Les États-Unis appellent le Bahreïn à progresser en matière de droits du travail

La CSI exhorte le gouvernement des États-Unis à donner suite à un rapport du ministère américain du Travail qui révèle que le Bahreïn a bafoué les engagements pris au niveau du travail dans l’accord de libre-échange signé entre les deux pays.

Le rapport, publié tardivement le 20 décembre, énonce une série de recommandations à suivre lors des consultations officielles entre les deux gouvernements, consistant notamment à adopter des réformes significatives du droit du travail, à garantir que les travailleurs/euses licenciés soient réintégrés sans condition et qu’ils perçoivent rétroactivement leur salaire, à examiner toutes les poursuites pénales à l’encontre de syndicalistes, à renoncer aux accusations lorsque c’est possible et à s’abstenir d’entreprendre toute autre activité préjudiciable aux syndicats, y compris à la centrale syndicale nationale GFBTU.

«Maintenant, le gouvernement américain va devoir prouver que d’importants efforts seront déployés pendant les consultations pour lutter contre le mépris manifeste du Bahreïn à l’égard du chapitre de l’accord de libre-échange relatif au travail; en effet, des personnes ont été punies au travail pour avoir participé pacifiquement à des défilés en faveur de la démocratie», déclare l’AFL-CIO, qui a déposé la plainte initiale en avril 2011 au sujet de l’accord de libre-échange.

En février 2011, les Bahreïnis sont descendus dans la rue pour exiger la justice économique et sociale et des réformes démocratiques. Les syndicats, ainsi que la GFBTU (General Federation of Bahrain Trade Unions – Fédération générale des syndicats du Bahreïn), ont joué un grand rôle dans les manifestations et ont même appelé à la grève générale. La réaction immédiate et brutale du gouvernement contre les manifestations s’est soldée par de nombreuses violations graves des droits humains. Face à cette crise, l’AFL-CIO a déposé une plainte en avril 2011 pour dénoncer l’accord de libre-échange entre les États-Unis et le Bahreïn, appelant les États-Unis à se retirer du pacte et, tout au moins, à mettre en place des consultations sur le travail concernant le licenciement de milliers de membres syndicaux, l’arrestation et la poursuite de dirigeant(e)s syndicaux.

«En 2012, un processus mis en place par l’OIT a permis de réaliser une avancée significative, quoique incomplète, dans le sens de la justice pour les travailleurs/euses victimes de la répression exercée par le gouvernement suite aux manifestations. Or, ce processus est désormais au point mort, en raison d’un manque de volonté politique de la part du gouvernement qui, à vrai dire, retrouve ses mauvaises habitudes vis-à-vis de ses engagements internationaux puisque des dirigeants syndicaux ont récemment été condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement du fait de leur activité syndicale», précise la secrétaire générale de la CSI, Sharan Burrow.

«Le ministère américain du Travail a publié un important rapport susceptible de fournir les moyens de pression nécessaires pour résoudre la crise actuelle du droit du travail au Bahreïn. Par ailleurs, le processus de consultation officiel permet aux États-Unis, qui ont réagi de manière très discrète à l’égard des violations des droits humains au Bahreïn, de montrer qu’ils peuvent placer les droits humains au premier plan au Moyen-Orient. Nous prions instamment les États-Unis de ne pas mettre un terme au processus de consultation tant que chacune des recommandations ne sera pas pleinement réalisée», ajoute Sharan Burrow.