Le Parlement indien adopte des lois portant atteinte aux droits des travailleurs

La CSI juge scandaleuse l’adoption par le Parlement indien, la Lok Sabha, de trois nouveaux projets de loi qui, selon les syndicats du pays, s’attaquent ouvertement aux droits des travailleurs.

Ces nouvelles mesures législatives sont dictées par la volonté des entreprises d’améliorer le classement de l’Inde dans l’indice de «facilité de faire des affaires». En réalité, elles mettent fin à une large part du système de protection durement acquis par les travailleurs depuis l’indépendance.

Une coalition regroupant des centrales syndicales, dont les affiliés de la CSI, s’est opposée à de nombreux aspects de ces nouveaux projets de loi, notamment:

  • le code régissant la sécurité sociale qui, n’étant pas considérée comme un droit universel, laisse des millions de personnes sans protection sociale clairement définie.
  • le code régissant les conditions de travail, ainsi que la santé et la sécurité sur les lieux de travail, exclut un grand nombre de secteurs économiques tels que l’agriculture, qui emploie 50% de l’ensemble de la population indienne.
  • le code régissant les relations industrielles protège les entreprises au détriment des travailleurs, contrevenant ainsi à la constitution en édulcorant la définition même du terme «travailleur» et en limitant drastiquement le droit de grève et la possibilité pour les travailleurs de participer à un processus de négociation collective.

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, a déclaré: «Ces mesures ne pouvaient pas tomber plus mal. L’Inde étant face à une crise économique sans précédent à la suite de la pandémie de Covid-19, les travailleurs du pays ont besoin d’un renforcement, et non pas d’une diminution, de leur protection. On ne pouvait guère imaginer pire moment pour s’attaquer aux droits des travailleurs.

Nous soutenons pleinement nos affiliés en Inde, lesquels mettent tout en œuvre pour s’opposer à ces mesures régressives qui ne pourront que durement toucher les travailleurs et leurs familles et faire reculer l’économie indienne.

Je demande instamment au gouvernement indien de revoir sa décision et de suivre l’exemple des pays qui considèrent cette période comme une opportunité d’améliorer la protection sociale de leurs citoyens. Il est temps de commencer à mettre en place le nouveau contrat social dont ont besoin et que méritent les travailleurs indiens, et de le faire au travers du dialogue social en partenariat avec les syndicats.»