent, de la crise financière », a déclaré Guy Ryder, Secrétaire général de la CSI. « Le groupement Global Unions se félicite que les institutions financières internationales réagissent à ces crises par une aide d’urgence, mais estime qu’elles devraient réexaminer leurs politiques antérieures, qui ont par exemple contribué aux problèmes de sécurité alimentaire, et modifier celles-ci en conséquence ».

M. Ryder ajoute : « Les institutions financières internationales doivent faire en sorte qu’aucun de ceux qui subissent les augmentations des prix alimentaires ne souffre davantage encore de certaines mesures politiques qu’elles proposent ». Dans sa déclaration destinée aux réunions des institutions financières internationales (EN), la CSI et d’autres organisations du groupement Global Unions soulignent que l’élimination des subventions visant à réduire les prix des denrées alimentaires de base au profit d’un « ciblage » accru de l’aide proposée par les institutions financières internationales peut avoir pour conséquence la perte, par de très nombreux miséreux, de tout accès aux aides. La déclaration recommande également que les institutions financières internationales soutiennent une augmentation des salaires minimaux ainsi que la protection de la liberté syndicale, de sorte que les travailleurs puissent tenter d’éviter une poursuite de la détérioration de leurs revenus réels grâce à la négociation collective.

Nécessité d’une réglementation appropriée, et non davantage de déréglementation téméraire
Même si le groupement Global Unions appelle depuis longtemps le FMI à promouvoir une réglementation accrue du système financier international, ce n’est que le mois dernier que le Directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a semblé répondre aux revendications du mouvement syndical international exigeant une meilleure réglementation. « Cette crise est le résultat d’une défaillance de régulation… Nous devons faire en sorte que cela ne se reproduise pas », a-t-il écrit dans un article publié au mois de septembre.

La déclaration du groupement Global Unions invite instamment les gouvernements des pays membres des institutions financières internationales qui se réuniront à Washington le week-end prochain afin de donner au FMI mandat d‘élaborer des cadres réglementaires internationaux appropriés pour le secteur financier et de coordonner les réformes réglementaires nationales. Ce processus devra inclure des consultations d’organisations telles que la CSI, dont les membres doivent faire face à d’importantes pertes d’emplois en raison de la débâcle financière. Guy Ryder, Secrétaire général de la CSI, a déclaré : « il serait inacceptable que le secteur financier privé, qui a précipité l’économie mondiale dans le désordre actuel, ait une influence plus importante sur la conception de nouvelles réglementations que ceux qui souffrent précisément des conséquences de la réglementation inadéquate que les institutions privées se sont efforcées d’imposer ».

Le groupement Global Unions a également exigé que la Banque mondiale cesse d’utiliser sa publication intitulée Doing Business pour encourager les pays en développement à déréglementer leurs économies, citant l’abus qui en est fait dans les rapports par pays des institutions financières internationales ainsi que par de nombreux acteurs extérieurs à ces institutions, très pressés d’éliminer toute réglementation du marché du travail. « Il est pour le moins ironique qu’au cours des quatre dernières semaines, la Banque mondiale ait intensivement promu l’édition 2009 de sa bible de la déréglementation totale, Doing Business, alors même que le secteur financier s’effondre aux États-Unis et dans d’autres pays à cause d’une réglementation inadéquate », a déclaré M. Ryder.

La CSI a fréquemment relevé que Doing Business (DB), qui est la publication la plus diffusée de la Banque mondiale, affirmait faussement que la déréglementation qu’elle promeut a pour conséquence une augmentation de la croissance économique et de la création d’emplois. En juin dernier, le propre Groupe d’évaluation indépendante de la Banque semblait approuver ce jugement lorsqu’il n’a « établi aucune relation statistiquement pertinente entre les … indicateurs de Doing Business et les taux de croissance » et qu’il estimait qu’« aucune corrélation pertinente n’est apparue entre … [l’indicateur de Doing Business relatif à] l’emploi des travailleurs et les chiffres réels de l’emploi ». En attribuant les meilleurs indices aux pays présentant les réglementations du travail les plus faibles, la publication Doing Business a été instrumentalisée afin de faire pression sur les pays en développement pour que ceux-ci suppriment des dispositions telles que les salaires minimaux, les recours contre les licenciements injustes et les cotisations obligatoires aux systèmes de soins de santé ou d’assurance vieillesse, ajoutant ainsi encore à la situation déjà difficile à laquelle de nombreux travailleurs de ces pays se voient confrontés.

Observant que les institutions financières internationales seront confrontées, lors des réunions annuelles de cette année, à des défis mondiaux exceptionnels, le groupement Global Unions demande à ces institutions de réagir de manière plus globale aux besoins et aux priorités de l’ensemble de leurs pays membres. Selon M. Ryder, « les crises alimentaire et financière, ainsi que d’autres défis tels que les changements climatiques, auront des répercussions néfastes plus fortes sur les pays pauvres. Les institutions financières internationales doivent réformer leurs structures de gouvernance, de sorte que les pays en développement bénéficient d’une voix égale à celle des autres pays s’agissant de déterminer la manière de faire face à ces problèmes ».

Commentant la discussion relative à la réforme de la gouvernance, qui devrait se tenir à la Banque mondiale à l’occasion des réunions, M. Ryder a ajouté : « seule la parité des votes pour les pays en développement sera acceptable. La relation prêteur-emprunteur qui définissait la prise de décision au sein des institutions financières internationales n’est maintenant plus adéquate étant donné l’ampleur mondiale de ces défis ».

La CSI représente 168 millions de travailleuses et de travailleurs au sein de 311 organisations affiliées nationales de 155 pays et territoires.

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