Le FMI doit joindre le geste à la parole en ce qui concerne les ODD

Le Fonds monétaire international a approuvé les Objectifs de développement durable et doit donc présenter un agenda politique et des lignes directrices opérationnelles afin que le monde se rapproche de la réalisation de ces objectifs.

Le Fonds monétaire international (FMI) s’est engagé à aider les pays à financer le développement durable et à atteindre une croissance économique soutenue, une croissance inclusive et la stabilité financière étant des préalables indispensables à la réalisation des ODD.

Au cours de la crise provoquée par la pandémie, la direction du FMI a encouragé une relance verte et inclusive. La directrice générale du Fonds, Georgina Kristalina, a appelé de ses vœux une protection sociale combinée à une transition juste, l’allégement de la charge de la dette des pays à bas revenu et des incitations à la création d’emplois. Elle a également souligné l’importance d’éviter la suppression prématurée des mesures de lutte contre la crise.

Ce dernier élément est extrêmement important. Le précédent récent a été désastreux. Après une impulsion initiale en faveur d’une aide publique à l’économie en 2009, le FMI est revenu aux mêmes politiques d’austérité qui n’avaient pas fonctionné au cours des décennies précédentes. Il a plaidé pour mettre un terme aux mesures de relance budgétaire et a préconisé un virage vers une « consolidation budgétaire » – l’austérité – et des « réformes structurelles » – des mesures de déréglementation qui n’ont pas tenu leurs promesses de croissance. Cette approche a donné lieu à une reprise inégale et inéquitable, accompagnée d’une croissance lente, d’une faible productivité et d’attaques structurelles contre les systèmes de protection sociale, dont les conséquences ont été mises à nu par l’apparition de la pandémie de COVID-19.

Malheureusement, la formulation des politiques nationales et les plans de dépenses qui accompagnent les prêts d’urgence du FMI, ainsi que les consultations nationales qui ont été menées montrent déjà que le Fonds pourrait, une fois encore, ne pas joindre le geste à la parole. Or, la vision ambitieuse proposée par Mme Kristalina pour la relance pourrait être le tremplin nécessaire pour préparer la réforme de l’agenda politique du FMI et adapter ses prêts aux buts qu’ils poursuivent.

Pour le mouvement syndical mondial, réaliser une relance juste et durable sur laquelle fonder un nouveau contrat social nécessitera une réforme rapide du FMI et le renforcement de l’aide multilatérale aux pays en développement.

Le Fonds doit corriger le tir et commencer de toute urgence à se concentrer sur cinq domaines stratégiques essentiels pour parvenir à une réforme structurelle conforme aux ODD et à son mandat :

  1. un accès équitable au filet mondial de sécurité financière ;
  2. la création d’un espace budgétaire équitable ;
  3. des services publics et une protection sociale universels, notamment en alignant les objectifs minimaux de dépenses sociales des prêts du FMI sur les normes de l’OIT ;
  4. le plein emploi, le travail décent et une transition juste vers une économie « zéro carbone » ;
  5. des procédures destinées à empêcher que la formulation de politiques sur la conditionnalité des prêts alimente les inégalités et des trains de mesures destinées à aligner la conditionnalité des prêts du FMI sur les ODD.

 

 


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leo.baunach[@]ituc-csi.org