Les syndicats au Forum de la société civile Afrique-UE en Tunis

Une délégation syndicale a assisté au 3ème Forum intercontinental de la société civile Afrique-UE à Tunis, le 11 et 13 juillet 2017. Ce forum a été organisé dans le cadre de la Stratégie conjointe Afrique-UE (JAES) et soutenu par la Direction Citoyens et Diaspora de l’Union africaine (AU / CIDO) et l’Union européenne (UE). La déclaration finale reflète de nombreuses priorités syndicales pour favoriser le travail décent et le dialogue social dans le cadre de la JAES.

Les discussions du Forum ont été structurées autour de cinq groupes thématiques: la prévention des conflits, la consolidation de la paix et les réfugiés; le développement humain; l’avenir durable pour notre planète; le travail décent, la protection sociale universelle et le développement socioéconomique durable; et la gouvernance démocratique et la participation civique. Le Forum a réuni des organisations de la société civile des deux continents pour discuter des priorités futures à la lumière des défis et opportunités extérieurs aux niveaux mondial et régional et faire des recommandations spécifiques à offrir aux chefs d’État et de gouvernement et aux institutions africaines et européennes avant le 5ème sommet Afrique-UE, qui aura lieu à Abidjan (Côte d’Ivoire) le 28 et 29 novembre 2017.

La délégation syndicale était formée par Karin Debroey (ACV/CSC Belgique), Elodie Aïssi (CFDT France), Alejandra Ortega Fuentes (CC.OO. Espagne), Salvatore Marra (CGIL Italie), Alex Nkosi (CSI Afrique) et Joan Lanfranco (CSI-RSCD).

Les sessions plenières et les groupes de travail ont abouti en une déclaration finale conjointe [AnglaisFrançaisEspagnol]. Cette déclaration reflète plusieurs priorités syndicales, notamment :

  • Promouvoir le Programme de travail décent de l’Organisation internationale du travail (OIT) au coeur de la JAES, tel que reconnu par les normes et conventions fondamentales du travail de l’OIT et autres cadres internationaux, en coordination et coopération avec la société civile, dans le cadre d’un environnement favorable permettant la liberté d’association et la négociation collective.
  • Impliquer la société civile dans la mise en oeuvre et le suivi du Plan d’investissement externe de l’UE (PIE), dans les financements mixtes et les partenariats public-privé, qui devraient suivre les priorités nationales de développement sans conduire à la privatisation des services publics essentiels. L’APD devrait continuer à agir pour le développement durable et la réduction de la pauvreté et ne pas devenir un outil de financement des entreprises.
  • Donner la priorité à la mobilisation des ressources domestiques, en renforçant les systèmes fiscaux nationaux, en s’attaquant à l’évasion fiscale, aux flux financiers illicites et à la corruption, en veillant à que les acteurs du secteur privé, internationaux et locaux, paient leur juste part des impôts et en annulant les dettes odieuses.
  • Favoriser la création de travail décent et l’employabilité grâce à des initiatives d’économie sociale, telles que les petites et moyennes entreprises (PME) et les coopératives, le renforcement des compétences, l’entrepreneuriat, l’apprentissage tout au long de la vie, l’éducation universelle, la formation vocationnelle inclusive, les technologies scientifiques et l’innovation ainsi que la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle.
  • Donner priorité aux besoins spécifiques des jeunes, par l’accès à des emplois décents, combattant la fuite des cerveaux et le travail des enfants. Donner également priorité aux besoins des femmes, y compris au combat contre les discriminations ; de même prioriser l’accès au- et l’adaptation du marché du travail aux personnes handicapées et plus généralement à toutes les personnes confrontées à une discrimination d’accès au marché du travail.
  • Promulguer tous les engagements en matière d’égalité entre les sexes, en particulier pour formaliser le travail rémunéré et non rémunéré des femmes. Réduire les écarts salariaux entre les sexes et garantir des minimums salariaux vitaux ainsi que des mesures visant à promouvoir l’égalité d’accès à la protection sociale afin de protéger les droits des femmes, y compris la protection de la maternité.
  • Garantir un accès universel, abordable et inclusif aux systèmes et aux seuils de protection sociale, y compris aux soins de santé communautaires de base, aux assurances de santé, aux soins de santé sexuelle et reproductive, à l’eau potable ainsi qu’à l’assainissement et l’accès universel à des énergies renouvelables et abordables.
  • Élaborer des cadres obligatoires, tel le Traité des Nations Unies sur les entreprises et les droits de l’homme, afin d’assurer la responsabilité des entreprises transnationales de respecter les droits syndicaux et du travail, les droits humains et les normes environnementales, tout au long des chaînes mondiales d’approvisionnement.
  • Promouvoir les stratégies d’intégration régionale en Europe et en Afrique et créer un environnement propice à une transformation économique et structurelle qui favorise une industrialisation durable en Afrique, fondée sur les produits de base.
  • Défendre, soutenir et respecter l’autonomie et le rôle des partenaires sociaux (syndicats et organisations patronales) en assurant leur implication dans l’élaboration et la mise en place des réformes et politiques pertinentes, et en stimulant l’efficacité du dialogue social à tous les niveaux pertinents, permettant des négociations collectives.
  • Donner priorité aux politiques et investissements dans les services publics tels que la santé, l’éducation et la protection sociale pour tous et les placer au coeur du partenariat Afrique-UE.
  • Investir dans les services publics et réglementer la concurrence dans le secteur privé afin d’atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD).
  • Promouvoir des modèles économiques durables, y compris la ruralisation (dynamisation des communautés rurales), par la sensibilisation, l’éducation universelle, le partage des connaissances et la formation sur la localisation des économies, les emplois verts et l’agriculture locale durable, ainsi que d’autres secteurs émergents tels que l’économie domestique, sociale et solidaire.
  • Tirer parti de la participation sociale dans les accords commerciaux internationaux en créant des comités consultatifs conjoints, une surveillance parlementaire, des chapitres dédiés au développement durable et des mécanismes conjoints de suivi, conformément aux principes de l’OIT, l’ODD 10 et l’Agenda de l’Union Africaine 2063.

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