Le panel d’enquête sur la Bulgarie relève des attaques systématiques contre les travailleurs dans les secteurs privé et public

Six travailleurs et travailleuses ont témoigné devant le premier panel d’enquête international sur les atteintes aux droits des travailleurs, à Sofia, en Bulgarie.

La première audience de la CSI s’est déroulée dans un pays qui a perdu plus d’un demi-million d’emplois au cours de la récession et qui affiche un salaire minimum inférieur à celui de la Chine urbaine.

« À l’heure où la Bulgarie affronte des choix difficiles en matière de politique économique et sociale en réponse à la crise du chômage, des preuves documentées font état d’attaques de plus en plus systématiques contre les droits des travailleurs, cependant que le gouvernement se affaiblit les droits des travailleurs sous couvert de crise internationale », a indiqué Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI.
La Bulgarie doit créer 600 000 nouveaux postes, alors que 100 000 jeunes chercheurs d’emploi devraient faire leur entrée sur le marché du travail au cours des cinq prochaines années.

Dans ses remarques de conclusion, Maria Helena Andre, membre du panel d’enquête international et ex-ministre du Travail du Portugal a relevé comme l’aspect le plus inquiétant les attaques que subissent les travailleurs et travailleuses, tant dans le secteur privé que public.
« La Bulgarie est réputée comme étant le pays le plus flexible d’Europe en termes de marché du travail. Quoi qu’il en soit, dans ce cas ce n’est pas de flexibilité qu’il s’agit mais bien de la loi de la jungle en matière de droits des travailleurs », a déclaré Maria Helena Andre.

Parmi les droits des travailleurs les plus attaqués dont le panel a été saisi figuraient :

- Le droit d’organiser une grève légale sans risque de licenciement sommaire et sans intimidation dans une entreprise de l’État ;
- Le droit de former un syndicat et la liberté syndicale ;
- Le droit de mener des négociations collectives pour les travailleurs et travailleuses du secteur public, y compris la violation par les employeurs des dispositions relatives aux primes et à la rémunération basée sur la performance.

« De nombreux cas ont été partagés avec nous mais ce que je ressens surtout c’est que la peur est à nouveau là. C’est une émotion qui ne devrait normalement pas être le propre d’un pays démocratique. De puissants pouvoirs se dressent contre nous. Nous devons nous organiser ; nous devons lutter ensemble. Nous pouvons parfaitement les vaincre en tant qu’êtres humains car c’est de nous, les gens ordinaires, que dépend leur bien-être », a dit Dr Konstantin Trenchev, président de la Confédération des travailleurs Podkrepa.

« Nous avons remis au président du parlement 100 000 signatures recueillies aux quatre coins du pays auprès de travailleurs et travailleuses qui veulent voir leurs droits légalement garantis et protégés. Si des droits sont violés contre la volonté du peuple, nous lutterons pour eux », a dit Plamen Dimitrov, président de la Confédération des syndicats indépendants de Bulgarie.

« Les témoignages vécus d’abus que nous avons entendus aujourd’hui nous permettent de nous faire une idée de l’impact initial de la crise économique. Nous assistons à une offensive coordonnée contre ces droits et nous tirons un trait pour y mettre fin », a déclaré Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI.

Membres du panel d’enquête international pour l’audience du 8 mars 2012, en Bulgarie :
Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI
Maria Helena Andre, ex-ministre du Travail du Portugal
Plamen Dimitrov, président de la Confédération des syndicats indépendants de Bulgarie
Dr Konstantin Trenchev, président de la Confédération des travailleurs Podkrepa